Tchad, la France complice de la dictature
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Tchad, la France complice de la dictature :: CHAD

Dans une lettre au président français, Emmanuel Macron, Éric Topona Mocnga, journaliste et citoyen tchadien résidant à Bonn, auteur de « Misère et grandeur de la liberté d’informer », souhaite que la France cesse d’être un soutien inconditionnel du dictateur tchadien, Idriss Déby Itno

« Monsieur le Président de la République,

Depuis la fin de l’année 2020, le régime trentenaire du Président tchadien sortant Idriss Deby Itno, candidat à un sixième mandat, a instauré un climat de violence et de terreur pour réduire au silence ses adversaires politiques et museler toutes les forces du progrès et de l’alternance démocratique. Les médias français et allemands, à l’instar de ceux d’Afrique et du monde entier, se sont largement fait l’écho de cette négation absolue de la libre expression démocratique et des canons classiques de l’État de droit ; et, à n’en pas douter, votre chancellerie diplomatique au Tchad aussi.

Cette dérive dictatoriale et autocratique, dont est coutumier le Président Idriss Deby Itno, s’est notamment traduite, entre autres, par les interdictions systématiques et abusives de manifester, les assignations à résidence illégales et la traque de ses adversaires politiques les plus redoutés, des interpellations et l’incarcération d’hommes de médias, des intimidations et des actes de harcèlement divers à l’endroit de certaines figures éminentes de la société civile.

Le point culminant de cette dérive tyrannique a été atteint ce dimanche 28 février 2021, lorsque le domicile de l’opposant Yaya Dillo Djerou, candidat déclaré à l’élection présidentielle du 11 avril 2021, a été quadrillé par des éléments de la Direction générale de service de sécurité des institutions de l’État (DGSSIE), faisant office de garde républicaine. Son domicile a été attaqué au char d’assaut, entraînant d’immenses dégâts matériels, mais surtout des pertes en vies humaines, dont la mère de l’ancien ministre Yaya Dillo Djerou.

Monsieur le Président de la République,

Ces voies de fait et ces exactions d’une telle gravité, à la veille d’une élection présidentielle qui se veut démocratique et populaire, sont tout aussi absurdes et intolérables qu’incongrues. 

Depuis l’accession au pouvoir du Maréchal Déby Itno, en 1990, alors que les Tchadiens croyaient avoir clos la séquence sombre de la dictature sanguinaire du régime du Président Hissène Habré, les disparitions inexpliquées et les assassinats d’opposants politiques demeurent légion au Tchad.

Moïse Nodji Ketté, président du Comité du sursaut national pour la paix et la démocratie (CSNPD) a été froidement abattu dans le sud du Tchad, le 6 septembre 2000.

Ibni Oumar Mahamat Saleh, secrétaire général du Parti pour les libertés et le développement (PLD), est porté disparu à l’issue de l’assaut rebelle sur N’Djamena, les 2 et 3 février 2008.

Brahim Selguet, un jeune militant de l’opposition a été abattu en mai 2001, devant le domicile de l’opposant Saleh Kebzabo.

Abbas Koty Yacoub, proche parent et compagnon d’armes du Président Idriss Deby Itno, a été abattu le 22 octobre 1993 à N’Djamena.

Ces assassinats ont été documentés par Amnesty International et d’autres ONG de défense des droits de l’homme, et sont, on peut le déplorer, restés sans suite.

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