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© Camer.be : Rev. Dr Joël Hervé BOUDJA
- 17 Jan 2021 11:06:26
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FRANCE :: PREDICATION DU DIMANCHE 17 JANVIER 2021 PAR LE REV. DR JOËL HERVE BOUDJA
Texte : Jean 1, 43-51 Qui est ce Jésus dont nous parle les Évangiles ?
Dès le commencement de son évangile, l’école johannique met en évidence que Jésus ne laisse pas indifférent, qu’il interpelle, questionne mais aussi trouble, étonne voire dérange et choque. Il y a là Philippe qui, dès sa rencontre avec Jésus, dès qu’il entend l’appel de Jésus, reconnaît en lui le Messie qu’Israël attend depuis plus de 700 ans. Il voit et reconnaît en Jésus de Nazareth le Christ, le Seigneur, le sauveur du monde.
Et dès lors que sa conviction est faite, il n’a plus qu’une seule envie : faire connaître à tout homme croisant sa route, qu’il a été rencontré par le Sauveur ; qu’il l’a vu et entendu ; qu’il a été touché par son appel et son invitation à le suivre. Il y a ensuite Nathanaël ; lui aussi attend le Messie qui sauvera Israël. Lui aussi cherche à voir les signes de la présence de Dieu dans la monde et pour cela, il prend le temps d’une lecture assidue des Ecritures. Probablement est-il même un maître, un rabbin vers lequel viennent des disciples pour apprendre à comprendre les Ecritures.
En effet, l’indication du figuier, laisse à penser que Nathanaël était un maître de la Loi, c’est à dire quelqu’un qui connaît parfaitement les Ecritures et dont le rôle est de transmettre cette connaissance à ses disciples. Fort de sa connaissance et de son assurance, il est sceptique et méfiant par rapport à tout ce qui sort du cadre établi et de l’ordinaire.
Il représente les sceptiques de tous les temps mais aussi ceux qui, à force de n’avoir qu’une vision des choses et de se cantonner à leur système de pensée ne sont plus capables d’accueillir une autre vérité que la leur ; Il représente ceux qui, à force de se contenter de la répétition machinale de la lecture des textes voire de la liturgie, ont de la peine à admettre qu’autre chose qui sorte de leur système de penser et de leur logique, soit possible, valable et mérite d’être rencontré, vu et entendu. D’ailleurs, il est assez intéressant de noter la douce ironie de Jésus lorsqu’il dit à Nathanaël : « Avant que Philippe t’appelle, quand tu étais sous le figuier, je t’ai vu ».
C’est Jésus qui reconnaît en premier celui qui pourtant le cherche dans les Écritures et qui est donc sensé le connaître par ces mêmes Écritures qu’il semble scruter et analyser quotidiennement. A croire qu’il n’y a effectivement pas de pire aveugle que celui qui ne veut pas voir, reconnaître et admettre la réalité et la vérité des choses. Philippe et Nathanaël ; Foi et scepticisme ; deux attitudes différentes face à la personne de Jésus. Deux attitudes qui sont souvent présentes en chacun de nous.
Nous sommes à la fois, Philippe et Nathanaël, face à ce Jésus dont nous parlent les Évangiles. En nous s’affrontent, la foi et le doute, la certitude intérieure et le scepticisme devant ce Jésus fils de Marie et de Joseph le charpentier de Nazareth. Qui est Jésus en vérité ? Un gourou ? Un imposteur ? Dieu devenu homme ? Est-il possible que lui, simple homme venu de Nazareth, soit le Messie ? Est-il possible que Dieu soit effectivement devenu homme ? Oui, qui est ce Jésus en vérité ? Nous avons besoin de connaître ; nous avons besoin de savoir.
Et c’est là qu’il est bon de revenir à Philippe ; celui qui a tout de suite reconnu dans l’appel de Jésus, l’appel du sauveur, non pas parce qu’il serait meilleur que Nathanaël qui lui se plonge assidûment dans les Écritures et la méditation de celles-ci, mais parce que – à mon sens - il a vraiment compris comment nous pouvions découvrir qui est vraiment ce Jésus.
Ce qui m’impressionne chez Philippe, c’est qu’à la question un peu provocante de Nathanaël, il ne cherche pas à répondre par de grands discours théologiques ou philosophiques pour prouver qu’il a raison. Il ne pense pas non plus à défendre l’honneur de Jésus que la remarque désobligeante de Nathanaël: « Peut-il venir quelque chose de bon de Nazareth ? », égratigne un peu. Philippe n’a qu’une réponse et elle est simple : « Viens et vois ! » Accepte de te lever et de te mettre en mouvement vers celui qui est le Messie, au lieu de te crisper sur tes connaissances.
Accepte de te laisser rencontrer par lui et ne te contente pas de ta logique d’homme rationnel et tu comprendras ! Philippe qui, avec son frère André, a été rencontré et interpellé par Jésus qui leur a dit ces mêmes paroles « venez et voyez », a compris une chose essentiel au sujet de la foi, à savoir que ce n’est que dans la rencontre personnelle avec Jésus, dans le dialogue entre un « Je » et un « Tu » qu’une certitude ainsi qu’un amour peuvent naître.
En acceptant de se mettre en route à la suite de Jésus et en acceptant de regarder au-delà des apparences, autrement dit, en ouvrant les yeux du cœur, Philippe a découvert qui était vraiment cet homme qui avait dit : « Venez et voyez ! » Si nous voulons découvrir le Christ Jésus, savoir qui il est en vérité, il n’y a qu’une chose à faire : c’est comme André et Philippe, comme Nathanaël, accepter de nous lever de nos scepticismes et de nos doutes, prendre le risque de quitter nos certitudes et nos idées toutes faites, pour aller à la rencontre de celui qui nous invite à venir à lui et à voir, au travers de sa vie, de ses paroles et de ses gestes, la présence de Dieu qui bouleverse et transforme l’ordre établi en dynamique de vie et d’amour ; qui nous révèle à nous-mêmes et nous ouvre à la réalité de notre être.
C’est l’expérience qu’ont fait ces premiers disciples : leur vie en a été bouleversée, transformée. Dans la rencontre avec le Christ Jésus, ils ont saisi que c’était Dieu lui-même qui venait à leur rencontre. Dans la présence de Jésus, ils ont senti une puissance de vie et une force d’amour qui ne pouvait être le fait d’un simple homme.
En acceptant de se mettre en mouvement et de venir vers Jésus pour voir qui il peut bien être, Nathanaël découvre qu’il est déjà connu et vu tel qu’il est en vérité, à savoir un homme en quête de sens et de vérité. Auprès de Jésus, il se découvre lui-même dans la profondeur de son être, par le regard positif et bienveillant que celui-ci pose sur lui.
Lui qui était plutôt critique, un brin méprisant, reçoit de ce Jésus, non pas des reproches et des remontrances, mais une parole qui l’accueille tel qu’il est et l’invite à oser faire un pas de plus. A lui qui attend le Messie, sans l’attendre vraiment, est donnée une promesse formidable : celle de pouvoir découvrir toujours davantage, dans la communion avec ce Jésus, la présence de Dieu à ses côtés (comme Jacob à qui Dieu assure, dans un songe, alors qu’il est en fuite, sa présence prévenante à chaque instant de sa vie.)
Et de cette rencontre aussi inattendue qu’imprévue, est née la foi : « Tu es le Fils de Dieu, c’est toi qui est le roi d’Israël ! » J’aimerais m’attarder encore quelques instant sur cette question : Mais qu’est-ce que la foi ? Ou plutôt, qu’est-ce que croire ? Croire, c’est, comme Philippe et Nathanaël accueillir dans la confiance cette mystérieuse proximité de Dieu en Jésus Christ dans notre vie.
C’est comme Nathanaël faire confiance, mettre sa foi dans le Seigneur plus que dans ses seules forces et sa seule intelligence et rationalité ; et c’est, comme lui, découvrir dans cette confiance dans le Christ, qui est Dieu pour nous, et de quel amour nous sommes aimés. Croire au Christ Jésus, c’est croire que Dieu accompagne notre vie à chaque instant.
Qu’il est la force qui nous porte et nous relève lorsque nous sommes à bout de nos forces ; qu’il est là et nous porte dans les temps de détresse et de maladie ; qu’il nous redonne confiance en nous-mêmes lorsque les autres ou nous-mêmes en arrivons à douter de nous ; qu’il ranime notre foi dans les temps de crise existentielle et spirituelle et tout particulièrement quand le goût et la force de vivre semblent vouloir nous quitter. Croire c’est, comme dans la parabole du fils prodigue, courir vers le Père et se jeter dans ses bras ; remettre entre ses mains notre présent et notre avenir et lui faire confiance quoi qu’il arrive. Croire c’est se laisser toucher par l’amour de Dieu et l’accueillir dans notre vie.
Et l’accueillir dans notre vie, c’est se laisser envoyer vers d’autres, comme Philippe, pour témoigner de l’amour de Dieu manifesté en Jésus Christ aux hommes.
Et témoigner de l’amour de Dieu, c’est, par notre attitude, nos paroles et nos actes, donner envie à d’autres de se lever de leurs préjugés et de leurs idées toutes faites pour se mettre en mouvement vers le Christ ; de « venir et voir » qui est réellement ce Jésus Christ qui nous fait vivre et nous donne la paix. Croire, c’est plus que vivre conformément au Christ et à l’Évangile ; c’est accueillir dans notre vie le don de Dieu : la force d’aimer de l’amour même du Christ qui accueille sans juger et encourage à faire un pas de plus sans contraindre, mais en rappelant cette promesse du Christ faite à Nathanaël, après sa confession de foi : « Tu verras des choses plus grandes encore ! » En matière de foi, tout se joue dans cette capacité de voir.
Croire, c’est apprendre à voir ! Mais comment et quoi ? Nous sentons bien qu’il n’est pas question ici de la vue ordinaire pour laquelle, selon le Petit Prince de Saint-Exupéry, l’essentiel est invisible. Il est question ici d’une autre « vue », de celle du cœur qui sait voir, au-delà des mots et des choses, au-delà des apparences et des idées toutes faites, la réalité et la gloire de Dieu, dans les événements tous ordinaires d’une vie d’homme.
Il est question ici de cette vision qui sait deviner et reconnaître la proximité de Dieu dans la main tendue, dans le regard offert, dans la parole qui accueille et qui encourage, dans l’attitude qui invite et respecte l’autre dans la vérité de son être. Nathanaël est venu et c’est cela qu’il a vu : un homme certes, Jésus, mais dont toute la personne, la parole et le geste, reflétaient cette réalité et cette gloire de Dieu dont parlaient les Écritures.
En lui, il a reconnu et vu cette présence d’amour et de vie de Dieu qui précède nos amours et notre vie. Parce qu’il était ouvert à la rencontre, il a été rencontré. Parce qu’il a accepté d’être vu, il a pu voir. Parce qu’il a accepté de recevoir une parole de vérité sur sa vie, il a pu reconnaître en Jésus le Messie et le confesser comme Fils de Dieu. « Viens et vois !» Tout se joue dans notre réponse à cette invitation, dans notre disponibilité à aller vers celui qui nous a précédé et vient à nous en Jésus le Christ. « Viens et vois ! » Nathanaël est venu, il a vu et a cru.
Et la fin de l’Évangile de Jean nous le signale comme faisant partie des 7 disciples auxquels Jésus se manifesta après sa résurrection. Nathanaël est venu, il a vu et a cru et est resté fidèle au Christ Jésus, malgré tout et jusqu’au bout.
En ce sens, je nous souhaite à tous d’être ou de devenir des « Nathanaël » dont le nom signifie « Dieu a donné », c’est à dire des hommes et des femmes qui acceptent et accueillent ce que Dieu veut leur donner en plénitude par le Christ Jésus, à savoir son amour et on pardon et une vie qui a du sens.
Amen.
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