Politique : le défi de la jeunesse
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L’ambition de la fonction présidentielle, ouverte à tout citoyen, semble biaisée au Cameroun chez certains du fait qu’ils servent le gouvernement en place. Challenger le président en fonction paraît être un crime de lèse-majesté qui oblige parfois la jeunesse à dénier toute capacité intrinsèque. 

L’échéance électorale pour la course à la présidence au Cameroun est dans 2 ans, prévue en octobre 2025, sauf anticipation. A cet effet, le ministre de la Santé publique Manaouda Malachie a signé le 17 mai 2023, au nom de la jeunesse de la région de l’Extrême nord, un appel à candidature de Paul Biya à l’élection présidentielle de 2025. Manaouda Malachie motive le choix de sa jeunesse :

« Relevant les immenses défis économiques auxquels fait face et que relève le Cameroun sous le leadership éclairé de Se Paul Biya, promoteur de la vision stratégique à l’horizon 2035 et bâtisseur infatigable de ce que le Cameroun offre de meilleur, portée par la Sagesse du chef de l’Etat, homme de paix et de consensus, véritable père de la nation, homme de devoir et de convictions, convaincue que Paul Biya est le gage de la stabilité et de la sécurité du pays, dans les villes et les villages, décidée à faire taire la désinformation et la manipulation autour de de l’avenir du Cameroun après 2025, pays serein et porté vers l‘avenir, unie et confiante dans son choix… » Autant de raisons qui poussent la Jeunesse de l’Extrême Nord à lever en plus les mains vers le ciel et demander que Dieu puisse donner davantage de force et de sagesse à Paul Biya pour continuer à présider aux destinées du Cameroun.

Insulte à la vieillesse

Manaouda Malachie, âgé de 50 ans, est ministre de la santé au Cameroun depuis le 4 janvier 2019. C’est lui qui demande à Paul Biya, âgé de 90 ans, de se porter une fois de plus candidat à la présidence de la république, après 40 ans de règne. Le  ministre de la santé d’un pays est celui qui s’assure du bien-être de tous les citoyens à tout à âge, ce sont les services de santé qui conseillent qu’à un certain âge l’être humain doit se retirer de toutes activités qui sollicitent le cerveau pour réfléchir et la force physique pour se mouvoir. Une note de santé consultable sur internet explique que même si on vieillit toujours mieux et on vit plus longtemps grâce aux différentes avancées médicales et une meilleure hygiène générale de ces dernières décennies, la « machine corporelle » souffre clairement avec l’âge de certaines défaillances. On en dénombre 12 au moins, donc celle du cœur et celle du cerveau. 

Pour le cœur, il est expliqué qu’avec l’âge, « le muscle cardiaque perd naturellement de sa force, ce qui mécaniquement réduit le pompage du sang. Avec l’accumulation de graisses, surtout dans les artères coronaires, le risque d’infarctus du myocarde est augmenté par rapport à des individus plus jeunes. La diminution du muscle cardiaque mène aussi à l’hypertension, une autre cause importante d’infarctus du myocarde, mais aussi d’AVC. À noter que la tendance à l’hypertrophie affecte plus les hommes que les femmes et que la pratique d’activités physiques régulières pourrait ralentir le processus. » 

Quant au cerveau, « le flux sanguin dans le cerveau diminue avec l’âge tout comme le nombre de cellules comme les neurones. À partir de 70 ans, il est par conséquent plus fréquent de souffrir de troubles de la mémoire. On sait aussi qu’avec le passage des années le risque de souffrir de la maladie d’Alzheimer augmente fortement. Parmi les signes les plus courants du déclin cérébral figurent la diminution de la vigilance, les troubles amnésiques et la perte de concentration. » 

Il s’agit là de la science de la santé, qui ne s’encombre pas des considérations politiques ou affectueuses, mais qui s’adresse au corps humain. Et dans un monde plein de défis, la santé est plus que nécessaire pour exercer certaines fonctions, et le ministre de la santé est mieux placé pour le savoir. A ce sujet d’ailleurs une question reste en suspens au Cameroun : s’il est exigé aux jeunes jusqu’à 35 ans un certificat médical pour faire des concours ; pourquoi ne l’exigerait-on pas aussi pour accéder à des fonctions plus absorbantes comme celle de président de la république, ministre ou directeur d’entreprises et d’établissements publiques.  

En France Emmanuel Macron a bien quitté un gouvernement pour se présenter comme candidat à la présidence de la république, avant lui François Hollande, Nicolas Sarkozy, Jacques Chirac et autres. Le train de l’alternance est définitivement lancé au Cameroun, et même le fils du président Franck Biya l’a compris, lui dont mouvement frankiste s’impose désormais partout même dans les fêtes nationales, avec l’ambition bien affichée de conquérir le pouvoir, c’est-à-dire remplacer son père, celui que d’autres s’obstinent à voir demeurer au pouvoir.

Déni de soi

Au-delà de l’aspect qui touche à la bonne santé, la sortie du ministre de la Santé remet au gout du jour la question de la capacité de la jeunesse à prendre la relève. S’estime-t-il incapable d’être président de la république aussi ? Emmanuel Macron est président de la République en France depuis l’âge de 40 ans et est à son deuxième mandat, Cabral Libi’i a été candidat à la présidence de la république au Cameroun à l’âge de 38 ans. Et au-delà des âges, un dicton laisse savoir qu’aux âmes bien nées la valeur n’attend point le nombre d’années. Mais l’attitude de certains membres du gouvernement camerounais est de nature à faire croire que quand on sert le président de la république on ne peut plus rien soi-même, on en devient la créature, on est vidé de toute substance intellectuelle.

Ce qui est de nature à tromper la jeunesse, que le président Paul Biya lui-même qualifie de fer de lance de la nation. La jeunesse est pourtant pleine de ressources, et des capacités à faire valoir, de toutes les positions, même du sein du gouvernement où devrait être cassé le mythe de l’allégeance. En France Emmanuel Macron a bien quitté un gouvernement pour se présenter comme candidat à la présidence de la république, avant lui François Hollande, Nicolas Sarkozy, Jacques Chirac et autres. Le train de l’alternance est définitivement lancé au Cameroun, et même le fils du président Franck Biya  l’a compris, lui dont mouvement frankiste s’impose désormais partout même dans les fêtes nationales, avec l’ambition bien affichée de conquérir le pouvoir, c’est-à-dire remplacer son père, celui que d’autres s’obstinent à voir demeurer au pouvoir.

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