Communication du LA’AKAM sur le génocide Bamiléké et la commission du président Macron
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Les survivants du génocide perpétré par la France sur les populations Bamiléké du Cameroun et leurs descendants apprécient l’effort fait par le président français Emmanuel Macron pour faire la lumière sur l’histoire franco-camerounaise des années de la lutte pour l’indépendance du Cameroun. C’est un premier pas qui arrive 60 ans trop tard, mais nous saluons tout de même ce regard tardif que la France fait sur elle-même dans le miroir de l’histoire. 

Nous tenons à rappeler au Président Français actuel que les travaux déjà menés par une équipe d’historiens et chercheurs affiliés au mouvement LA’AKAM, dont certains résultats importants ont été publiés il y’a plus de 10 ans, et qui se poursuivent, ont déjà établi de manière indiscutable les conclusions suivantes: 

- Malgré le déni par la France d’avoir mené une guerre au Cameroun, les pièces historiques à conviction prouvent le contraire. La France a bel et bien mené une guerre secrète au Cameroun et principalement en région Bamiléké, avec un but inavouable d’exterminer cette population jugée être un «caillou dans sa chaussure» tel qu’articulé par Le lieutenant-colonel Jean LAMBERTON, responsable des opérations militaires sur le terrain. 

- Nous affirmons que le génocide en région Bamiléké a été systématique pendant plus de 10 ans au regard des conclusions de nos travaux. Il s’agissait bien d’un crime de masse bien pensé et exécuté par l’état français à travers ses préposés français et vassaux camerounais cooptés pour la cause. Ce génocide est un fait marquant de notre histoire dont les séquelles liées au traumatisme de cette lourde période sont encore visibles sur notre peuple. 

Le passé criminel de la France au Cameroun est également dénoncé par certains acteurs français sur le terrain des opérations. En effet, dans un interview, le pilote Français Max BARDET missionné au Cameroun de 1962 à 1964, déclare: « les villages étaient bombardés, les hommes étaient achevés et les femmes, on les laissait mourir dans l’indifférence totale… il y avait une volonté d’effacer les traces de toutes personnes susceptibles d’être témoin de l’implication française. Si j’étais Camerounais, oui j’en voudrais à la France ». 

Dans ses mémoires, Michel DEBRE premier ministre français entre 1959 et 1962 dit: « Ahidjo me demande de maintenir les administrateurs français, soit ! mais cette décision est insuffisante, je décide alors d’entreprendre une véritable reconquête. Le ministre de l’armée me propose le général Briand, que je reçois et à qui je fixe sa mission. Afin de pacifier le pays bamiléké, il disposera de 5 bataillons, d’un escadron blindé et d’un escadron de chasseurs bombardiers (…). Le général Briand procède à une opération de nettoyage ». 
 
À nos frères et sœurs Bamiléké, LA’AKAM rappelle l’histoire de la France à travers le monde, transformant illégalement dans le cas du Cameroun, une charge de tutelle à elle confiée par la Société des Nations en une colonisation brutale de fait. Le bourreau ne pouvant écrire l‘histoire de sa victime pour sa victime, la France ferait mieux de s’appuyer sur le discours de son député Rene ROUQUET lors des débats portant sur le génocide Arménien le 26 mai 1998 au palais Bourbon qui insiste sur la nécessité de reconnaitre un génocide car nier son existence atteint directement les survivants et leurs descendants. Il établit qu’il est impossible d’entamer un processus de deuil sans que justice soit rendue et que les coupables soient punis, ou à tout le moins identifiés quand il est trop tard pour les sanctionner, le déni étant un assassinat de mémoire. 

Au peuple français au nom duquel ces crimes ont été commis souvent sans qu’il en soit informé, LA’AKAM renouvelle son amitié et celle du peuple Camerounais, et l’invite à exercer plus de regard et de vigilance sur les actions à l’étranger de ses élus. Nous invitons par ailleurs la France, si sa démarche d’ouverture des archives est véritablement sincère, à les mettre à la disposition de tous les chercheurs et historiens sans distinction, afin qu’ils finissent le travail déjà entamé. 
À travers ce communiqué, LA’AKAM souhaite rassurer le peuple Bamiléké dans son ensemble, et tous les sœurs et frères Camerounais de toutes les ethnies, de sa volonté et celle de ses amis de bonne volonté, de mener à bout ce combat contre le génocide de la mémoire en cours et faire toute la lumière sur la tragédie de notre peuple et de tout autre groupe ethnique Camerounais causé par l’armée Française. 

Les Français et les Camerounais doivent savoir la vérité. Toute la vérité. Rien que la vérité. Et les conséquences seront ce qu’elles seront. 

Fait à Washington le 24 mars 2023 
LA’AKAM, pour les victimes du génocide, les survivants et leurs descendants 

Ampliations : 
- ONU (Nations Unies) 
- Présidence de la République Française 
- Premier Ministère du Cameroun 
- Ambassade de France au Cameroun 
- Ambassade de France à Washington 
- UA (Union Africaine) 
- ONG Internationales

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