CAMEROUN : UNE REPRESSION SANGLANTE A HUIS CLOS
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CAMEROUN : UNE REPRESSION SANGLANTE A HUIS CLOS :: CAMEROON

Les manifestations contre la vie chère pendant la dernière semaine de février 2008 ont fait beaucoup de victimes. Pendant ces jours d’extrême douleur, on a pu dénombrer d’énormes exactions notamment le mercredi 27 février 2008. Au moment où on observait des échauffourées dans plusieurs autres quartiers de la ville de Douala, une répression violente marquera les esprits.

En effet, ce jour-là, des jeunes manifestants partent de Bonabéri pour aller présenter leurs doléances à Monsieur le gouverneur de la (province) du Littoral à Bonanjo. Ils sont alors plusieurs centaines qui vont être pris en tenailles sur le pont du Wouri, entre les lances à eau et les forces de l’ordre décidées à les empêcher d’arriver à leur destination. Dans la panique, de nombreux jeunes se jettent à l’eau sans savoir nager. Ils n’en remonteront jamais vivants.

Le film de cet événement dramatique et bien d’autres du genre se trouve dans le rapport de l’Observatoire national des droits de l’Homme intitulé « 25-29 février 2008, Cameroun une répression sanglante à huis clos, avec l’appui de l’Acte-Littoral et l’Acat-France ».

Après lecture de ce document qui accable sans détour l’armée et le gouvernement camerounais, comment comprendre que les institutions internationales, les grandes puissances occidentales, les organisations internationales de droits de l’Homme regardaient ailleurs pendant que le peuple camerounais, des civils manifestants les mains nues se faisaient tuer lâchement !

L’une des particularités des évènements qui se sont passés au Cameroun pendant cette dernière semaine du mois de février 2008, est le fait que ce drame n’a pas du tout ou alors très peu interpelé la communauté internationale contrairement aux réactions provoquées ailleurs, prenons un cas précis, la Guinée Conakry du putschiste Capitaine Moussa Dadis Camara.

On se souvient que le 28 septembre 2009, il y a eu une manifestation gigantesque de l’opposition à Conakry contre la volonté du chef de la junte de se maintenir au pouvoir par tous les moyens. La répression de cette manifestation a été sans ménagement, l’armée a ouvert le feu, de nombreux observateurs et membres des organisations de défense des droits de l’Homme font état ce jour-là d’au-moins 150 morts et de plus de 1200 blessés.

Le 14 octobre 2009, la même année donc, le procureur de la Cour pénale internationale (CPI) décide de procéder à « un examen préliminaire » de la situation en Guinée. Il faut noter que cette intervention de la CPI s’inscrivait dans une logique d’action concertée de la communauté internationale sur le cas de la junte au pouvoir à Conakry. Tout le monde voulait la tête du Capitaine Moussa Dadis Camara, l’union européenne a demandé des poursuites pour crime contre l’humanité contre les responsables guinéens au pouvoir. Dans la foulée, la France a suspendu son aide bilatérale et sa coopération militaire avec la Guinée, les Etats-Unis ont exigé la démission de la junte, le secrétaire général des nations unies, le tristement célèbre Ban Ki-moon a annoncé la création d’une commission d’enquête internationale chargée de faire la lumière et déterminer les responsables de ce carnage.

Tout ceci est bien dans la mesure où il fallait impérativement rendre justice aux victimes, ces différentes réactions étaient à la hauteur de cette répression mortelle. Ceci étant, je ne peux m’empêcher en tant que camerounais de chercher à comprendre la différence qu’il y a entre ce cas spécifique et le massacre des camerounais pendant les émeutes de la faim en fin février 2008. Mon incompréhension est encore plus grande quand je pense à l’inertie de la communauté internationale dans le cas de la crise qui secoue les zones anglophones du Cameroun depuis au moins 2017.

Depuis sa création, la CPI a déjà ouvert une procédure d’enquête préliminaire suite à des massacres dans plusieurs pays notamment en Colombie, Palestine, au Kenya et en côte d’Ivoire elle a même orchestré avec une certaine communauté internationale de façon grotesque une guerre civile pour déloger le président Laurent Gbagbo du pouvoir et le garder pendant 10 ans en prison, profitant d’une simple crise post-électorale.

A l’observation, il n’y a rien du genre concernant le Cameroun. Face à cette dure réalité, on est en droit de se demander pourquoi ladite communauté internationale ferme les yeux sur le cas du Cameroun ? Pourquoi elle adoube la dictature en cours au Cameroun ? Bien malin celui qui pourra avec des arguments convaincants répondre à cette question.

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