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© Camer.be : Rév. Dr Joël Hervé BOUDJA
- 12 Feb 2023 07:28:41
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FRANCE :: PREDICATION 2 DU DIMANCHE 12 FEVRIER 2023 Rév. Dr Joël Hervé BOUDJA
Textes : Deutéronome 30, 15-20 ; 1 Corinthiens 2, 6-10 ; Matthieu 5, 17-37
Il y a, quand même, de quoi être décontenancés lorsque nous affirmons souhaiter devenir les disciples du Christ. Au début de sa prédication sur la montagne, le Fils de Dieu commence avec ses merveilleuses béatitudes et il fait de nous des bienheureux. Ensuite, il nous rappelle que nous sommes le sel de la terre et la lumière du monde. Et voilà qu'aujourd'hui, après nous avoir encensés, il nous dit que tout cela a un prix. Être disciple de Jésus n'est donc pas une sinécure. Il a des exigences qui peuvent parfois nous paraître bien difficiles à réaliser tellement elles nous semblent à mille lieues de notre réalité.
Et si, l'extrait d'évangile que nous venons d'entendre était plutôt une invitation faite à chacune et chacun d'entre nous, de ne pas nous enfermer, comme ces scribes et pharisiens, dans la lettre de la loi mais plutôt de redécouvrir l'esprit de celle-ci. Le Christ ne rejette pas un iota de cette loi mais il nous convie à prendre de la hauteur, à ne pas nous satisfaire d'un simple règlement à suivre.
La loi est toujours au service de l'être humain. Elle est faite pour régir les rapports entre nous car nous n'arrivons pas toujours à vivre à la hauteur des exigences de Dieu. Nous pourrions avoir le sentiment d'être de bons chrétiens car nous suivons scrupuleusement les lois. Toutefois, s'il n'y a pas d'amour dans les actes que nous posons même si ceux-ci respectent la règle, nous sommes face à un sérieux problème de vie.
« Je ne suis pas venu abolir la loi mais bien l'accomplir », nous dit Jésus ce matin, mais qu'est-ce à dire. N'y-a-t-il pas une contradiction dans les propos de Jésus. En quoi vient-il accomplir la loi, alors que ce qu'il demande semble aller bien au-delà de ce que les juifs devaient vivre pour respecter la loi ancienne. Comme si la loi nouvelle de Jésus était beaucoup plus exigeante que la loi de Moïse. Il y a une différence entre la loi de l'Ancien Testament et la loi nouvelle proposée par Jésus. La loi ancienne se vit par devoir, la loi nouvelle se vit par amour.
En accomplissant la loi, le Christ libère ses disciples de la loi c'est-à-dire qu'il l'inscrit à jamais au fond des cœurs. Le Christ inscrit la loi au fond des cœurs, parce qu'il dit à ses disciples que ce qu'ils faisaient auparavant par respect de la loi, c'est-à-dire par devoir, par soumission, tristement, ils le feront dorénavant par amour, c'est-à-dire librement.
Par exemple : le respect de la vie était, dans la loi de Moïse, une contrainte, un impératif, un commandement : « Tu ne tueras point ». Cette loi devient, dans la bouche de Jésus, l'affirmation joyeuse de l'amour de l'autre, le respect de sa liberté, de la justice... « Vis, heureux es-tu ». Un peu comme dans cette formule de saint Augustin : « aime et fais ce que tu veux ».
Si tu vis dans l'amour et par l'amour, tu n'as que faire des lois puisque tu aimes. L'amour devient ainsi la valeur par excellence. En effet, lorsqu'une vie est fondée sur des valeurs, elle s'enrichit et grandit. Les valeurs ouvrent le chemin de la tolérance, de la rencontre et du respect de la différence, même lorsque nous ne la comprenons pas. Il y a alors lieu de refuser les principes, ces derniers sont signes de mort et tuent la relation. Immanquablement, ils conduisent à l'intolérance et ils enferment l'être humain dans sa prison intérieure. Tristes principes que nous utilisons bien souvent, mais en fait pour nous protéger de nos propres angoisses. Tandis que ces valeurs qui nous habitent et font notre richesse sont portés par cette vertu qu'est l'amour de l'autre au nom de l'amour du Tout Autre. Et là, c'est la vie qui jaillit en vous et autour de vous.
Ceci revient à dire que nous pourrions appeler « principe » tout ce que nous faisons par devoir et « valeur », tout ce que nous faisons par désir et/ ou par amour. C'est pourquoi les valeurs nous libèrent des principes. Quelle mère nourrit son enfant par devoir, par principe ? On ne le fait pas par devoir mais par amour. L'amour y suffit et vaut mieux.
D'ailleurs, tant qu'il y a de l'amour, tant qu'il y a du désir, nous n'avons pas besoin de devoir. L'amour libère des principes, l'amour libère de la loi. En nous disant qu'il est venu accomplir et non abolir, Jésus tente de nous montrer que la loi et l'amour ne s'opposent pas, mais sont deux moments dans un même processus : on commence par se soumettre à la loi puis on comprend qu'il est encore mieux de faire par amour ce qu'on nous a appris à faire par devoir.
La loi et l'amour sont donc deux choses différentes mais pas opposées au sens où on devrait choisir entre les deux. La vérité, c'est que nous avons besoin des deux : quand l'amour est là, on n'a plus besoin de loi : nous n'avons besoin de loi que faute d'amour. C'est bien pourquoi nous avons hélas aujourd'hui encore terriblement besoin de lois parce que le plus souvent l'amour n'est pas là, le plus souvent l'amour brille par son absence. Un peu comme si Jésus nous disait ce matin, dans toutes les situations où nous ne sommes pas capables de vivre à la hauteur de l'amour, c'est-à-dire à suivre le Nouveau Testament, il nous reste à respecter au moins l'Ancien Testament, c'est-à-dire à nous soumettre à la loi.
L'abolition de la loi conduit immanquablement à l'anarchie, au drame. Par contre, l'accomplissement de la loi conduit à l'amour inscrit dans le cœur de chacune et chacun. Principes ou valeurs ? Loi ou amour ? A nous de choisir ce qui conduit à la vie, mais à une vie en abondance.
Frères et sœurs dans le Seigneur,
Aujourd'hui encore, il peut nous arriver de nous contenter de l'un ou l'autre précepte au sens strict. Prenons l'exemple suivant : la fidélité. Pour beaucoup de nos contemporains, la fidélité est comprise en un sens restreint, c'est-à-dire qu'elle se concentre en sa dimension corporelle. Me revient en mémoire cette histoire où un enfant demande, à son papa, au cours d'un dîner familial, s'il a toujours été fidèle à son épouse. Le père réfléchit quelques instants et il répond ceci : « fils, j'ai toujours essayé d'être fidèle à ta maman mais par deux fois, je ne l'ai pas été ».
L'épouse s'étonne d'une telle déclaration et s'inquiète des propos tenus : « comment oses-tu dire que tu m'as été infidèle et en plus, devant nos enfants ? » « Si, rétorque le mari, j'insiste. Depuis que nous nous connaissons, je t'ai été infidèle deux fois : la première, c'est lorsque tu m'as dit que tu souhaitais reprendre le travail car les enfants étaient assez grands et que je t'ai dit que je voulais que tu restes à la maison. Je t'ai été infidèle car je n'ai pas été capable de respecter ton projet de vie. Et la deuxième fois, c'est lors de ce fameux dîner où des gens ont eu des propos désagréables à ton égard et que je ne t'ai pas défendue. Là, aussi, j'ai été infidèle à toi, à notre projet de couple ».
L'infidélité ne peut donc se réduire à un simple acte. La fidélité est une éthique de vie. Et c'est en ce sens que le Fils de Dieu nous demande de prendre de la hauteur. Ne nous contentons pas de simplement suivre les prescrits de la loi tout en croyant qu'en agissant de la sorte, nous sommes des êtres justes et justifiés. Non, vivons ces prescrits mais inscrivons-les dans quelque chose de plus grand, de plus beau, qui est le projet de Dieu pour son humanité. Tel est le sens de l'accomplissement de la loi. « Je ne suis pas venu abolir la loi mais l'accomplir », nous dit Jésus. Et il l'accomplit d'une manière toute spécifique : en l'inscrivant dans le cœur.
L'accomplissement de toute loi, l'accomplissement de toute règle prend sa source et se réalise dans le cœur de tout un chacun. A première vue, certaines lois peuvent nous paraître dures, impossibles à réaliser. Prenons de la hauteur pour retrouver le projet divin et inscrivons cette loi dans l'amour.
Inscrire une loi dans l'amour, c'est tout simplement prendre conscience que parfois nous ne serons pas à même de vivre à la hauteur de telle ou telle exigence. Ne nous morfondons pas, ne culpabilisons pas. Puisque la loi est inscrite dans l'amour, nous sommes invités à toujours poser un regard de douceur, de tendresse, de compassion, de miséricorde vis-à-vis de celles et ceux qui n'arrivent pas à suivre certains prescrits de la loi. Ne jugeons pas. Ne condamnons pas. Inscrite dans l'amour, toute loi ne peut se lire et se vivre qu'à la lumière de la miséricorde. Que cette dernière soit au cœur de nos vies pour que nous puissions toujours accompagner et soutenir celles et ceux qui vivent l'échec de la loi. La miséricorde n'est-elle pas le parfum de l'amour ?
Amen
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