Intervention du Pr. Bertin Léopold KOUYEP, Directeur de l’École Supérieure de  Commerce et de Gestio
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MAROC :: Intervention du Pr. Bertin Léopold KOUYEP, Directeur de l’École Supérieure de Commerce et de Gestio :: MOROCCO

RAMSESS
Réseau Africain pour la Mobilité Scientifique des Etudiants Sud-Sud


TABLE RONDE, mercredi 18 janvier 2023


Intervention du Pr. Bertin Léopold KOUYEP, Directeur de l’École Supérieure de Commerce et de Gestion, Yaoundé, Cameroun.


THEME GÉNÉRAL : « LA COOPÉRATION SCIENTIFIQUE PANAFRICAINE AU SERVICE DU DEVELOPPEMENT DU CONTINENT »


Thème du communicant : « collaboration interuniversitaire sud-sud, mobilités transversales et développement de l’Afrique résiliente. »


Excellence M. l’Ambassadeur du Togo du Maroc
M. le Consul Général de l’Union des Comores à Laayoune
Mesdames la Directrice de la Coopération représentant le ministre de l’Enseignement 
Supérieure du Maroc.
Monsieur le Président de l’Université Privée de Fès
Mesdames et messieurs les chefs des institutions universitaires,
Mesdames et messieurs les Directeurs des universités et d’écoles supérieurs et 
d’entreprises,
Chers pairs issus des communautés pédagogiques et scientifiques, ainsi que des sociétés savantes et des milieux professionnels qui nous accompagnent,
Je vous souhaite la bienvenue dans cette majestueuse salle de l’UPF ville millénaire, accueillant un si grand événement dont la portée pour le développement de l’Afrique est sans pareil.


Je commencerai mon exposé par cette parole de KWAME NKRUMAH en 1963 : « l’unification est la seule voie permettant un véritable développement de l’Afrique dans l’intérêt de tous les peuples qui la composent ». Cette savoureuse interpellation au combien nostalgique est le socle, sinon, la pierre angulaire de la coopération scientifique panafricaine pour le développement de l’Afrique. Nous y sommes ! 

Certainement, une activité pionnière d’envergure comme celle-ci, part d’un consensus sur la nécessité de mutualiser les idées, les efforts et les forces pour agir-juste, efficace et durable. Cela ne peut pas se faire sans des conditions ou exigences préalables. Cela dit, si nous voulons bénéficier pleinement des abondantes ressources de l’Afrique, nous devons nous unir pour organiser notre parfaite défense et l’exploitation systématique de notre potentiel matériel et humain, dans l’intérêt de tous nos peuples. « Faire cavalier seul » serait limiter notre horizon, ruiner d’avance nos espoirs et compromettre notre 
liberté. Il est peut-être redondant de le dire, il semble que c’est du « déjà entendu », mais, il est claire que l’écoute n’est pas active et donc, la répétition et l’interpellation nécessaire. D’où le grand mérite du RAMSESS. Et je dirai encore, nous y sommes !
Permettez-moi, mesdames et messieurs, de prononcer cette sonnette retentissante de Sa Majesté Mohammed VI que Dieu l’Assiste, à l’Union Africaine : « Il est temps que les richesses de l’Afrique profitent aux Africains ». Faut-il la commenter ? Hors que non ! 


Son éloquence légendaire, tirée du sens de Boileau assimile clarté, précision et action dans le verbe. Sa Majesté, chantre de l’investissement prioritaire dans les ressources humaines a développé une mutualisation fécondante de ce qui convient d’appeler à juste titre et avec fierté, le système universitaire marocain, envié par plusieurs pays. Bien plus, cette mutualisation s’est répandue en Afrique subsaharienne à travers plusieurs conventions de coopération auxquelles a souscrit l’École Supérieure de Commerce et de Gestion de Yaoundé que je dirige. Les universités des États du Sud devraient davantage 
collaborer ainsi pour parvenir à construire une Afrique résiliente capable de faire face à ses difficultés aussi bien internes qu’externes et, d’en sortir plus forte et réinventée.


Collaborer est donc la solution ! Ceci étant, peut-on prétendre que depuis l’avènement des universités en Afrique celles-ci ne collaborent pas ou alors celles-ci n’ont jamais collaboré entre elles pour la construction d’une Afrique résiliente ? Depuis déjà plus d’une décennie, nous notons la multiplication des rencontres scientifiques entre chercheurs des universités africaines grâce à l’organisation des colloques scientifiques et à la publication d’articles scientifiques au sein des revues scientifiques créées dans lesdites universités notamment camerounaise, marocaine, sénégalaise, Ghanéenne, 
nigérienne, Sud-africaine et éthiopienne. Si de tels espaces d’échanges scientifiques existent entre les universités africaines, pourquoi avons-nous toujours l’impression que la coopération interuniversitaire Sud-Sud est à repenser ? Selon le guide pratique du travail collaboratif (Brest, 2009), travailler en collaboration implique un engagement mutuel des acteurs dans un effort coordonné pour accomplir une même tâche et/ou atteindre un même objectif.

Dans ce cas, quelles sont les déterminants de la construction d’une collaboration interuniversitaire Sud-Sud gage du développement d’une Afrique 
résiliente ? Autrement dit, en quoi les mobilités transversales dans la collaboration interuniversitaire Sud-Sud sont les gages de la construction d’une Afrique résiliente ? Il est question pour la suite, dans le cadre de cet espace qui s’inscrit dans une logique panafricaniste de présenter les enjeux des mobilités transversales dans la collaboration interuniversitaire Sud-Sud pour une Afrique qui s’adapte aux crises. 


En 1966, Amical Cabral, dans sa vision de lutte pour l’autonomie et le développement des compétences africaines, faisait savoir que « Les enfants sont la raison de notre lutte ». Il faisait allusion aux générations actuelles, pour ne pas dire futures. Cela 
implique la prise en compte de la mobilité transversale. Le phénomène de la mobilité transversale s’est accentué avec la crise du covid-19, marquée au sein des entreprises par la migration de certains employés vers des postes de travail différents de leur ormation de base, à l’exemple du personnel des centres hospitaliers. Dans le contexte de la collaboration entre universités africaines pour la construction d’une Afrique résiliente, les mobilités transversales se traduisent par la mise en place d’un espace scientifique dans lequel les chercheurs africains de disciplines différentes se mettraient ensemble pour résoudre un même problème. Il ne serait donc plus question de penser le développement de l’Afrique de façon dispersée et/ou en menant des recherches 
scientifiques isolées des autres disciplines. La transversalité fait alors apparaître un lien entre les disciplines. Ainsi, les chercheurs des sciences de gestion peuvent collaborer avec ceux des sciences économiques, des sciences technologiques (intelligence artificielle) et des sciences biomédicales. A titre illustratif, pendant la période covid-19, nous avons observé au sein des organisations une gestion des employés par les compétences fusionnées, à la mise en place des stratégies de télétravail et des plateformes numériques pour, d’une part limiter les contaminations et d’autre part permettre la continuité des activités socioprofessionnelles et économiques. On a également noté l’émergence des rencontres scientifiques interdisciplinaires dans la communauté universitaire africaine, à l’exemple du colloque scientifique dénommé « Dialogue international multidisciplinaire » organisé à Dakhla au Maroc en Mars 2022 ; 
la rédaction d’ouvrages collectifs à l’instar de « Africa Positif Impact - Agir pour un meilleur impact sociétal » paru en mai 2020, qui a connu la contribution de plusieurs chercheurs de disciplines diverses qui se sont prononcés sur la nécessité pour les africains de fédérer leurs efforts pour permettre à l’Afrique de se réinventer. Toutefois, la réussite d’une telle mobilité dans la collaboration interuniversitaire Sud-Sud afin de maturer la capacité de résiliente continentale, nécessite des efforts humain et financier des parties engagées.Les efforts humains dans la collaboration entre universités africaines par le biais de la 
mobilité transversale font appel à la capacité intellectuelle des chercheurs d’universités du Sud de développer des programmes qui permettent leur immersion dans les champs disciplinaires différents des leurs, afin de faciliter la compréhension et/ou de donner la possibilité de cerner le contexte de recherche des chercheurs d’autres disciplines. Ces programmes vont favoriser d’une part les mouvements de va-et-vient entre les 
disciplines et d’autre part une appréhension plus globale de l’impact et/ou de l’apport d’une recherche scientifique dans le développement durable de l’Afrique. 

Mesdames et messieurs, des efforts financiers doivent, en outre, être consentis pour pouvoir répondre aux difficultés liées à l’isolement des chercheurs, aux manques de documentation et d’équipements très souvent insuffisants, voire dérisoires. Des apports financiers pour la formation des formateurs sur la méthodologie de recherche s’inscrivant à la croisée des disciplines, l’organisation des colloques multidisciplinaires, la cotutelle des thèses sont quelques pistes pour booster la stratégie collaborative que nous proposons. La constitution de réseaux régionaux dans les pays du Sud permettant 
d’impulser la dynamique des mobilités transversales pour des recherches scientifiques interdisciplinaires à impact sociétal pour contribuera efficacement à la construction d’une Afrique résiliente. 


Mesdames et messieurs, chers représentants des gouvernements présents et estimés collègues, je me suis présenté ici en prenant le risque de m’inscrire dans une logique répétitive de la traditionnelle « l’union fait la force », mais il s’agit, pour conclure, d’une union particulière, originale, efficiente et innovante, parce que fondée sur la transversalité que nous semblons éviter, pourtant caractéristique de l’ADN de l’Afrique solidaire, la terre des ingéniosités. La collaboration interuniversitaire Sud-Sud à travers les mobilités transversales peut bien contribuer de façon non-négligeable au développement d’une Afrique résiliente. Toutefois, l’émergence d’une telle Afrique passera par l’apport juste et la volonté des dirigeants africains à doter les universités de 
moyens conséquents devant permettre d’entretenir les partenariats interuniversitaires des États du Sud. Ces Etats doivent éviter de faire pencher les charges d’une telle collaboration d’un seul côté comme très souvent observé dans les coopérations interuniversitaires Nord – Sud. Ainsi, si une telle collaboration est adoptée, que pourrait être le style de gouvernance à préconiser au sein de chaque système universitaire des pays en développement pour garantir l’effectivité et la durabilité des mobilités transversales entre les universités desdits Etats, gage d’une Afrique résiliente ?


Permettez-moi de sortir, chers illustres invités, par cette autre puissante interpellation véhiculée par Amical Cabral : « les intellectuelles africains doivent se sacrifier pour le développement du continent ». À tout bon entendeur !


Merci pour votre circonspecte attention

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