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© Guy Modeste DZUDIE(JADE) : Avec
- 26 Oct 2022 09:08:30
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CAMEROUN :: Accès aux informations administratives: Pas de traduction en anglais pour les déplacés internes :: CAMEROON
Ecoles, lycées, hôpitaux publics de l’Ouest font très peu d’efforts pour permettre aux usagers de la langue anglaise d’avoir accès aux informations concernant les services sociaux de base.
En ce mois d’octobre 2022, période de rentrée académique dans les Instituts privés de l’enseignement supérieur, le ciel de Bafoussam, chef-lieu de la région de l’Ouest, est noirci par des banderoles qui présentent les offres de formation disponibles dans les structures de la place. Sur près de 40 banderoles moins de 05 affichent des messages en anglais et en français, même celles qui offrent des opportunités de formation Higher National diploma(Hnd), un diplôme du système anglophone équivalent au Brevet de technicien supérieur(Bts). Un manque d’informations fiables en langue anglaise concernant les filières disponibles et qui retarde les ardeurs de certains parents ou étudiants déplacés internes de la crise anglophone. Ils se sentent déboussolés pour l’orientation post-étude secondaire de leur progéniture ayant suivi une formation d’enseignement secondaire dans le sous-système anglophone. «Je me suis trouvée obliger d’aller à l’Université de Dschang pour apprendre le droit. La majorité des cours y sont donnés en anglais. Mes parents et moi, n’avions pas pu avoir la bonne information sur les opportunités de formation professionnelle ici à Bafoussam. Toutes les affiches et messages publicitaires dans les rues comme à la radio sont en français. Ce n’est pas tout le monde qui comprend le français…. », explique Thérèse, une étudiante de 22 ans. Kelly, 24 ans, diplômée du sous-système anglophone, partage cette frustration.
Même les moyens de communication mis en œuvre par les établissements d’enseignement secondaire ne remplissent toujours pas les conditions de bilinguisme et de multiculturalisme.
« Je ne suis pas obligée de m’exprimer en anglais »
Déplacé interne de la crise anglophone, Jordan N. s’est rendu, ce mercredi 05 octobre 2022, dans un collège privé de la ville de Bafoussam pour obtenir des renseignements sur les modalités d’inscription en Upper cycle (Terminale anglophone). Sur place, il a été confronté à une grosse difficulté : l’impossibilité pour la secrétaire du service d’accueil de lui fournir des informations en anglais. C’est avec beaucoup de peine qu’il a pu s’informer grâce à un prospectus rédigé en français. La secrétaire a pointé l’espace réservé aux frais de scolarité pour la classe demandée en disant : «C’est ici ! ». Pour masquer sa gêne, le jeune homme s’est senti obligé de sourire. « Notre établissement est bilingue. Mais, je ne suis pas obligée de m’exprimer en anglais. Je parle en français pour renseigner les usagers. Ils doivent aussi faire l’effort de comprendre ce qui est dit en français », affirme la secrétaire. Dans les autres établissements scolaires de la ville de Bafoussam, à l’instar du lycée bilingue de cette ville, tous les membres en service dans les secrétariats et les services d’inscription, en cette période de rentrée scolaire, sont d’expression francophone. Ndi Ingatus, technicien en bâtiment en service à Bangangté et déplacé interne de la crise anglophone a formulé la même plainte au sujet des billets de voyage produits par les compagnies de transports opérant dans la région de l’Ouest. « Regardez ce billet de transport. Il ne contient aucune mention en anglais. C’est un contrat entre le transporteur et le passager. Que doit comprendre le passager d’expression anglaise à qui on vend ce billet ? Au niveau de la ville de Bangangté, très peu de délégations départementales des ministères ont des plaques traduites en anglais. La délégation de l’agriculture et du développement rural est un exemple palpable. Cela traduit une réelle marginalisation des anglophones dans ce pays », dénonce-t-il.
La situation est encore plus compliquée dans les formations sanitaires publiques. Au niveau du service d’accueil de l’hôpital du district de Bangangté, aucune disposition n’a été prise pour faciliter l’accès à l’information pour les patients d’expression anglaise. Dans les hôpitaux publics du département des Bamboutos, de la Ménoua, du Haut- Nkam et du Noun, rien n’a été fait pour permettre aux patients d’expression anglaise, notamment des déplacés internes, de recevoir des informations sur la disponibilité des services sanitaires. Les renseignements indiquant les principaux services sont exclusivement en français. Responsable adjoint du Centre pour la promotion du droit(Ceprod) dans la région de l’Ouest, TIETCHE Mama dénonce cette situation. Pour ce militant, le droit à l’information est un droit humain. « Un être humain peut mourir juste parce qu’il n’a pas eu accès à une information sur un hôpital ou un service de santé qui pouvait lui fournir des soins pour rétablir sa santé », tranche-t-il. Tietche Mama, qui rappelle que le droit à la santé est sacré, estime que l’Etat du Cameroun n’est pas suffisamment engagé à respecter l’obligation de promouvoir l’accès à l’information en amenant les organes publics, les organes privés concernés et autres organes privés d’être tenus de diffuser par voie d’affichage ou autres procédés, de conserver et gérer leurs données sous une forme et d’une manière qui favorisent le droit d’accès à l’information. Ce militant affirme que la Déclaration de principes sur la liberté d’expression et l’accès à l’information en Afrique a été violée. Car le principe 29 dudit texte impose la divulgation proactive de certaines informations usuelles. Autrement dit d’anticiper les attentes des usagers « . Les organismes publics et les organismes privés concernés sont tenus, même en l’absence d’une demande précise, de publier de manière proactive les informations d’intérêt public, notamment celles relatives à leurs fonctions, pouvoirs, structures, responsables, décisions, budgets, dépenses et autres informations se rapportant à leurs activités. » Les établissements d’enseignement privé qui reçoivent des subventions de l’Etat, car exerçant une mission de service public à travers leurs activités pédagogiques, sont aussi interpellés. Le point du principe cité plus haut exige : « Le principe de la divulgation proactive par des organismes privés concernés s’applique aux activités pour lesquelles des fonds publics sont utilisés ou des fonctions ou services publics sont exécutés. 3. Les informations soumises à une obligation de divulgation proactive sont diffusées par tous les moyens disponibles, y compris les technologies numériques. Plus précisément, les États publient les informations de manière proactive, conformément aux principes internationalement reconnus de la liberté d’accès aux données. »
Faciliter l'accueil des malades d'expression anglaise
Le délégué régional de la santé publique de l'ouest par la voix de son directeur de cabinet rencontré ce mardi 11 octobre 2022 par Journalistes en Afrique pour le développement (Jade), déplore cette situation et annonce des actions auprès des responsables des formations sanitaires pour faciliter l'accueil des malades d'expression anglaise. Des plaques signalétiques bilingues et la constitution d’équipes bilingues aux urgences et à l'accueil des hôpitaux publics sont envisageables à l'ouest. Au niveau des délégations régionales éducation de base et des mines, les délégués sont engagés à rectifier le tir. La commission nationale pour la promotion du bilinguisme et du multiculturalisme (CNPBM) a échangé avec les autorités administratives, les leaders religieux, politiques et de la société civile, mais aussi les acteurs du monde de la presse de la ville de Douala du 02 au 07 octobre dernier. Ama Tutu Muna, membre de la Commission nationale pour la promotion du bilinguisme et du multiculturalisme a souligné que l’objectif est de trouver des solutions et des mots justes pour sensibiliser le public à travers la nouvelle campagne de communication pour promouvoir le bilinguisme et le multiculturalisme au Cameroun.
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