Aphrodisiaques : La vente à la criée
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Comment les excitants naturels en poudre ou en écorce ont le vent en poupe et envahissent le marché de Yaoundé.

Quand on te parle, tu dis, je maîtrise ! Ce n’est pas la plaisanterie et arrête de te faire tromper au quartier par ta chérie ou ta femme. Une minute là, ne peut pas la satisfaire. Il n’est pas encore tard. Voici le Poutoulou, pour sauver ta chefferie, il suffit juste de deux pincées pour que tu reprennes le commandement », scande dans un mégaphone, un commerçant ambulant d’aphrodisiaques.

Le « Poutoulou », est donc la nouvelle coqueluche des aphrodisiaques traditionnels du moment. L’objectif de ce procureur de « sensations fortes » est simple : rendre plus homme et être plus performant au lit. Un produit miracle pour tous ceux qui rêvent d’appartenir à la fédération des « Faf » entendez « forts aux fesses ». On a affaire à une poudre issue d’une écorce en provenance de l’Est de la République démocratique du Congo, dans le village d’Ankoro situé dans la province du Katanga. Elle aiderait donc à contrôler l’orgasme masculin, tout comme elle contribuerait à diminuer la sensibilité pour faire durer l’acte sexuel le plus longtemps possible, environ 02 à 03 heures.

Verges

Grâce à ses vertus, l’écorce classée dans la famille des produits libidineux du moment est venue ravir la vedette à ses « congénères » tels « bois bandé », « zizi fort », « force de frappe », « démarreur », « sexe bio », « kan kan », « lever-lever », « Bazouka » et « Mont Cameroun ». Des stimulants de l’appétit sexuel à diverses origines, elles proviendraient majoritairement du département du Noun dans la région de l’Ouest.

« Elles nous ont été léguées par nos frères du Nord Cameroun de passage chez nous », confie Ismaël un vendeur de ces produits. Les vendeurs précisent avoir des parents au village qui leur envoient ces écorces. Tout à côté, on a celles issues du département de l’Océan dans la région du Sud, celles de l’Est Cameroun et même du Nord-Ouest qui non seulement s’achètent à tous les coins, mais aussi à tous les prix. Il faut mentionner que seule leur description suffit pour rendre leur virilité aux plus « inaptes » des hommes.

Ce 23 août est un jour comme tous les autres pour Ismaël. Comme ses autres voisins de comptoirs, il a installé sa marchandise aux premières heures de la journée, le long du « secteur zizi fort ». C’est le nom qu’ils ont attribué à ce couloir non loin de la Poste centrale à Yaoundé qui leur sert de repère. Un nom qui renseigne sur le type de marchandises qu’on y retrouve. Pas besoin de réfléchir longuement, car de nombreux verges sculptées en bois et posées à même le sol attirent l’attention du passant. Fièrement dressées tels des pics, l’aspect de ces verges aux dimensions aussi impressionnantes qu’ahurissantes, a tout pour faire pâlir de jalousie même les hommes les plus « membrés ».

Les femmes pour leur part ne sont pas très indifférentes, on les voit y passer en lançant furtivement un coup d’œil et le sourire en coin. Ces sexes masculins sont justes placés non loin des sacs et plastiques contenant des poudres aux couleurs verdâtres, jaunâtres, rougeâtres et blanchâtres dont l’appellation n’est pas aisée pour les non habitués. Elles sont d’ailleurs échantillonnées dans des bouteilles d’eau minérale. En dehors de ces commerçants ayant un point fixe, il y a aussi des ambulants qui arpentent carrefours, marchés, bars et même lieux de recueillement pour proposer leurs produits. Ces « docteurs », d’un autre genre ont également investi les chaînes du câble ou leur publicité passent en boucle. La majorité d’entre eux a fini par s’établir une notoriété. 

Faiblesse sexuelle

Dans cet univers où le plaisir sexuel est la chose la mieux partagée, on y retrouve des produits dont les vendeurs arguent, augmenter la taille et la grosseur du pénis, résoudre les problèmes de faiblesse sexuelle, d’éjaculation précoce, d’érection faible, d’érection molle, de la reprise lente et renforcer la résistance et la puissance de son utilisateur. Les prix ici varient de 500 à 10 000 Fcfa. La différence résidant sur le produit demandé et sur l’apparence physique du client. « Il y a deux à trois ans, ce marché ne passait pas.

Nos clients se comptaient au bout des doigts. Actuellement, les choses se passent plutôt bien pour nous », témoigne Abdelaziz qui dit réaliser des recettes oscillant entre 50 et 70 000 Fcfa par semaine. Pour corroborer ces propos, son voisin de comptoir, Mohammed, confie qu’il y a des jours où la recette avoisine la somme de 100 000 Fcfa ». Avec des clients dans de nombreuses villes du pays et même au-delà des frontières, la demande serait donc forte. La conséquence immédiate étant la rupture de stocks enregistrée de temps en temps. Les consommateurs de ces produits, selon ces commerçants, auraient un âge compris entre 16 et 45 ans. « Parfois aussi, nous avons des enfants de près de 10 ans qui viennent chercher nos écorces. Nous ignorons s’ils le font pour leurs ainés, mais nous les comptons aussi parmi nos clients. »

Ces produits s’achèteraient donc comme de petits pains aussi bien par des hommes que par des femmes. Sauf qu’il est difficile d’obtenir le témoignage d’un client, puisque ces aphrodisiaques sont vendus dans la plus grande discrétion. Le manège est déjà bien connu dans presque tous les points de vente. Le client passe et repasse devant un comptoir, en faisant des gestes au commerçant. Certains consommateurs préfèrent envoyer leur chauffeur faire la course ou passent la commande pour des livraisons à domicile.

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