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© Correspondance : Palabre Intellectuelle
- 17 Jun 2022 07:17:13
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AFRIQUE :: Être et ne pas être : c’est "N’être" de Charline Effah :: AFRICA
N’être. Le mot peut se comprendre comme la forme diminutive de « ne pas être ». Cependant, à la diction, il peut s’entendre à l’ouïe comme « naître », et donc par extension « être », c’est-à-dire l’exact contraire de « n’être » ou « ne pas être ».
N’être, le titre de l’ouvrage de Charline Effah pourrait par déduction évoquer une existence insignifiante, effacée. C’est à la fois « être » et « ne pas être ». – Rien à voir avec le dilemme existentiel shakespearien "To be or not to be".
Exister tout en n’existant pas : quel rapport avec l’ouvrage de Charline Effah ? L’allusion paraît plutôt évidente : Lucinda, l’héroïne de Charline Effah, est venue au monde à l’improviste. C’est comme on dit un enfant indésirable. « Indésiré ». Medza, sa mère, qui ne peut consentir à assumer les turpitudes d’un adultère, fera tout pour tenir Lucinda, sa honte, à l’écart de sa vie conjugale, quoique discrètement présente dans son foyer, où elle occupe notamment la chambre de bonne.
Plus tard, telle une malédiction du destin, après avoir été un enfant que l’on cache, Lucinda deviendra une femme que l’on refuse d’assumer. Pour le grand amour de sa vie, elle sera non pas une épouse épanouie, mais une maîtresse effacée, frustrée, condamnée à la discrétion, au second rôle. En somme, une femme perdue, car, c’est écrit dans le livre : « Une femme sans homme est perdue. » Triste sort pour Lucinda, elle qui rêvait « d’aimer comme l’on danse le tango ».
Trouvera-t-elle la force de pardonner ?... pardonner à la mère et à l’amant, l’une comme l’autre irresponsables... Lucinda le sait : « Le pardon, comme l’amour, a la force de la pluie sur la terre sèche. Le pardon guérit. Il permet de poursuivre sa vie au-delà de l’amertume. » Trouvera-t-elle la force de pardonner ?...
Charline Effah séduit aussi par l’écriture. Cette manie qu’a l’héroïne de conter son histoire en s’adressant à sa mère tout au long du livre à la deuxième personne du singulier. Démonstration : « Pendant les neuf mois que dura ta grossesse, tu t’étais évertuée à une chose : tuer la vie qui s’était logée dans tes chairs. » ; « Tu ne te laisses pas impressionner. On t’a enseigné qu’une mère a toujours raison. » ; « Tu disparais dans le couloir sans refermer la porte derrière toi. Je m’endors avec mes vêtements… » : Ce ne sont pas là des extraits de dialogues, mais une narration en mode tutoiement. Joli, n’est-ce pas ?
N’être de Charline Effah était en lice à l’édition 2016 du GPAL (Grands Prix des Associations Littéraires)
palabresintellectuelles@gmail.com
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