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© Camer.be : Rév. Dr Joël Hervé BOUDJA
- 01 May 2022 18:23:53
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FRANCE :: PREDICATION DU DIMANCHE 1ER MAI 2022 PAR LE REV DR JOËL HERVE BOUDJA
Textes : Actes 5, 27-41 ; Apocalypse 5, 11-14 ; Jean 21, 1-19
La scène, d'une magnifique poésie, est une des plus belles de la Bible. Le jour commence à poindre sur le lac où flotte une légère brume. On n'entend que le clapotis des vagues et les premiers pépiements des oiseaux qui s'éveillent dans les fourrés. Ce n’est pas l’ambiance. Les apôtres sont là, assis au bord du lac de Galilée. Ils sont prostrés, bisés. Ils semblent ne plus avoir de force. Pierre se lève avec difficulté. Il va travailler. Il ressemble à quelqu’un qui a beaucoup pleuré. Et, s’il ne pleure plus, ce n’est pas parce qu’il n’a plus de chagrin, mais parce qu’il n’a plus de larmes. Il faut bien vivre. Il faut bien manger. Alors il va travailler.
Et pourtant il a vu le Christ ressuscité. Il a vu le tombeau vide. Et il était là, au cénacle, avec Marie et les autres apôtres, quand Jésus leur est apparu, ressuscité. Mais non, il n’a pas l’air d’avoir compris. C’est comme Thomas. Il est là avec Pierre au bord du lac. Lui aussi a vu le Christ ressuscité. Il a même mis son doigt dans les blessures. Et il est au bord du lac, prostré, découragé.
C’est là le danger de notre vie : avoir l’habitude de prier et oublier la force et la puissance de l’amour de Dieu dans notre vie. Le plus grand danger, c’est laisser passer Jésus à côté de nous sans l’écouter, sans le reconnaître.
Dans une barque, les hommes sont fatigués et ulcérés : toute une nuit de travail, des rondes sans cesse reprises à haler le filet...et rien ! Bredouilles. Soudain un appel retentit de la rive : "Eh, les enfants, vous n'auriez pas du poisson ?". A cet inconnu lointain, on ne peut que répondre : "Non". Mais la voix retentit encore : ‘’Jetez le filet à droite : vous trouverez’’.
Vous le voyez dans l’évangile : c’est cet étranger qui dit aux apôtres de jeter les filets de l’autre côté. A quoi ça sert ? Ils ont pêché toute la nuit et ça n’a rien donné. Ce n’est pas maintenant au milieu de la matinée qu’ils vont prendre quelque chose. Ce n’est pas en jetant les filets à gauche ou à droite que cela va changer quelque chose. Et pourtant, si, ça marche.
C’est là toute la différence entre la fidélité et l’entêtement. L’entêtement, c’est vouloir faire tout comme avant sans rien changer. La fidélité, c’est accepter de faire autrement pour mieux réussir.
Qui est cet homme qui ose donner pareil ordre ? …"Laisse tomber" a pu dire un des pêcheurs. Mais intrigué, Pierre relance le filet...à droite...Et merveille : soudain ça grouille là-dedans. Il faut s'y mettre à plusieurs pour tirer le filet.
Frères et Sœurs dans le seigneur,
« Ils partirent et montèrent dans la barque ; or, cette nuit-là, ils ne prirent rien ». Rien ne va donc plus pour les disciples de Jésus. Ils ont perdu leur Maître. Le Fils de Dieu a échoué. Il est mort. Ses proches ne s’en remettent pas et s’en sont retournés à leur métier d’avant. Et même là, ils vivent à nouveau l’échec. Ils ont passé leur nuit à pêcher mais n’ont rien pris. Ils rentrent bredouilles. A nouveau, ils échouent. Et pourtant, ayant reconnu le Christ, ils vont lui obéir et ce faisant, ils refusent de s’enfermer dans une expérience mortifère.
Mieux encore, ils vont découvrir que malgré l’échec de la nuit et parce qu’ils ont osé recommencer, ils vont faire l’expérience d’un avenir abondant, riche de promesses. Merveilleux récit celui que nous venons d’entendre et qui nous invite à nous arrêter quelques instants sur l’expérience douloureuse de l’échec qu’à notre tour, il peut nous arriver de vivre.
Il est tout d’abord bon de se rappeler que, dans la foi, le sens de l’échec est si profond que Dieu lui-même a dû l’assumer. En effet, pour triompher de la mort, il n’a fallu rien de moins que la mort de Dieu. A sa manière, le Fils de Dieu a donc également traversé l’épreuve douloureuse de l’échec. Mais par sa résurrection, il en est sorti vivant. Non seulement, il en est sorti vivant mais en plus, il vient nous inviter à faire de même lorsque nous sommes capables de lui faire confiance comme ses disciples à qui il s’est adressé sur les bords du lac de Tibériade. En Dieu, l’échec est constitutif, par essence non définitif et toujours à traverser. Je m’explique.
Trop de femmes et d’hommes estiment aujourd’hui encore que suite à un échec, leur avenir est complètement bouché et qu’ils sont déjà jugés et condamnés par les autres et parfois par Dieu, comme si tout était perdu à jamais. Or, dans la foi, l’échec ne peut être vécu comme étant celui qui aura toujours le dernier mot mais plutôt comme une dimension constitutive de l’existence.
A des degrés divers, tout être humain, de par sa condition humaine, fera à un moment donné ou un autre l’expérience d’un échec. Cette dernière fait taire en nous tout désir de toute-puissance de maîtrise et de domination. Elle nous remet face à notre réalité. En ce sens, l’échec est bien une expérience constitutive de notre existence. Nous ne pouvons jamais nous réduire à celui-ci et lorsque nous l’intégrons dans notre histoire, il nous ouvre à un nouvel avenir.
En effet, l’échec, expérience d’un passé que nous espérons à jamais révolu est constitutif de notre avenir. Lorsque nous avons été capables de traverser l’expérience de l’échec, cela signifie que nous reconnaissons que nous avons acquis de nouvelles compétences humaines qui vont nous permettre d’envisager autrement l’avenir et avec sans doute plus de sérénité. En Dieu, l’avenir peut toujours se renouveler.
Par ailleurs, en aucune manière, Dieu n’est impassible lorsque certaines de ses créatures se trompent de cible et se détournent de leurs destinées. Il se veut proche et solidaire d’eux dans cette traversée. Il ne cherche pas à nous laisser entrer en tentation et il sait que l’être humain passe parfois par des temps d’erreur, d’errance et de transgression avec tous les côtés aliénants qu’ils peuvent comporter. Par sa miséricorde, le Père dans le Fils et par l’Esprit nous témoigne sa proximité, sa bienveillance, sa compassion, son empathie, sa sollicitude.
Dieu ose ainsi se révéler à nous chaque fois que nous sommes confrontés à nos propres fragilités, à nos propres failles. Il se révèle et nous relève par la même occasion lorsque nous revenons à Lui et lui faisons à nouveau confiance. Dieu nous convie à aller de recommencements en recommencements.
L’échec n’est jamais statique, il est à traverser. Il est une épreuve qui doit être surmontée. Telle est l’espérance du récit de la pêche miraculeuse de ce dimanche. Telle peut être notre propre expérience car chaque fois que nous traversons une épreuve d’échec, nous ressuscitons à nous-mêmes ; car chaque fois que nous traversons une épreuve d’échec, nous ressuscitons à la Vie. La résurrection n’est donc pas une promesse pour demain. La résurrection se vit dès aujourd’hui et fait de chacune et chacun de nous des êtres résurrectionnels lorsque nous acceptions qu’un échec est constitutif, jamais définitif et à toujours traverser.
Bien-aimés dans le seigneur,
J'ai toujours aimé la peinture et les tableaux, parce-que dans un cadre, un artiste parvient à disposer des éléments, des couleurs, qui me font rêver, m'emportent dans un autre univers. Dans un tableau, ce n'est pas un petit détail qui me touche et me fascine, c'est l'ensemble, tout ce qui est dans le cadre. Bien que chaque détail ait son importance, sa place dans l'ensemble. Dans l'Evangile de Jean, lu aujourd'hui, il y a deux tableaux :
Le premier : Nous avons déjà vu en méditerranée ces petits bateaux pêchant la nuit avec des lampes pour attirer les poissons. Sur une barque, 7 pêcheurs s'ennuient car ils ne prennent rien. La nuit est longue. Je vois le tableau sombre rendant l'obscurité de la nuit et quelques lueurs sur une barque éclairant faiblement des pêcheurs somnolents.
Le deuxième : Le jour se lève. Un coin du tableau s'éclaire. Les 7 pêcheurs sont en pleine activité et essayent de remonter un filet plein à craquer (153 poissons). Sur le rivage qui n'est pas trop loin, un feu de braises avec quelques poissons et " quelqu'un ".
Que se passe-t-il d'un tableau à l'autre ? Entre cette longue pêche de nuit sans succès et cette pêche miraculeuse ? Regardons ensemble tout ce qu'il y a d'extraordinaire dans ce deuxième tableau, tout ce que le peintre Jean a voulu nous communiquer.
Il y a là maintenant quelqu'un sur le rivage. Quelqu'un qu'il a fallu du temps à identifier. Quelqu'un qu'on ne reconnaît pas tout de suite mais qui est bien là présent, Jésus-Christ ressuscité. Et parce qu'Il est là, le deuxième tableau n'est plus le même que le premier. Ce n'est plus la nuit avec une barque et des pêcheurs somnolents. C'est l'aube. Le jour se lève.
Quelque chose de nouveau commence. 7 pêcheurs sont en pleine activité et remontent un filet plein de 153 poissons. 153, le peintre aurait pu ne rien dire ou dire simplement " un filet plein à craquer ". Mais dans la bible, beaucoup de chiffres ont des valeurs symboliques et le jeu de leurs multiplications, additions ou soustractions a toujours un sens. Par exemple : 3 est le chiffre de Dieu, de la perfection (la trinité, le troisième jour). 4 est celui des hommes (les 4 points cardinaux, les 40 jours). 3+4=7 : chiffre sacré qui associe Dieu a l'humanité (les 7 jours, le chandelier a 7 branches). 153 est une combinaison qui associe à la foi l'universalité (toutes les espèces, les races), la quantité (une masse innombrable, le monde entier) et la durée (l'infini du temps, l'éternité).
Il y a donc dans le filet le monde entier pour une pêche qui ne s'arrête jamais. 7 pêcheurs, alors que 5 sont cités nommément. Et si nous étions nous-mêmes appelés à être ces deux anonymes, à être nous aussi pêcheurs d’hommes ?
Et puis ce filet ! On pourrait dire que les poissons sont prisonniers, captifs. Mais parce que Jésus est ressuscité, qu'Il est là, tout près, nous ne sommes pas captifs dans un filet mais captivés par quelqu'un de captivant. Un peu comme lorsqu'on lit un livre passionnant. On est épris, captivé par le livre. On ne sait plus en sortir tellement le récit est passionnant.
Alors, dans la mer, le monde, il y a de tout. Ceux qui sont dans le filet par hasard. Ceux qui se sont laissés captiver. Ceux qui se sont échappés. Ceux qui en étaient trop loin pour être pris. Ceux aussi qui sont restés accrochés à l'extérieur par une nageoire ou une écaille.
Tous, nous sommes appelés, à notre rythme, à nous laisser prendre, captiver et à nous laisser entraîner sur le rivage devant un feu de braise !
Un feu de braise sur lequel grillent quelques poissons pour un repas, un partage, une communion avec le Ressuscité. Pour devenir à notre tour brûlant et nourriture. Des hommes et des femmes, de toutes espèces et en tout temps, captivés par la personne de Jésus-Christ, de son Evangile et captivants parce qu'ils l'ont découvert. Des hommes et des femmes rassemblés autour de ce feu avec le Ressuscité et priant son Esprit pour qu'en nous Il souffle sur les braises et toujours les réactive. C'est bien là, au-delà des structures, l'image de l'Eglise, de notre Eglise, avec " E " majuscule ...et le très beau tableau de Jean.
Amen
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