Nyom: Quand le dialogue national trouve son compte dans un débit de boisson
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Nous sommes le lundi 23 septembre 2019 à Nyom, village situé dans la région de Centre, département de Mfoundi, Cameroun. Il est précisément 14 heures, l'heure à laquelle nous nous trouvons sur la route poussiéreuse qui mène au lycée de Nyom. Nous pouvons lire sur le frontal d'un débit de boisson "Dialogue bar...Vivre ensemble" Original dira-t-on. Que cache ce nom ? Qu'est ce qui se passe réellement là bas ? Notre reporter s'y est rendu et reconstitue ici le film d'un fait de société corollaire d'une situation sociale à l'image du Cameroun : Arrêts sur images...

Ce lundi, la chaleur caniculaire est à son comble sous un air agressif. Dans nos oreilles Une musique tonitruante diffusée par des hauts parleurs agresse les tympans des passants. Dans une salle pleine de monde non climatisée, des clients en état d'ébriété avancé esquissent des pas de danse. Plusieurs personnes, hommes femmes et enfants s'arrêtent un instant et continuent leur chemin sous le regard étonné des curieux qui se demandent d’où ils tirent de telles ressources pour ainsi braver la canicule et les bruits distillés par les baffles du snack.

Dans le coin, ce débit de boisson est connu d'être le plus fréquenté par les habitants environnants. Le promoteur de cet établissement a décidé de donner un nom de baptême assez particulier à son snack bar : " Dialogue bar ".

Selon Monsieur Olivier K, nom changé, promoteur de ce débit de boisson que nous avons rencontré, il a hésité entre plusieurs noms qui lui étaient proposés par ses proches. Il a pensé au Dialogue national Bar parce que les Camerounais ont soif de ce dialogue....même si c'est autour d'une bouteille de "molécule de la joie " bien "frappée" pour ne pas dire glacée

L'établissement de M. Olivier ne désemplit guère. A toutes les heures, tous les jours, plusieurs personnes, des habitués du coin se dirigent inéluctablement au Dialogue Bar. " Les gens ont trop de problèmes dans ce pays; il faut un coin qui leur permette tous les jours de dialoguer autour d'un verre " affirme Mebara un client du snack.

Selon un confrère de la place, l'idée d'aller au Dialogue bar pour "parlementer" c'est-à-dire cogiter sur la situation sociopolitique du Cameroun, constitue la raison principale qui pousse les usagers à s'aligner pour l'achat d'une bouteille de bière. Lorsque c'est très difficile d'acheter une seule bouteille pour cause d'affluence, on prend plusieurs à la fois quand on se retrouve face au barman, histoire de ne pas faire la file et de se noyer d'un coup pour ne revenir que le lendemain.

Au Dialogue Bar, il existe un gouvernement fictif dont le chef de file est censé être celui qui est habitué à boire sans se fatiguer, assisté des ministres, tous étant des clients réguliers du coin. "Ici, on pense au grand dialogue national ", déclare un client régulier de la diaspora camerounaise surnommé Petit Piment par ses acolytes, trempé lui aussi d'alcool. Les jours se suivent et se ressemblent au " Dialogue Bar. Le dialogue est bon quand il y a à boire. C'est ici que l'argent de taxi remis aux amis du club venu des 10 régions du Cameroun se dépense. Tant pis pour celui qui refuse l'enveloppe nous renseigne un riverain.

Monsieur Olivier, le propriétaire de ce snack entend agrandir son commerce et avoir des filiales dans les dix régions du Cameroun, question de permettre à sa clientèle sans cesse croissante, de pouvoir " dialoguer " dans de bonnes conditions.

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