Les Communautés locales en croisade contre les braconniers
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L'Afrique centrale et le Cameroun en particulier sont connus dans le monde entier pour leurs forêts denses et riches, ainsi que pour leur faune emblématique, mais l'impact du braconnage et du commerce illégal d'espèces sauvages sur ces écosystèmes est assez mal connu. Les populations d'éléphants de forêt ont diminué de plus de 70% au Cameroun en raison du braconnage entre 2010 et 2015 (rapport d'enquête du WWF, 2017), une statistique qui illustre les défis auxquels sont confrontées les forêts, leur faune et de nombreuses communautés locales et autochtones qui en dépendent.

Les déséquilibres sociaux, qui constituaient déjà un problème en raison de la marginalisation historique de nombreuses communautés autochtones, ne cessent de s’aggraver au fur et à mesure que les braconniers attirent les personnes vulnérables vers le braconnage, leur fournissant parfois des armes et des munitions lourdes.

Alors que les impacts économiques, sociaux, sécuritaires et environnementaux commencent à se manifester, les communautés locales commencent à s’insurger contre le braconnage. Parmi eux un groupe d’initiatives communes pour la conservation et le développement autour du Parc National du Nki et de ses zones périphériques, dénommé GIC CODENZOP.

Composé de représentants des communautés locales et autochtones, le groupe a récemment organisé une réunion pour discuter du soutien et des solutions en matière de criminalité liée aux espèces sauvages avec les autorités administratives locales, les chefs traditionnels, les maires et les conservateurs du Parc National de Nki et de la Réserve de Faune de Ngoyla, ainsi que les forces de maintien de l'ordre, dans la ville d’Abong Mbang dans la Région de l’Est.

« Nous sommes consternés par l’ampleur du braconnage et son impact sur l'environnement et les communautés riveraines », a déclaré Sodja Denis Achille, coordinateur de GIC CODENZOP. « Nous sollicitons le soutien et l’engagement des conservateurs, des autorités judiciaires, des sous-préfets, des maires, des chefs de brigades de gendarmerie, des chefs traditionnels et des représentants du peuple autochtone Baka. Cela nous permettra de dénoncer et de nous associer aux poursuites judiciaires engagées contre les personnes impliquées dans le braconnage afin d'obtenir une indemnisation pour des actes de braconnage », ajoute Sodja.

Les autorités locales ont également réagi. « Nous devons plaider pour que les tribunaux accordent effectivement des dommages-intérêts civils aux communautés locales qui subissent les dommages collatéraux du braconnage en raison de leur proximité avec les ressources fauniques», déclare Mewol Marcel, maire adjoint de la commune de Ngoyla.

Le GIC CODENZOP est l'un des quatre groupes communautaires du paysage transfrontalier Dja-Odzala-Minkebe (TRIDOM) que le WWF soutient dans le cadre d'un projet intitulé «Protection des éléphants et des grands singes dans le TRIDOM: soutien aux communautés locales et aux agences d’application de la loi faunique pour lutter contre la criminalité faunique ». Les trois autres sont l’Association des Baka du Département de la Boumba et Ngoko (ASBABUK) et deux comités de valorisation des ressources fauniques, connus sous son acronyme COVAREF.

D'une durée de trois ans, le projet vise à accroître la participation des communautés locales du segment camerounais du paysage de TRIDOM aux efforts de lutte contre la criminalité faunique. Cela se fait par un soutien juridique permettant aux communautés de comparaître en tant que partie civile dans les affaires de protection de la faune devant les tribunaux compétents et de réclamer des dommages et intérêts pour le préjudice subi du fait du braconnage.

Les communautés impliquées dans le projet ont donc bénéficié d'un conseil juridique pour les aider dans le processus.

« L’intérêt manifesté par les communautés pour défendre leur forêt contre le braconnage est encourageant. Avec un soutien approprié, nous verrons plus de communautés riveraines des aires protégées du paysage TRIDOM défendre les efforts visant à lutter contre la criminalité liée aux espèces sauvages qui décime rapidement les forêts et la biodiversité dont ils - et nous tous - dépendons ", a déclaré Alain Ononino, responsable des politiques contre la criminalité liée aux espèces sauvages du WWF Afrique centrale.

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