Dans l'ombre du conflit armé au NOSO, les Bororos abandonnent leurs bétails
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WUM, nous sommes dans la région du nord-ouest du Cameroun. Il n'y a que 78 km qui séparent Bamenda, le chef lieu de la région du nord-ouest de la ville de Wum, chef-lieu du département du Menchum. Il faut emprunter une Land Rover ou un véhicule tout terrain pour y arriver avec au compteur trois heures de route.

Sur le chemin qui mène à Wum à partir de Bamenda, l'on doit traverser 14 check point (Barrière de contrôle) à la fois gérées par les forces locales d'un côté et plus loin par les séparatistes anglophones.

A chaque poste de contrôle, il faut payer 2000 à 5000 frs CFA. Après la ville de Wum, nous arrivons au village Waazoh.

Les premiers rayons du soleil transpercent la fumée s'échappant des montagnes qui se consument lentement et maintiennent les mouches à distance du précieux bétail que nous retrouvons ici et là.

C'est au village Waazoh que plus d'une centaine de Mbororos, ont fui leurs ranchs de bovins après des attaques répétées et la confiscation de leurs troupeaux soit par des hommes inconnus, soit par des groupes armés. Les Mbororos disent qu'ils sont pris pour cible parce qu'ils refusent de rejoindre ou d'assister les combattants.

La scène de confiscation du bétail par des inconnus, se répète depuis des mois chez les éleveurs de ce village. Houandouep Clément, un éleveur Mbororo âgé de 49 ans, s'est rendu à Wum la semaine dernière pour rencontrer le chef de la communauté Mbororo afin de demander de l'aide.

Il nous a confié que des hommes armés et des inconnus avaient saisi plus de 60 de ses vaches après qu'il ait refusé de payer 500 000 frs Cfa pour aider les combattants armés

"Nous avons refusé de donner de l'argent", a-t-il déclaré "Ces hommes armés ont rassemblé le bétail et l'ont dirigé vers une destination inconnue".

Le vol de bétail existe depuis bientôt trois ans, mais a connu ces derniers mois des changements radicaux: Le conflit armé dans le nord-ouest et le sud-ouest du Cameroun a provoqué l'arrivée de nombreuses armes traditionnels et modernes dans ces régions et ont complètement traumatisé les populations civiles

Les vols de bétail se traduisent désormais par des raids sanglants à l'arme lourde ou légère, alimentant d'interminables cycles de vengeance, nous confie une autorité locale rencontrée à Wum par la rédaction de camer.be.

Selon la mission de la Wum Elite Association, une Ong locale, 10 éleveurs ont été tués rien qu'en juillet dernier dans des attaques de ce genre.

"Si vous êtes malade, une vache peut être vendue et l'argent utilisé pour le traitement", explique notre source Houandouep citée plus haut.

"Si par exemple une femme meurt et laisse derrière elle un bébé, l'enfant vivra car une vache va être traite pour le nourrir", poursuit-il.

La renommée et la richesse d'un homme sont proportionnelles à la taille de son troupeau, véritable compte en banque sur pattes. Chaque vache vaut environ 300 000 frs Cfa."Pour nous, une vache est une source d'argent" conclue t-il.

L'abandon de leurs ranches a entraîné une pénurie de bœuf et une augmentation des prix dans certains villages et villes de la région.

Sur les médias sociaux, les séparatistes nient le fait qu'ils soient accusés de cette forfaitures et pointent un doigt accusateur sur les forces de l'ordre en faction dans la région du nord-ouest. Ils affirment que les vrais auteurs peuvent être des voleurs de bétail ou des soldats qui se sont déguisés en combattants séparatistes.

Les autorités locales quant à elles, ont affirmé que le gouvernement prendrait des mesures pour sécuriser les villages Mbororo et leur fournir des besoins essentiels afin qu'ils puissent reprendre leur vie normale.

Dans les deux régions anglophones du Nord-Ouest et du Sud-Ouest du Cameroun, une crise socio-politique sans précédent s'est installée fin 2016. Elle s'est transformée fin 2017 en conflit armé.

Des affrontements entre armée et séparatistes, regroupés en groupes épars dans la forêt équatoriale, s'y produisent quasiment tous les jours depuis plusieurs mois. Selon des sources concordantes, aux séparatistes armés, se sont ajoutés des bandes armées qui rackettent les populations et les entreprises.

Plus de 200 membres des forces de défense et sécurité camerounaises ont perdu la vie dans ce conflit ainsi que plus de 500 civils, selon les ONG.

Ce conflit, qui n'a cessé de prendre de l'ampleur, a déjà forcé plus de 437 000 personnes à fuir leur domicile dans ces régions, selon des chiffres de l'ONU

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