Pas d’Hospitalité pour les Tyrans
CAMEROUN :: POINT DE VUE

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Le mutisme des puissances occidentales qui ont toujours fermé le yeux sur les crimes de sang perpétrés par des dictateurs qu’elles accueillent généralement à grand renfort de sécurité restera une source d’incompréhension, même si elles le mettent sous le compte de la realpolitik. Particulièrement, la manière dont ce type d’hospitalité se retrouve en flagrante contradiction avec les principes voulus universels qui sous-tendent ces démocraties libérales, comme par exemple la centralité de la loi et des droits humains face au pouvoir absolu et au culte de la personnalité, qui eux piétinent allègrement les libertés individuelles et la protection requise des minorités exposées aux abus récurrents des régimes totalitaires….

Bref c’est tout le concept de tolérance qui est ainsi bafoué par ses principaux promoteurs sur la scène internationale.

Aussi, les crimes de guerre et les violations des droits de l’homme sont demeurés impunis depuis des décennies, précisément parce que personne ne s’en soucie réellement à l’échelle internationale, ou alors parce que personne ne peut et/ou ne veut rien faire, alors même que des pays comme le Cameroun ne disposent d’aucun système judiciaire indépendant.

Car il faut être fondamentalement formaté à l’insignifiance de la vie de l’Homme, et singulièrement de l’Homme (noir) africain, pour oser le gazer comme ont procédé les forces de sécurité Suisse samedi 29 juin 2019 à Genève contre des manifestants pacifiques camerounais, afin de protéger un tyran octogénaire et sanguinaire qui a poussé des millions de ses compatriotes à l’exil et mène une guerre civile d’une brutalité inouïe à d’autres dans les deux régions anglophones. Le comportement de la Suisse qui abrite le siège du Haut Commissariat des Nations Unies aux Droits de l’Homme, à l’égard de ces manifestants pacifiques, laisse pour le moins perplexe. Il ôte toute crédibilité à son offre de médiation sur la crise anglophone au Cameroun. Il s’agit indiscutablement d’un « médiateur » à la fois juge et partie, car principal allié et complice de la dilapidation des fonds publics opérée sur son sol depuis un palace genevois par le principal bourreau des camerounais durant maintenant 37 interminables années.

Ainsi donc la cause principale de l’hypocrisie du libéralisme politique en Occident provient paradoxalement de soi-disant « libéraux » modernes, autrement dit de personnes qui s’identifient comme « tolérantes » et « socialement progressistes», mais dont les actions suggèrent fortement qu’ils sont tout sauf des libéraux.

Cette hypocrisie a surtout de graves conséquences pour notre conception universelle de la démocratie. Car ils ne comprennent pas et n’y intègrent pas complètement le concept de tolérance, ni dans son objectif (en un mot, c’est à la fois rechercher la vérité en examinant tous les arguments et permettre à différents groupes de vivre dans une relative harmonie), ni dans son universalité. Ils pensent uniquement à orienter le débat puis à formater les esprits, à ne surtout pas permettre l’expression d’autres points de vue, d’autres ni opinions et ni la description d’autres faits ; pas plus d’ailleurs qu’ils tolèrent que leurs points de vue (à eux) soient contestés.

La brutalité de la Suisse vis-à-vis des manifestants pacifiques camerounais n’a fait que montrer toute la cruauté d’une mondialisation orientée et d’une «idée libérale» viciée, dont les décisions échoient uniquement à l’Europe et aux USA en fonction de leurs seuls intérêts. Aujourd’hui y compris dans ces sociétés occidentales le fossé entre les intérêts des élites et ceux des citoyens ordinaires se creuse chaque jour. C’est le diktat néo-libéral avec ses compromissions avec les pouvoirs absolus qui doit primer, ou rien, nous dit-on. Aussi paraîtrait-il que les idées libérales vont très bien, mais au grand détriment de l’écrasante majorité des populations de la planète, dont ces citoyens ordinaires du Cameroun qui en payent le prix fort. C’est exactement contre cette injustice mondiale qu’ils ont (osé) protester en plein centre de Genève en Suisse sous les fenêtres du dictateur vient y dilapider leurs maigres ressources depuis 37 années!

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