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© Mutations : Jenner Onana et Arnaud Kuipo
- 17 Jun 2019 12:31:00
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CAMEROUN :: Prison centrale de Kondengui : Une opération de fouille tourne au vinaigre :: CAMEROON
Une cinquantaine de prisonniers transférés à Yoko le jour d’après.
Une jeune fille, en larmes, quitte la prison centrale de Kondengui à Yaoundé aux environs de 13h hier, dimanche 16 juin. L’un des siens fait partie des 57 prisonniers transférés à la prison de Yoko. Une opération qui devait s’effectuer après la messe, à 9h. Mais, l’attente de cet embarquement a été longue parce que, dit-on, un prisonnier de ce contingent s’est caché dans la maison d’arrêt. Pendant tout ce temps la jeune fille faisait les cent pas à l’esplanade de la prison, en lançant de temps à autre un regard inquisiteur sur le camion de transport des prisonniers en position de départ. Son attitude va attirer l’attention de plus d’un. Mais, elle n’est pas la seule à se perdre en conjectures. Certains membres des familles présents sur les lieux échangent sur la fouille qui a lieu dans le pénitencier la veille. Chacun raconte ce qu’il a entendu ou vu, à sa manière. D’autres attendent sereinement le début des visites qui a été retardé par l’opération de transfert des prisonniers. Ce dernier ne sera effectif que vers 12h14.
Pendant que les prisonniers embarquent, quelques éléments de l’administration pénitentiaire, armés de fusils de guerre, lancent à l’endroit des visiteurs, membres de familles des prisonniers : « Eloignez-vous, éloignez-vous ». Et l’un de poursuivre : « il faut partir d’ici parce que si un prisonnier tente de s’évader, mes collègues vont tirer des coups de feu et une balle perdue peut vous atteindre ». Les détenus, en file indienne, sortent de la prison. L’opération dure près de 30mn. Certains ont de petits sacs d’écoliers sur le dos, ou un petit seau en main. Un autre tient un vieux matelas noirci par la saleté. Celui-ci qui pourrait à peine suffire dans un berceau. Cependant, il tient précieusement son matelas sous l’aisselle. Après avoir aperçu son frère embarqué dans le camion du pénitencier, la jeune fille (évoquée en début de texte) ne peut retenir son émotion.
Dans ce véhicule contenant des prisonniers qui quitte la prison centrale de Kondengui pour la prison principale de Yoko, les détenus entonnent des chants d’exploits. A travers la grille du véhicule, ils font des signes d’au-revoir. Le camion quant à lui, achève sa manoeuvre, avant de prendre la route. Ce transfèrement des prisonniers intervient un jour après une fouille générale à la prison centrale de Kondengui. En effet, le 15 juin dernier, selon des sources au sein de la prison, des policiers et gendarmes ont effectué une perquisition aux quartiers 8 et 9 du pénitencier. Ces deux quartiers, connus sous l’appellation de Kosovo, sont, selon nos informations les plus peuplés de la prison avec près de 1500 détenus chacun. Ce qui fait environ 3000 détenus, la moitié de la population carcérale actuelle de la prison centrale de Kondengui. Au sujet du déroulé de la fouille de samedi dernier, deux versions s’affrontent. Le portail des camerounais de Belgique. D’aucuns disent qu’il y a eu une brève fouille parce que les prisonniers s’y sont vertement opposés. D’autres, toujours des sources déclarent qu’il y a eu fouille approfondie. Selon cette version, les forces mixtes de sécurité sont arrivées en matinée, et ont décidé de commencer leur travail dans les quartiers 8 et 9. Leurs occupants ont été regroupés sans histoire dans la cour intérieure de la prison. Les problèmes vont subvenir à la fin de la fouille des deux quartiers. En voulant sortir, ils vont recevoir les projectiles-des bouteilles de matière fécales et d’autres objets tranchants-, lancés par des prison-niers mecontents de leur présence. La fouille, dit-on, a permis de récupérer des téléphones portables et une somme d’argent qu’on ne pourrait encore évaluer du fait de la rixe survenue après l’opération.
En effet, au cours de la rixe un gardien de prison aurait été blessé par un projectile et les éléments de forces mixtes de maintien de l’ordre vont se précipiter dans d’autres quartiers dont le quartier 3, pour se cacher. Selon une source, cet acte était prémédité. «Les prisonniers disent que les policiers et les gendarmes biaisent les procès verbaux lors des enquêtes préliminaires. L'info claire et nette. Si ce sont les gardiens de prison qui les fouillaient rien de la sorte ne se serait passé puisque ils ont été formés pour des telles opérations». Et une autre source d’ajouter : « D’habitude, lorsqu’il y a la fouille, les forces mixtes de maintien de l’ordre, associent à leur équipe les gardiens de prison. Cela n’a pas été fait ainsi samedi dernier ». Un élément de l’administration pénitentiaire à la retraite a d’ailleurs confié qu’il redoute les prisonniers lorsqu’il était en fonction. « Je venais toujours au travail avec un vêtement (civil) de rechange pour les porter en cas soulèvement des prisonniers. Qui n’a pas peur de la mort ? Les prisonniers sont violents, c’est nous qui savons les gérer ».
La journée de l’incident avait pourtant bien commencé à la prison centrale de Kondengui. Des gardiens de prison vêtus de leur uniforme de garde, sont positionnés au niveau de l’entrée principale du pénitencier. L’un d’eux, est installé au niveau d’une petite porte. Plusieurs personnes, en civil, tenant des sacs, traversent cette porte. Sur la route, des véhicules circulent librement. Aucun déploiement de la police ou de la gendarmerie n’est effectif en cet après-midi. Non loin de la tribune, située en face du pénitencier, des voitures sont stationnées. De plus, divers commerçants proposent leurs articles. Arachides, ceintures, ananas et chaussures entre autres. Aucune présence humaine n’est visible au niveau des deux miradors situés sur la façade principale de la prison ; encore moins dans le mirador central. Construit à l’intérieur de la prison, il est quand même visible à partir du dehors. Selon des informateurs, une fouille annuelle se déroule chaque mois de mai à la prison centrale de Kondengui, sans que le jour soit connu des détenus. Cette année, elle n’a pas pu se tenir le mois dernier. D’où l’opération de samedi dernier. Celle-ci, apprend-on, a été autorisée par le délégué régional de l’Administration pénitentiaire du Centre qui au lieu de choisir un renfort de gardien prison pour la mener, aurait préféré les services des forces mixtes de maintien de l’ordre (police et gendarmerie).
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