Livre, vient de paraître, Enoh Meyomesse: Le combat des BULU pour l'indépendance du Cameroun
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Livre, Vient De Paraître, Enoh Meyomesse: Le Combat Des Bulu Pour L'indépendance Du Cameroun :: Cameroon

Peuple autrefois profondément upéciste mais dans le même temps essentiellement pacifiste, il n’a pas trouvé de raison pertinente de boycotter par la violence le scrutin décisif, pour l’histoire du Cameroun, du 23 décembre 1956, acte qui a été à l’origine du déclenchement de la terrible intervention militaire française au Cameroun qui a fait énormément de morts.

C’est la raison pour laquelle il n’y a pas eu de bombardements en pays bulu. Aucun bureau de vote n’y a été saccagé le 23 décembre 1956, et aucun candidat n’y a été agressé, encore moins assassiné.
Les Bulu sont demeurés dans le combat légal qu’ils avaient entamé dès le lendemain de la seconde guerre mondiale, avec le retour des anciens combattants en fin d’année 1944.

Comment donc ont-ils mené le combat pour cette cause nationale qu’a été l’indépendance du Cameroun, sans opter pour le maquis : tel est l’objet de ce livre, qui contribue à la connaissance du passé de notre pays.

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Chapitre VI :

Le rejet par les Bulu des mots d’ordre de Moumié et Ouandié réfugiés à Kumba de saccage des bureaux de vote le 23 décembre 1956

Après la dissolution de l’UPC le 13 juillet 1955, le nouveau haut-commissaire de la France au Cameroun, Pierre Messmer avait atténué, d’une manière considérable, la persécution des upécistes. Ceux-ci avaient recommencé à se réunir, au su et au vu de l’administration, à travers le territoire, sous la bannière du Courant d’Union Nationale, un mouvement qu’avait créé Soppo Priso afin de rassembler les forces nationalistes. Ruben Um Nyobè, lui-même, avait recommencé à se promener à Boumnyebel, son village natal, et dans les environs, en toute liberté, c’est-à-dire, sans être, le moins du monde, inquiété.

A la fin du mois d’août 1956, Gaston Defferre, le Ministre de la France D’outre-mer, avait préparé une loi destinée à être débattue, au mois d’octobre, au Parlement en France, et portant sur une amnistie générale de toutes les personnes impliquées dans les émeutes du mois de mai 1955.

Ceci redonna du baume au cœur des upécistes. Les élections à l’ATCAM étant annoncées pour le mois de novembre, puis reportées au 23 décembre 1956, ceux-ci étaient convaincus que, bien avant cette échéance, le décret d’interdiction de l’UPC serait abrogé.
Mais, contre toute attente, la discussion et l’adoption de ce projet de loi s’étaient mis à traîner, de manière tout à fait inhabituelle, tant et si bien que les upcistes avaient fini par se rendre compte que l’abrogation du fameux décret du 13 juillet 1955 n’interviendrait pas avant la date des élections.

Ceci, naturellement, raviva leur ressentiment envers l’administration coloniale.

La date de clôture des dossiers de candidatures, pour le scrutin du 23 décembre 1956 était survenue sans que le décret tant attendu ne soit signé. Un débat s’était, en conséquence, mis à secouer le Courant d’Union Nationale, à savoir, présenter, par défaut, des candidatures de l’UPC sous ce sigle, ou ne pas participer du tout à ces élections.

Le congrès du Courant d’Union Nationale dans la banlieue d’Ebolowa.
Le 28-29 novembre 1956 s’était finalement tenu un congrès du Courant d’Union Nationale dans le village d’Amvam Yévol (le village du chanteur Saba Georges), situé à 10 km de la ville d’Ebolowa sur la route de Lolodorf, pour trancher cette question.

Etaient présents, Paul Soppo Priso naturellement mais aussi Assale Charles, Menye m’Andjembe qui recevait la réunion dans son village, Obam Ella François, Dissaké Hans, etc., et de très nombreux upécistes. A l’issue des débats, les upécistes partisans du boycott du scrutin l’emportèrent sur ceux de la participation à celui-ci.
Ce fut l’éclatement du Courant d’Union Nationale. Mais aussi l’éclatement également de l’UPC, entre les pro-élections et les anti-élections. Les pro-élections étaient en majorité les upécistes Bulu, rejoints par les délégués Sawa non upécistes notamment Soppo Priso, Dissaké Hans, Behlé Gaston, Ekwabi Ewané.

Du 2 au 3 décembre 1956, les anti-élections créent le Comité National d’Organisation, C.N.O., une milice destinée d’une part à saccager les bureaux de vote et à agresser les candidats à ce scrutin, d’autre part à commettre des attentats à travers le territoire.
Le 9 décembre 1956 à Kumba, en zone d’occupation anglaise où se sont réfugiés tous les dirigeants de l’UPC à l’exception de Ruben Um Nyobè et de Théodore Mayi Matip, se tiennent des assises de l’UPC pour réfléchir sur l’avenir du mouvement. En clôture de celles-ci, Félix Moumié, Ernest Ouandié et Abel Kingué font à leur tour adopter une résolution préconisant le sabotage des bureaux de votre de l’élection du 23 décembre 1956, et le déclenchement de la lutte armée. En clair, ils approuvent la création du C.N.O., et le déclenchement de la guerre contre l’armée française.

Cette résolution, parvenue aux oreilles des upécistes bulu, est catégoriquement rejetée par ceux-ci, au motif selon eux qu’il était totalement irréaliste de vouloir servilement imiter le FLN en Indochine ou en Algérie.

La Chine était un grand soutien du FLN indochinois, lui procurait des armes et son territoire servait de base arrière de la guérilla. De même, le FLN algérien pouvait compter sur la Tunisie, le Maroc et l’Egypte. Mais, dans le cas du Cameroun, sur quoi allait se baser une guerre contre la puissante armée française ? D’où allaient provenir les fusils pour l’affronter ? Bref, les upécistes bulu se sont désolidarisés de Moumié et Ouandié .

Dans la nuit du 18 au 19 décembre 1956, le C.N.O. réalise ses premiers attentats. La ligne de chemin de fer reliant Douala à Yaoundé est coupée entre Edéa et Eséka. Un train de marchandise déraille et sa locomotive se renverse. Par ailleurs, les fils téléphoniques assurant la liaison téléphonique entre Douala et Yaoundé, également, sont sectionnés à plusieurs endroits. Plus grave encore, deux candidats au scrutin sont assassinés, à savoir, le Dr Delangué Charles et le forestier Mpouma Samuel.

Les upécistes Bulu refusent catégoriquement de s’engager dans cette voie. Ils réprouvent totalement l’action violente car ils estiment que celle-ci va entraîner beaucoup de morts du côté des Camerounais, pour un résultat totalement incertain. Ils sont plutôt favorables à un boycott passif, et surtout pas d’assassinats, fussent-ils ciblés.
Cette option pacifique, on s’en rend compte aujourd’hui, a évité au sud et aux Bulu d’être bombardés par l’armée française. Il n’y a ainsi pas eu de napalm chez eux. Pas de têtes coupées, pas de maisons incendiées, pas de villages rasés, pas de camps de concentration à la nazie, ainsi que cela a été fait ailleurs au Cameroun. Pour tout dire, les upécistes bulu ont évité à leur population la rage de l’armée française. Ils ont eu recours à un proverbe de chez eux qui dit que :

« il ne faut pas, sans s’être assuré de se sauver, aller provoquer l’éléphant qui balance sa queue au pied de l’arbre … »

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Avant-propos

Chapitre I :
La conscientisation des Bulu avant 1939

Chapitre II :
Les paroles du « Chant de ralliement » futur hymne national : acte capital d’un Bulu pour le Cameroun

Chapitre III :
Le regroupement politique des Bulu au lendemain de la 2ème guerre mondiale : Efulameyong

Chapitre IV :
Assassinat en 1949 de Mrs Cozzens à Ebolowa et décapitation d’Efulameyong

Chapitre V :
L’adhésion des Bulu à l’UPC : Fozo’o Ekabé Secrétaire Administratif du parti

Chapitre VI :
Le rejet par les Bulu des mots d’ordre de Moumié et Ouandié réfugiés à Kumba de saccage des bureaux de vote le 23 décembre 1956

Chapitre VII :
La tentative de proclamation de l’indépendance en mars 1957 d’Assale Charles et Obam Ella François dans l’ATCAM

Chapitre VIII :
Le Dja & Lobo vote « Non » au referendum constitutionnel du 21 février 1960

Chapitre IX :
Sangmelima élit deux députés upécistes aux législatives du 10 avril 1960 : Owono Mimbo et Endangté Akoumouzo’o Edouard

Chapitre X :
Owono Mimbo décline au nom de l’UPC l’offre d’entrer au gouvernement camerounais en mai 1960

Chapitre XI :
Le député upéciste Owono Mimbo emprisonné en novembre 1960 pour « intelligence » avec Moumié Félix réfugié à Conakry

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