« Marches blanches » : 354 personnes arrêtées
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Le rapport provisoire dressé par le collectif d’avocats du MRC au terme des manifestations du 1er juin dernier, dénonce des dérives policières.

Le Mouvement pour la renaissance du Cameroun (MRC) n’a pas boudé son plaisir de défier le 1er juin dernier, les interdictions de manifestations publiques émises par les autorités administratives. En effet, les « marches blanches » annoncées par cette formation politique se sont déroulées dans les villes de Yaoundé, Douala, Bafoussam, Nkongsamba et Bangangté. Le bilan provisoire du « rapport d’assistance de la journée du 1er juin 2019 des manifestants conduits dans des centres d’internement de police et de gendarmerie », dressé par le collectif des avocats du MRC, fait état de 354 personnes arrêtées. Parmi elles, figurent le premier vice-président de cette formation politique, Mamadou Mota Yakouba, le régional du MRC dans le Sud, Apollinaire Legrand Oko’o et Pierre Marie Biloa Effa, conseiller spécial du président national du parti, Maurice Kamto.

Tour à tour, ces derniers ont été conduits au secrétariat d’Etat à la Défense (Sed) chargé de la gendarmerie, à la direction de la police judiciaire puis au commissariat central n°1. « Sous prétexte d’identification, une première audition des manifestants a eu lieu hors présence des avocats, malgré leur protestation. Les auditions continuent hors ma présence au groupement. D’après un des interpellés, il ne s’agit pas d’identification, mais d’audition complète. En fait, ils ont trouvé un moyen « poli » de m’empêcher d’assister aux auditions […] », relate l’un des membres du Collectif d’avocats, en charge de l’équipe de défense au Sed, Me Yves Nzode.

Le collectif dénonce « la violation par la police, des règles de déontologie policière qui guident l’action administrative policière, à l’occasion des manifestations publiques ; et l’entrave des autorités de police à l’exercice de la profession d’avocat […] ». De ce fait, il entend engager judiciairement la responsabilité des auteurs. Poings levés, les militants MRC ont commencé à battre le pavé aux environs de 10h, au lieu-dit « Niki marché central ». Les manifestants se déplacent en direction du centre-ville de Yaoundé, lorsque soudain, un camion anti-émeute de couleur verte de la gendarmerie nationale et un véhicule pickup se garent devant leur cortège. Manu militari, ils sont emmenés par les forces du maintien de l’ordre, et conduits vers une destination inconnue. L'info claire et nette. Policiers et gendarmes envahissent les différentes artères du centre administratif. Le déploiement sécuritaire se matérialise peu à peu. Munis de matraques, casques et boucliers anti-émeutes, nombre de policiers et gendarmes sont assis sur des banquettes à l’arrière des pick-up stationnés à l’entrée d’un supermarché réputé de la place. Cet espace commercial restera fermé pendant environ une heure de temps, et ne sera rouvert qu’après le départ de ceux-ci. Au rond-point de la Poste centrale, une trentaine de policiers et de gendarmes sont présents. Un dispositif de surveillance est installé. Il est également visible au rond-point de la Primature et à quelques mètres du Boulevard du 20 mai, où se déroule au même moment, une messe œcuménique. Laquelle appelle au « retour de la paix au Cameroun ».

Récriminations

La conférence de presse tenue la veille des « marches blanches » annonçait déjà la tournure des événements du 1er juin dernier. «Ça fait déjà quatre mois que Maurice Kamto est en prison. Nous avons donné suffisamment de temps à ce régime. Nous allons marcher les 1er et 8 juin à la fois, pour défendre une liberté fondamentale qui se décline en liberté d’expression, de réunion et de manifestation ; et pour préserver son droit de donner librement son opinion sur la conduite des affaires de la nation». Cette déclaration du premier vice-président du MRC a suscité de l’enthousiasme auprès des militants du parti. «Président ! Président !», ont-t-ils scandé. Outre la libération du président national du MRC et de ses alliés, les militants de ce parti politique ont émis des réclamations parmi lesquelles, «la réforme consensuelle de l’ensemble du système électoral avant l’organisation de toute nouvelle élection». Camer.be. Les récriminations ne sont pas en reste. Ils s’opposent à «l’exclusion déguisée du MRC et de ses partis alliés du jeu politique ; disent non à la guerre dans les régions du Nord-Ouest et du Sud-Ouest, non à la passation du pouvoir de gré à gré entre monsieur Biya et son clan», ont-ils, énuméré. A noter que sur 47 déclarations de manifestations publiques adressées aux autorités administratives en rapport avec les «marches blanches» du 1er juin dernier, 30 n’ont pas reçu un avis favorable et 17 sont restées lettre morte. Des interdictions de manifestations que le MRC a décidé braver.

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