Crise dans le Nord-Ouest et le Sud-Ouest, l’impératif du pardon
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Le Président le République du Cameroun, Paul Biya a décrété le 30 Novembre 2018, la mise en place de la commission nationale du désarmement, de la démobilisation et de la réintégration chargés de désarmer les anciens combattants de Boko Haram et les groupes armés dans les régions du Sud-Ouest et du Nord-Ouest.

A Bamenda, un centre de réhabilitation accueille déjà quelques jeunes repentis. Certains anciens combattants, comme le jeune Sébastine Bup répondent spontanément à l’appel du Chef de l’Etat.

Le camp 0040 de Bukulah situé à Mbot, dans la localité de Nkambe, Région du Nord-Ouest, réunissait une vingtaine de jeunes. Des jeunes enrôlés dans cette bande armée ont très vite appris le maniement des armes à feu. Sébastine Bup était membre de ce groupe. Le chef de la bande l’avait recruté pour ses capacités physiques exceptionnelles, mais également pour sa « force mystique ». Sébastine était le protecteur du camp, portant avec lui des fétiches divers. En sept mois passés dans ce camp, il a tendu des embuscades aux forces de défense et de sécurité, rançonné des familles, agressé des populations, etc. « A la base, on nous avait fait comprendre que le pays était divisé. On nous a fait croire que les militaires camerounais, étaient une armée d’occupation. Très vite, on s’est rendu compte que tout cela n’était que mensonge », avoue le jeune Sébastine. A peine 25 ans, il a très vite plongé dans l’art de la guerre, en compagnie de ses compagnies dans les buissons et les bosquets.

Son témoignage confirme celui du gendarme kidnappé par ces forces séparatistes : « Il y’avait un jeune âgé d’environ 35 ans, et trois jeunes filles, dont la plus âgée pouvait avoir au plus 15 ans » affirme ce gendarme rencontré à Bamenda, encore traumatisé par cette matinée d’Avril 2019, un dimanche où on est venu le kidnapper à son domicile, avant de lui bander les yeux et de le transporter dans une destination inconnue. Il est clair que ces bandes armées sont constituées en majorité de jeunes et même d’enfants de moins de 18 ans. L’une des jeunes filles rencontrées dans un centre de réhabilitation de ces ex combattants, nous confie qu’elle jouait le rôle de cuisinière dans ce camp, avant de prendre la fuite lorsqu’elle s’est rendu compte que la cause qu’elle défendait était loin d’être aussi noble.

L’urgence du pardon.

Le 7 Mai 2019, le président Paul Biya s’exprimait sur son compte twitter : « L’important aujourd’hui, est de pardonner et d’oublier, de tendre ensemble vers un but commun. Nous ne pouvons à la fois, regarder l’avenir et vivre du passé. Le pardon mutuel est le chemin qui conduit vers la paix durable ». Oui, le pardon mutuel, cet impératif pour notre pays aujourd’hui. Le 15 Mai, sur la route de Bafut, deux militaires ont été froidement abattus par des sécessionnistes à Bamenda, alors qu’ils étaient désarmés et en civil sur une moto. Certains de leurs camarades militaires n’ont pas digéré l’acte et ont riposté violemment en direction des maisons d’où venaient les coups de feu.

Le Chef de l’Etat a immédiatement prescrit de dédommager les habitations qui ont pris feu à l’issue de cette riposte. L’effort de pardon est attendu de tous les côtés. Chez les militaires qui ont perdu leurs camarades, dans la population qui a subi les affres de ces sécessionnistes, et dans la conscience nationale en général.
Le sang versé de part et d’autre nécessite une prise de conscience collective. Le Premier Ministre Joseph Dion Ngute a pris depuis peu le bâton de pèlerin pour exhorter les uns et les autres au calme, et demander aux jeunes et enfants soldats de sortir des buissons. Sébastine Bup a rencontré le Premier Ministre lors de sa récente visite à Bamenda. « Je n’imaginais pas un jour que j’allais parler avec le Premier Ministre de mon pays. Je demande aux nombreux jeunes qui sont encore dans ces bandes armées, de faire comme moi. Il ne vous arrivera rien, bien au contraire » lance-t-il. Depuis sa rencontre avec le Premier Ministre, Sébastine est inondé par des appels de ses amis et connaissances. Certains activistes des réseaux sociaux crient plutôt à la mise en scène, convaincus qu’il s’agit d’un montage. Alors, Sébastine, courageux, témoigne à visage découvert. Il demande avec force et courage aux autres jeunes d’abandonner cette activité de banditisme qui est bien loin des revendications de départ. Au nom de la patrie !

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