International Crisis Group: Les petits et gros méfaits d’une ONG « crisogène » contre le Cameroun
CAMEROUN :: POINT DE VUE

International Crisis Group: Les petits et gros méfaits d’une ONG « crisogène » contre le Cameroun :: CAMEROON

Dans son dernier rapport daté du 2 mai 2019, l’organisation non gouvernementale International Crisis Group (ICG) qui, comme son nom l’indique, ne vit que des crises qui existent, qu’elle devine ou qu’elle suscite à travers le monde, a une nouvelle fois rendu ses oracles sur le Cameroun.

Le sentiment général qui se dégage après la lecture de ce énième rapport d’ICG sur le Cameroun est que cette ONG est à la rescousse des sécessionnistes qui sont, de son propre aveu, désormais affaiblis car « divisés, […] à bout » et confrontés à « la majorité des populations du Nord-Ouest et du Sud-Ouest désormais opposée au boycott de l’école, aux villes mortes » et autres lockdowns. A contre-courant de l’opinion dominante au Cameroun qui est favorable à un Etat unitaire décentralisé, cette pseudo-ONG qui est en réalité, comme Amnesty International et Human Rights Watch, le bras armé de pouvoirs cachés, comme l’a bien vu l’ancien ministre français des Affaires étrangères Hubert Védrine (Cf. Les cartes de la France à l’ère de la mondialisation et ses ouvrages subséquents) tend à remettre en cause la forme actuelle de l’Etat au Cameroun en prônant un « dialogue entre les parties » en vue d’instaurer le fédéralisme au Cameroun.

Les projets funestes d’ICG pour le Cameroun deviennent limpides lorsqu’on se souvient que les mêmes pouvoirs réels qui soutiennent la nébuleuse d’ONG internationales généreusement financées par Georges Soros prônaient le fédéralisme au Soudan et que le résultat est une longue guerre civile ayant abouti à la partition de ce pays, aux massacres à grande échelle dans chacun des morceaux de l’ancien Soudan, avec en prime l’inculpation de l’ancien président soudanais Omar El Béchir par la Cour pénale internationale pour crimes contre l’humanité. L'info claire et nette. Cela est d’autant plus évident qu’en appelant à ce dialogue prétendument « inclusif », mais qui ne vise qu’à légitimer l’action et les méthodes des groupes terroristes sécessionnistes qui opèrent dans le Nord-Ouest et dans le Sud-Ouest, ICG met les sécessionnistes sur le même plan que l’Etat du Cameroun, notamment avec sa recommandation de concessions « graduelles et réciproques ». Il est en effet acquis en droit international public que la réciprocité ne s’applique qu’entre égaux. Il est donc clair qu’en recommandant « une plateforme de dialogue sur la forme de l’Etat et la réforme des institutions », ICG propose en réalité de faire table rase de l’Etat du Cameroun et de ramener le pays à la situation antérieure à l’indépendance.

Le pays devrait ainsi revenir à l’état de nature de Thomas Hobbes et renégocier le contrat social ex-nihilo, entre barbares déchaînés. Outre sa proposition aberrante de faire table rase des institutions de l’Etat, ICG enfonce des portes ouvertes en recommandant la reconnaissance officielle, par le président de la République, de l’existence du problème anglophone et « le respect des spécificités des régions anglophones ». La reconnaissance préconisée par les chiromanciens d’ICG a pourtant été faite à maintes reprises dans les discours du président à la Nation et à la jeunesse, et surtout, dans la profession de foi du candidat Biya ainsi que dans le discours de prestation de serment du président de la République le 6 novembre 2018. Au cours de ce dernier événement, Paul Biya a explicitement déclaré, et avec insistance : « Je veux souligner que je me suis attentivement penché sur les frustrations et les aspirations de la grande majorité de nos compatriotes du Nord-Ouest et du Sud-Ouest ».

Y a-t-il manière plus éloquente, y a-t-il occasion plus solennelle de reconnaître formellement l’existence problème anglophone ? La longue série de mesures prises pour remédier à cette situation ne participe-t-elle pas du reste de la reconnaissance (implicite) dudit problème ? Comment donc expliquer qu’avec ces données publiques et largement diffusées, l’ICG écrive dans son rapport du 2 mai 2019 que « [l]e pouvoir […] nie toujours l’existence d’un problème anglophone » ? Venant six mois après ce discours de prestation de serment, le constat s’impose qu’ICG fonctionne plus sur la base de préjugés que des réalités. Ce déni des réalités est manifeste lorsque l’on constate qu’ICG appelle, en mai 2019, à « prendre en compte les spécificités des systèmes éducatifs et judiciaires des régions anglophones »,longtemps après la traduction des textes de l’Organisation pour l’harmonisation en Afrique du droit des affaires en anglais, après le redéploiement du personnel judiciaire en fonction des particularités du droit civil et du Common Law, après le recrutement achevé de 1000 enseignants scientifiques bilingues majoritairement anglophones affectés au Nord-Ouest et au Sud-Ouest, après la création d’une Section Common Law à la Cour Suprême et à l’Ecole nationale d’Administration et de magistrature ENAM), après le recrutement d’un plus grand nombre d’enseignants d’expression anglaise à la division de la magistrature et des greffes de l’ENAM, après la création d’un Comité ad hoc dédié spécifiquement aux problèmes des syndicats d’expression anglaise, après l’extension de l’offre de formation des universités de Buea et de Bamenda, y compris par la création en leur sein de nouveaux établissement déjà fonctionnels à l’instar de l’Ecole polytechnique de Bamenda, après la création de départements d’English Law déjà fonctionnels dans les Universités de Douala, Dschang, Maroua et Ngaoundéré, après de nombreuses nominations d’anglophones dans des postes clés du Gouvernement et leur surreprésentation parmi les recteurs des huit universités d’Etat (3/8), etc.

Dans ce contexte, les recommandations de l’ICG sont illogiques, absurdes et ridicules. C’est dans ce registre qu’il faut situer la recommandation tendant à prendre en compte « l’exigence d’autonomie exprimée par les populations anglophones ». Une pseudo recommandation qui survient après que l’Etat ait nommé un ministre exclusivement chargé de la Décentralisation et du Développement local, octroyé 45 milliards de francs CFA à ce nouveau département ministériel dans la perspective de l’accroissement des compétences des collectivités décentralisées et du renforcement de leur autonomie avant de promulguer la loi qui ouvre la perspective des élections régionales dans les prochains mois. Il y a lieu de rappeler que le mode de « décentralisation » choisi par le constituant du 18 janvier 1996 apparaît, d’un point de vue scientifique, comme une technique de fédéralisme nonethnique et non-socio-linguistique qui correspond à un ‘fédéralisme régional’, par opposition au ‘fédéralisme ethnique ou socio-linguistique’, réputé périlleux.

Le Régionalisme consacré par la Constitution du 18 janvier 1996 équivaut littéralement au fédéralisme contemporain dans les Etats fédéraux. D’autant que les Etats fédéraux tendent à fonctionner en réalité comme les Etats décentralisés et que les Etats unitaires se décentralisent progressivement. Camer.be. L’une des rares caractéristiques du fédéralisme qui manque à l’appel au Cameroun à l’heure actuelle est la prérogative d’auto-organisation constitutionnelle qui permet aux Etats membres d’un Etat fédéral de se doter d’une constitution. Dans ce contexte, il est évidemment grotesque de prétendre, comme le fait ICG, que la décentralisation ainsi conçue serait une « décentralisation en trompe-l’oeil […]une décentralisation de façade […] qui ne confère pas une autonomie suffisante aux collectivités territoriales décentralisées ».

L’engagement du Cameroun en faveur d’une autonomie des collectivités locales a été consolidé par la ratification de la Charte africaine des Valeurs et des principes de la décentralisation, de la gouvernance locale et du développement local de l’Union africaine, adoptée le 27 juin 2014 à Malabo (en vertu de la Constitution, les traités ont une valeur supérieure aux lois au Cameroun). L’adhésion à cet instrument de référence régional en matière de décentralisation et de gouvernance locale a coupé l’herbe sous le pied d’ICG qui vient, sur le tard, prétendre que le pouvoir « refuse d’améliorer le cadre législatif de la décentralisation » avant de recommander d’« approfondir sensiblement le cadre légal de la décentralisation » au Cameroun.

L’ensemble des mesures sociologiques prises pour répondre aux demandes sociales des populations des régions du Nord-Ouest et du Sud-Ouest, rappelées ci-dessus, auxquelles il faut ajouter la libération d’environ 300 activistes anglophones en décembre 2018 –sans compter ceux de la première vague – montrent suffisamment la mauvaise foi d’ICG qui s’acharne à prétendre que le gouvernement « mise sur une victoire militaire » pour mettre fin aux agissements des groupes armés sécessionnistes. Comme si les mesures rappelées ci-dessus avaient un caractère militaire. En réalité, l’ICG est mue par des motifs inavoués, car cette pseudo-ONG appelle à « un dialogue inclusif » qui serait précédé par une « Conférence générale anglophone » pilotée par d’authentiques opposants en soutane. Le Cardinal Tumi, porteur de ce projet est, l’évidence est aveuglante, disqualifié pour servir de médiateur entre l’Etat et les sécessionnistes, eu égard à ses prises de position et autres déclarations à la presse, notamment résumées sur quatre colonnes à la Une du quotidien La nouvelle Expression n° 4403 du 25 janvier 2017, sous le titre « Crise anglophone. Le Cardinal Tumi condamne le Renouveau ».

A la page 2 de ce journal, l’auteur de l’article qui rappelle que le Cardinal est originaire de Kumbo (dans le Nord-Ouest), souligne qu’il est « réputé […] très acerbe et iconoclaste à l’égard du régime de Paul Biya », avant de poursuivre : « dans une interview diffusée hier matin sur Radio France internationale (Rfi), [il] stigmatise les agissements du pouvoir en place qui a opté pour la répression vis-à-vis des grévistes » (sic). Chacun comprend qu’une « Conférence générale anglophone » organisée un personnage aussi « acerbe » ne peut conduire qu’à tenter d’imposer les vues des terroristes anglophones qui torturent atrocement, égorgent, dépècent et éventrent les corps de leurs victimes civiles et militaires à l’Etat du Cameroun. L’ICG reconnaît d’ailleurs qu’une telle conférence pourrait déboucher sur « un référendum d’autodétermination qui donnerait le choix entre fédéralisme et indépendance ». Ce qui n’est guère rassurant pour l’intégrité du territoire national.

Au fond, il n’y a objectivement strictement rien à en tirer, dans la mesure où la Commission nationale pour la promotion du bilinguisme et le multiculturalisme, présidée par un ancien premier ministre anglophone, a déjà organisé des réunions dans les deux Régions afin de recueillir les demandes sociales des populations concernées. Quant à la représentation politique, les élections municipales et régionales annoncées pour l’année en cours constituent indubitablement le cadre approprié pour permettre aux populations de choisir librement leurs dirigeants locaux. Mais comme d’habitude, les « fins limiers » de l’ICG ignorent ces données de base, minimisent les atrocités abominables des terroristes sécessionnistes anglophones qu’ils habillent joliment sous le manteau d’« abus contre les civils ».De plus, leur rapport du 2 mai 2019 mélange allègrement historique et état des lieux. Il en résulte que plusieurs passages du document sont anachroniques ou incompréhensibles pour l’observateur d’aujourd’hui.

Tel qu’annoncé, l’horoscope d’ICG n’annonce qu’un ciel sombre pour le Cameroun. Dans sa fureur prophétique, ICG annonce entre autres un « risque de communautarisation du conflit élevée », une économie exsangue qui dispose paradoxalement des réserves les plus importantes à la Banque des Etats de l’Afrique centrale parmi les Etats de la zone CEMAC suivant la dernière note de conjoncture, ce qui n’était guère le cas il y a une décennie. ICG annonce aussi « des tensions communautaires dans la partie francophone », autour des élections annoncées. Ces prédictions sont d’autant plus improbables et nocives que depuis 2010, l’ICG a multiplié des salves de prophéties de malheur (chaos, guerre civile, famine, coup d’Etat, etc.) jamais réalisées et de multiples contrevérités sur le Cameroun.

Dans son rapport n° 160 du 25 mai 2010, l’ICG a ainsi répété les inepties de camerounais de mauvaise foi, parfois des experts en droit constitutionnel du dimanche, qui prétendaient qu’après l’adoption de la Constitution du 18 janvier 1996, le Cameroun a « de facto deux constitutions en même temps » de sorte que le pouvoir sélectionne arbitrairement des dispositions à appliquer dans l’une ou dans l’autre. Démenties par la réalité et le vécu des institutions qui montre que l’ancien texte n’a plus jamais été utilisé ou invoqué, cette fausse thèse est rentrée dans les oubliettes, sans qu’ICG ne juge bon de faire son mea culpa. Dans le même me rapport, l’ICG avait annoncé « la possibilité de violences autour des élections [de] 2011 ». Or, le Cameroun a rarement connu une élection plus paisible que celle-là.

Son art divinatoire également l’a conduit, en mai 2010, à dessiner un scénario de succession où « les élites actuelles trouvent un consensus et sortent maîtres de la situation », avant de se contredire en affirmant le mois suivant que les barons du RDPC « sont incapables de s’allier ». Dans le même Rapport du 24 juin 2010, ICG a livré une autre contrevérité dont elle a le secret : « Une candidature de Paul Biya en 2011 serait sans doute source de tensions aigues, étant donné son impopularité auprès des Camerounais ». L’homme du 6 novembre a pourtant été réélu haut la main en 2011… et réélu triomphalement en 2018 avec 71% des suffrages valablement exprimés. Dans ce même rapport, ICG a laissé entendre qu’une armée solide ne doit compter qu’un seul général, en affirmant qu’« en 1984, l’armée camerounaise ne comptait qu’un seul général[…] Aujourd’hui, avec 21 généraux, […]sa solidité est loin d’être garantie. [ce] qui pourrait donner l’occasion à un officier de se présenter comme celui qui pourra ‘balayer la maison’ ».

Ainsi, en suivant le raisonnement d’ICG, une armée comme celle de France qui comptait déjà 376 généraux en 2018 serait tout simplement inopérante… et un officier devrait envisager d’y mettre bon ordre en « balayant la maison ». Les prédictions suivantes d’ICG écartent tout doute sur son objectif ultime qui est de susciter un régime change au Cameroun : en 2014 (Briefing Afrique n° 101 du 4 septembre), lisant dans le Marc de café, cette pseudo-ONG a annoncé que « pour éviter que le RDPC sombre dans des luttes de clans auto-destructrices, Paul Biya doit clairement annoncer son intention de ne pas briguer un prochain mandat ». Or Paul Biya a ignoré cet avertissement et jusqu’à ce jour, aucune « lutte de clans auto destructrice » n’est observable au sein du RDPC… Plus près de nous, avant la présidentielle de 2018, ICG a encore annoncé, dans son Briefing n° 142 du 3 octobre 2018, que « la situation ressemble à bien des égards à celle de 2008 ». Or, jusqu’à ce jour aucune déflagration comparable, même de loin, à celle de 2008 n’a été observée dans les principales villes du pays.

Avec des rapports qui défient la réalité, annonçant toutes sortes de calamités, truffés de contre-vérités, d’appels à l’insurrection, au coup d’Etat ou à la démission du chef de l’Etat, il est évident que l’ICG s’est donnée pour mission de susciter des crises au Cameroun et de les aggraver, sous le prétexte de contribuer à les prévenir ou à y remédier. C’est peut-être pour cette raison que cette pseudo-ONG porte bien son nom : International Crisis Group.

Lire aussi dans la rubrique POINT DE VUE

Les + récents

partenaire

Vidéo de la semaine

évènement

Vidéo


L'actualité en vidéo