Célestine Ketcha Courtès : « J’ai résilié les contrats des entreprises indélicates »
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Lors de la campagne électorale qui a conduit à son élection, le président Paul Biya s’était engagé à améliorer les conditions de vie des Camerounais. Comment vous êtes-vous appropriée cet engagement au cours des 150 premiers jours, concernant le département ministériel dont vous avez la charge ?
Je tiens d’abord à vous remercier pour l’occasion que vous m’offrez, pour parler des volets habitat et développement urbain, dans le cadre du septennat des Grandes Opportunités du chef de l’Etat, S.E. Paul Biya, qui m’a fait l’insigne honneur de m’associer à la mise en œuvre des grandes actions de ce septennat historique pour l’amélioration des conditions de vie des Camerounais. En matière d’habitat, les missions confiées au département ministériel dont j’ai la charge ont été mises en relief par le chef de l’Etat dans les deux derniers discours qu’il a récemment prononcés en ces termes : « je persisterai à consacrer tous mes efforts à mettre en valeur une politique d’habitat social digne de ce nom » et « nous continuerons donc à résoudre le problème lancinant de l’habitat social ». Le message du président de la République est assez clair : offrir un logement décent et abordable à tous les Camerounais. Depuis ma prise de fonction, je n’ai ménagé aucun effort pour toucher du doigt la réalité du quotidien des Camerounais en termes de mobilité urbaine, d’accès au logement et d’assainissement. L'information claire et nette. Et toutes les actions menées sur le terrain mettent l’humain au centre de nos préoccupations, tel que le veut le Président de la République. C’est pour cela que dans le cadre de la mobilisation citoyenne, je multiplie des séances de travail avec des associations de quartiers et des comités de développement, à l’effet de créer une synergie indispensable au développement harmonieux de la ville et à l’épanouissement de chaque individu. Et, surtout pour amener les populations à savoir saisir les opportunités que leur offre le président de la République Son Excellence Paul Biya à travers la signature des Objectifs de développement durable, des autres grands agendas de développement et la mise en œuvre des grands projets de voirie, de logements et de drainage. Ces opportunités peuvent se matérialiser non seulement en termes d’amélioration du cadre et des conditions de vie, mais aussi d’offres d’emplois pour les populations riveraines de ces projets.

Quelles premières actions concrètes sur le terrain ?
Sur le plan local, nous avons, à Yaoundé, dans un bel élan d’intercommunalité entre la mairie de Bangangté (dont je viens de passer les commandes au Dr Kouamouo Jonas) et la Communauté urbaine de Yaoundé, vidangé des stations d’épuration, curé des caniveaux, et procédé à l’arrosage de quelques chantiers de voirie (dont celui de Nkolmesseng) et organisé les populations, afin qu’elles se l’approprient. Leur qualité de vie s’en est trouvée amé- liorée.Toujours dans la cité-capitale, les fruits de la mobilisation citoyenne ont été cueillis le 11 janvier 2019, au lendemain de ma descente sur le chantier de construction de la route Marché d’Essos-Terminus Mimboman. De fait, les conteneurs abritant les boutiques installés sur l’emprise de la route ont été déplacés par leurs propriétaires, permettant que ce chantier connaisse un coup d’accélérateur. Toutes mes descentes sur le terrain me permettent de vulgariser les vertus de cette mobilisation citoyenne qui fera du développement durable de notre pays la cause nationale appelée de tous ses vœux par le président de la République, afin que tous les acteurs se l’approprient et en fassent usage dans toutes les phases du cycle du projet. En matière de résorption du déficit en logements estimé à 1,5 millions d’unités, mon département ministériel a signé une convention de partenariat avec la société Cimencam et un accord de principe avec le Groupe Duval, promoteur immobilier français. Les contacts se poursuivent avec d’autres partenaires, pour permettre à davantage de nos compatriotes d’avoir accès à un logement décent. L’occasion m’a aussi été donnée de rencontrer les entreprises et les autres acteurs impliqués dans les chantiers de voirie et de construction des logements. Afin de permettre la poursuite d’une exécution harmonieuse des travaux, des réunions se sont tenues avec les concessionnaires Eneo, Camwater et Camtel ; la dernière a connu la participation de mon collègue du ministère de l’Eau et l’Energie. Les chantiers de voirie font aussi partie de mes préoccu- pations. Après ma récente descente sur le chantier de construction de l’Autoroute Yaoundé-Nsimalen, qui m’a permis de noter que le taux d’exécution est évalué à 90 % sur la section rase campagne, j’ai présidé le 4 avril 2019, au Lycée d’Ahala, une réunion de consultations publiques et de mobilisation citoyenne, destinée à permettre aux riverains de s’approprier ledit projet. Camer.be. De même, les projets de voirie placés sous le financement du Fonds routier viennent d’être boostés par l’engagement que j’ai pris, de résilier les contrats des entreprises indélicates et de communiquer leurs noms au ministère des Marchés publics, afin qu’elles soient suspendues de la commande publique. Dans le sillage du processus de décentralisation, j’ai présidé une réunion de lancement d’une part, des projets de voirie d’un montant d’environ 3,5 milliards FCFA, trans- férés en 2018 par le département ministériel dont j’ai la charge, à 36 Collectivités territoriales décentralisées. Et d'autre part, des projets de construction des équipements d'éclairage public des carrefours, axes structurants et places urbaines de quelques Communes camerounaises. L'info claire et nette. Afin d’améliorer les conditions de vie des populations, un accord de crédit de près de 94 milliards FCFA a été récemment signé entre le ministère de l’Economie, de la Planification et de l’Aménagement du territoire et la Banque mondiale. Il est destiné au financement du Projet de développement des villes inclusives et résilientes, placé sous la houlette du Minhdu, qui succède au Projet de développement des secteurs urbain et d’approvisionnement en eau et cible sept villes camerounaises. Les actions engagées par l’Etat, avec le soutien des populations riveraines et des autorités administratives, amélioreront à terme la mobilité urbaine dans les principales artères de la ville. Les populations ont été sensibilisées sur la nécessité de libérer la chaussée. C’est dans ce sillage que se situent les rencontres de mobilisation citoyenne que j’ai organisées et auxquelles ont pris part des maires et les sous-préfets des arrondissements de Yaoundé I, IV et V.

Que prévoit votre programme d’actions pour le reste de cette première année du septennat ?
Mon programme d’actions pour cette année se résume essentiellement dans un premier temps en la mise en œuvre effective de la feuille de route que le Premier ministre, chef du gouvernement, m’a prescrite et qui vise l’amélioration de l’offre en logements décents et de la mobilité urbaine telle que souhaitée par le chef de l’Etat, sans oublier le renforcement de l’hygiène et de la salubrité, ainsi que l’assainissement. A cet effet, les orientations ont été données à mes services compétents pour trouver des solutions durables à la crise en logements décents au Cameroun. Pour y parvenir, nous explorons des voies de financement à travers les entreprises citoyennes. Sur ce plan, je puis vous annoncer des négociations engagées avec l’entreprise Cimencam. Naturellement, des stratégies ont été élaborées pour parachever les travaux des premiers 1675 logements confiés aux PME nationales. Nous avons également obtenu l’accord de l’accompagnement du Programme des nations unies pour les établissements humains (ONU-Habitat) et de l’Union européenne, pour l’institutionnalisation d’un concours ‘’Villes propres’’, à lancer dès 2019, dans les 10 régions du Cameroun, en partenariat avec le ministère de la Décentralisation et du Développement local et le ministère de l’Administration territoriale.

Le président de la République parle désormais de mettre en valeur une politique d’habitat social digne de de ce nom et non plus seulement de logement social. Percevez-vous ce changement dans le discours comme la nécessité d’un changement d’approche ?
Nous pensons qu’il s’agit effectivement d’un changement radical de cap ou de paradigme. En effet, face aux déficits et aux nombreuses carences constatées dans la mise en œuvre des Programmes en cours, nous suggérons une stratégie s’appuyant sur dix principaux leviers intégrant non-seulement des problématiques liées au logement, mais davantage celles plus globales relatives à l’habitat qui intègre outre le logement, l’environnement institutionnel, juridique, physique, financier et opérationnel lié à l’habitation. Ces leviers sont : l’accélération du cadre juridique à travers entre autres, l’élaboration d’une véritable loi sur l’habitat social, clarifiant les cibles et les critères d’éligibilité aux produits sociaux. Camer.be. Il s’agira aussi d’accélérer la réforme foncière visant à faciliter l’accès à la propriété foncière et à élargir le champ des incitations à la promotion immobilière ; La simplification du cadre institutionnel d’intervention des acteurs, et la mise en place d’un mécanisme de coordination intra-sectoriel efficient ; la maîtrise du foncier, en s’appuyant sur des sites aménagés par la Maetur et en capitalisant leur expérience acquise dans le cadre de l’aménagement concerté ; Le renforcement des capacités opérationnelles de la Sic et la rénovation/densification des anciennes Cités Sic en immeubles futuristes de grandes hauteurs assurant une mixité de logements (sociaux et standings) ; la diversification des sources de financements appelant notamment la création d’un fonds de financement et de garantie hypothécaire, en vue notamment d’augmenter les investissements dédiés à l’habitat en général, et faciliter les conditions d’accès au crédit hypothécaire pour les couches modestes. Reforme induisant nécessairement la mutation du Crédit foncier du Cameroun en une véritable Banque de l’habitat ; la mise en place d’une fiscalité dédiée, permettant de réduire les coûts des intrants et d’atteindre les véritables cibles des programmes sociaux d’habitat ; l’industrialisation de la production des matériaux classiques, innovants ou locaux à travers entre autres, le renforcement du rôle de la Mipromalo dans ses missions de recherche et de promotion et d’installation d’unités industrielles dédiées aux matériaux produits localement ; la généralisation et l’intensification de Programme d’habitat mixtes (le standing équilibrant le social…) par la mise en œuvre d’un programme ambitieux de construction de 100.000 logements de tous types d’ici 2030, dans les 10 régions du pays, et impliquant les Collectivités territoriales décentralisées, et le secteur privé dans le cadre des Partenariats-public-privés ; l’encadrement de l’auto-construction et l’amélioration des conditions d’habitat des populations, par la mise en place de diverses mesures de facilitation technico-financier et l’appui à l’organisation des populations en coopératives et mutuelles d’habitat; la formation et le renforcement des capacités des acteurs notamment dans le cadre du transfert des technologies de production des logements de masse.

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