Joseph LE : « Nous faisons la finalisation du projet SIGIPES 2 »
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Monsieur le Ministre, cela fait un an que le président de la République vous a porté à la tête du ministère de la Fonction publique et de la Réforme administrative. Que retenir de cette première année ?
Permettez-moi d'abord de vous remercier pour cette opportunité qui m'est offerte pour jeter un coup d’œil rétrospectif sur les activités que nous avons menées au MINFOPRA depuis mon arrivée et surtout pour dire aux usagers ce que nous faisons pour eux. Cela dit, je m’appesantirai essentiellement sur les activités phares susceptibles d'intéresser le grand public. À cet effet, nous avons : le traitement de 5385 dossiers disciplinaires par la Division de la Discipline et du Contentieux, dont 3619 issus du processus de migration vers le SIGIPES II, et les agents concernés suspendus de solde pour diverses raisons; notamment les absences irrégulières; la poursuite de la mise à jour du fichier des personnels de l’Etat dont l’effectif s’élève à 259 063 agents publics (161 401 fonctionnaires, 84.543 contractuels, 13.119 décisionnaires). Ce décompte n’inclut pas les effectifs des corps de l’Etat dont la gestion échappe à la compétence du MINFOPRA (personnels de l’armée, de la police, de la justice, etc.) ; l’organisation du recrutement spécial à l’ENAM de la deuxième vague de 30 élèves-greffiers et 50 auditeurs de justice d’expression anglaise, destinés aux juridictions des régions du Nord-Ouest et du Sud-Ouest ; le traitement à ce jour d'environ 30 000 dossiers de carrières sur les 33.235 courriers y afférents reçus. On peut donc estimer le taux de traitement des dossiers de carrière à 90,27%. S'agissant des instances, soit 3.235 dossiers non traités, en raison des insuffisances techniques du SIGIPES que nous nous attelons à corriger, ou à cause de leur incomplétude, voire de toute autre raison indépendante de nos services, notamment le non-respect des délais et procédures, principalement des mises en stage et des liquidations de droit soumises à la prescription quadriennale.

Quelles sont les obstacles que vous avez surmontés ?
Il faut relever que des difficultés matérielles subséquentes aux contraintes financières fortes que connait le MINFOPRA, obèrent souvent notre pro activité pour un traitement diligent des dossiers de nos usagers. Il s’agit de l’organisation de 161 concours qui ont permis de pourvoir à 5179 places au total; la dématérialisation expérimentale en cours des procédures administratives dans cinq administrations ; la réalisation des travaux d’interconnexion aux réseaux locaux (intranet et internet) et SIGIPES dans nos 10 régions. Sans compter la poursuite de la déconcentration de la gestion des personnels de l’Etat et de la Solde notamment en ce qui concerne l’automatisation des avancements et la liquidation des droits. Autres faits : la conduite des actions de prévention et de répression des actes de corruption dans les services centraux et déconcentrés du MINFOPRA ; l’évaluation technique, juridique, managériale et financière du projet relatif à la nouvelle application de la gestion des ressources humaines de l’Etat (SIGIPES II), requise par la hiérarchie. Il est aussi important de noter aussi la réhabilitation et la mise à jour du Fichier Central du MINFOPRA dans le cadre de l’Initiative à Résultats Rapides (IRR) déployée à la Sous-direction du fichier central et de la documentation sur: «le classement des originaux des actes de carrière des personnels de l’Etat, en dehors de ceux relevant des statuts spéciaux ». Je voudrai mettre en exergue le concept de « Fonction Publique de Proximité » qui a été notre leitmotiv tout au long de l'année. C'est une fonction publique à visage humain, qui place l’Homme au centre de toutes les préoccupations. Ce paradigme nous a permis au cours de cette année : de mettre en service une adresse mail professionnelle, via laquelle les usagers non satisfaits par la prestation fournie par mes services ou qui sollicitent des clarifications sur leur situation administrative, peuvent me saisir directement à l’adresse : joseph.le@minfopra.gov.cm; de relooker le site web de notre département ministériel; d’organiser des points de presse périodiques à l’adresse des usagers et médias, dont à Yaoundé, à EBOLOWA, à Ngaoundéré et à Bertoua. Au cours desdites rencontres, de nombreuses requêtes ont été recueillies et solutionnées, afin d'améliorer l’accueil et le renseignement des usagers dans les services centraux et déconcentrés, afin d’éviter aussi les déplacements à risques et parfois onéreux effectués pour le suivi des dossiers.

Vous venez de procéder à l’installation des hauts responsables nommés par des Décrets du président de la République et du Premier Ministre, chef du gouvernement, mais aussi par arrêté ministériel. Quelles sont vos attentes vis-à-vis de ces collaborateurs promus ?
Mes attentes qui sont à la fois d'ordre général et spécifique, varient en fonction des missions qui relèvent désormais de leurs responsabilités respectives. A titre d'exemple, je mets un point d'honneur à la redynamisation de la cellule ministérielle de lutte contre la corruption dont les résultats jusqu'ici sont loin d'être probants et à la réalisation périodique, en liaison avec la CONAC, des Initiatives à Résultats Rapides (IRR), afin de booster les segments de notre département ministériel, en proie à la léthargie ou paralysé par des goulots d'étranglement et autres pesanteurs. Je sais pouvoir compter sur les promus pour mettre fin aux pratiques et attitudes qui n'honorent pas la Fonction publique et que je fustige. Je leur ai aussi prescrit de mettre l'accent sur l'amélioration de la qualité du service, la célérité dans le traitement des dossiers, l'éradication des mauvaises pratiques telles que le rançonnement des usagers, les trafics de toutes sortes dans les concours administratifs, les intrigues et les abus d'autorité. J'attends d'eux de la disponibilité, de l'efficacité et de la discrétion professionnelle. J'ai à cœur qu'ils entretiennent un climat de travail sain, une bonne communication, un décloisonnement efficace dans le traitement des dossiers et surtout qu’ils fassent preuve de loyauté envers les institutions de la République. De surcroit, ils devront rapidement intégrer les priorités du chef de l'Etat qui interpellent le MINFOPRA. Il s'agit notamment de l'amélioration des conditions de travail des agents publics qui passe aussi par la révision du cadre juridique, et de l'optimisation de l'utilisation du numérique dans l'Administration Publique.

Dans votre discours de circonstance, vous avez insisté comme toujours sur la cessation des mauvaises pratiques qui continuent de gangrener l’administration publique. Comment entendez-vous débusquer ces francs-tireurs afin que le service public continue d’être gratuit ?
En effet, il faut faire cesser les mauvaises pratiques auxquelles se livrent certains personnels véreux. A cet égard, j'ai fait à dessein, un rappel à l'ordre en raison de nombreuses dérives constatées dans certaines structures où la gratuité du service public que nous prônons ardemment, est bafouée. La cellule ministérielle de lutte contre la corruption est le principal acteur de la croisade contre ce fléau. Je voudrai saisir cette opportunité que vous m'offrez pour mettre en exergue ce que nous faisons et ce que nous comptons faire. Nous avons commencé à sensibiliser nos personnels sur la nécessité de changer de comportement ainsi que les sanctions auxquelles les récalcitrants s'exposent. Nous avons élaboré et publié un opuscule de lutte contre la corruption pour toucher et édifier un plus large public. Nous avons instauré des boîtes à suggestions pour recueillir les dénonciations anonymes ou non et les propositions d'amélioration faites par nos usagers. Nous avons sanctionné ceux qui ont été épinglés. Nous avons multiplié les canaux de renseignement à distance (Internet et téléphone) pour limiter les contacts entre les usagers et les agents métiers. Nous allons accentuer la répression qui a un effet dissuasif, et multiplier les descentes inopinées dans les services. Nous envisageons d'élaborer des codes standards de conduite et une charte d'éthique au MINFOPRA. Nous voulons aussi intensifier la sensibilisation en direction des usagers dont la collaboration est indispensable pour l'éradication de ce fléau et instaurer un numéro vert pour la dénonciation. Des dépliants contenant des extraits de l'opuscule seront également mis à contribution. Comme je l'ai dit ce jour-là, il est impérieux de débusquer et de sanctionner de manière exemplaire ceux qui jettent l'opprobre sur le MINFOPRA. Cependant, il est illusoire de penser que l'administration puisse gagner ce combat seule. Si les usagers veulent que ça change, ils doivent aussi y contribuer. Ne plus encourager le monnayage en proposant des pots de vin avant ou après le service. Ne plus céder au harcèlement des agents véreux. Dénoncer les actes ou tentatives de corruption dont ils sont victimes ou témoins. Récemment encore, j'ai publié deux notes d'informations relatives aux arnaques récurrentes dans les concours administratifs pour exhorter à plus de vigilance, de responsabilité.

Le défi reste la satisfaction au mieux des usagers avec le credo: "Au MINFOPRA, l’usager est roi". Comment concrétiser cette assertion ?
Comme je l'ai toujours dit, les usagers sont la raison d'être du service public. Nous en sommes plus que jamais conscients. Il vous souvient que lors de la célébration de la journée africaine de la Fonction publique, le 23 juin dernier, j'ai initié une démarche inhabituelle à travers une correspondance à nos usagers dont nous n'étions pas suffisamment proches par le passé. Il était nécessaire d'établir avec eux, un dialogue en toute franchise. Il se poursuit à travers nos points de presse ouverts au public, qui visent à édifier l'opinion sur nos activités et à adresser certaines préoccupations spécifiques. Dans le souci d'atténuer les souffrances de nos usagers et de leur fournir le maximum d'informations utiles où qu'ils soient, nous avons refait notre portail web (www.minfopra.gov.cm) et mis sur pied un dispositif spécial d'accueil, de collecte de dossiers et de renseignements au sein de nos délégations régionales. Il permet également d'acheminer les actes signés vers les usagers qui en font la demande. Je ne reviendrai pas sur les efforts de communication que j'ai déjà présentés. Je vais seulement réitérer que l'application SIGIPES est désormais déployée dans nos délégations régionales. Nos usagers y reçoivent en temps réel, la même information que celle disponible à Yaoundé. De surcroit, je n'hésite pas souvent à aller à leur rencontre dans l'enceinte du MINFOPRA où des tentes dotées de points d'eau, sont aménagées à leur intention pour les protéger des intempéries. Nous y tenons des concertations régulières avec les représentants de différentes corporations syndicales. Ces efforts vont se poursuivre en dépit des difficultés auxquelles nous sommes confrontés, car avec la volonté, on peut commencer à faire bouger les lignes.

Le volet coopération notamment avec le Centre africain de formation et recherche d’administration pour le développement (CAFRAD) n’est pas en reste dans cette nouvelle donne. En quoi va-t-il consister concrètement ?
De prime abord, il faut dire que nous essayons de redynamiser le volet coopération au MINFOPRA, étant donné le caractère indispensable de l'apport des partenaires qui sont disposés à nous accompagner. Le Centre africain de formation et recherches en administration pour le développement (CAFRAD) qui compte 38 Etats-membres, est justement l'un des partenaires, que dis-je, le partenaire sur lequel le MINFOPRA s'appuie le plus ces dernières années. A ce titre, nous avons engrangé quelques lauriers, à l'instar du prix de l'Excellence dans les catégories "Innovation et amélioration de la qualité du service public" ainsi que "Promotion de l'approche genre dans la Fonction Publique" que le Cameroun a consécutivement remporté en 2016 et 2017, grâce à ses projets relatifs à "l'Amélioration du système de liquidation des droits des agents publics" et au "Palmarès genre des Administrations Publiques". Au-delà des échanges qui, depuis la tenue à Yaoundé en 2008 de l'unique Conseil d'administration du CAFRAD hors du Maroc, se sont intensifiés avec l'organisation au Cameroun de plusieurs symposiums dont le plus récent est la conférence des Ecoles nationales d’administration (ENA) d’Afrique qui s'est déroulée à l'ENAM du 4 au 6 mars dernier, cet organisme panafricain a signé des conventions de partenariat avec les deux établissements sous tutelle du MINFOPRA. Pour chapeauter cela et élargir les perspectives, un projet de convention est en cours de finalisation avec le département ministériel dont j'ai la charge. L'info claire et nette. Concrètement, ce partenariat permettra au MINFOPRA de bénéficier de l'appui et de l'expertise du CAFRAD dans la réalisation des projets stratégiques que sont la numérisation des archives du fichier central et l'introduction de la biométrie dans la gestion des ressources humaines de l'Etat du Cameroun. Enfin et pour donner une tournure diplomatique majeure à cette relation spéciale avec le CAFRAD dont le Directeur général en poste depuis mai 2014 est Camerounais, la réflexion est en cours, en vue de l’organisation au Cameroun, de la 57e session du Conseil d'administration dudit organisme ainsi que le 15ème Forum panafricain Ministériel sur la modernisation de l'Administration publique et des institutions de l'Etat. Si cette démarche aboutit, nous aurons franchi une étape cruciale dans ce partenariat privilégié avec à la clé, des retombées considérables pour le rayonnement continental de notre pays.

Quelles sont les perspectives du MINFOPRA pour l'exercice 2019 qui est en cours ?
Pour l’exercice 2019, il est pour nous question de poursuivre la réalisation des missions statutaires du MINFOPRA définies dans le décret du 29 mars 2012 portant organisation dudit ministère d'une part, et d'implémenter les mesures préconisées par le président de la République lors de son discours d'investiture, le 6 novembre dernier, d'autre part. En effet, le chef de l'Etat s'est engagé à « l'amélioration des conditions de travail des agents du service public afin de leur permettre de mieux participer au progrès de notre pays ». Pour ce faire, le MINFOPRA qui est le conseil du gouvernement en matière de gestion des ressources humaines et de réformes administratives, a élaboré un projet de plan d’actions du septennat, pour identifier un panel d’actions novatrices dont les plus emblématiques visent à promouvoir un meilleur épanouissement des agents publics à travers l'actualisation des textes et la mise en place de mesures incitatives pour les agents publics vertueux. L'optimisation de l'utilisation du numérique dans l'administration publique, n'est pas en reste. Je ne reviendrai pas sur les projets stratégiques que j'ai évoqués tantôt et que nous comptons réaliser avec le concours du CAFRAD. Dans la foulée, je voudrais signaler que pour améliorer les aptitudes en management des agents publics, l'Institut supérieur de management public (ISMP) qui assure la formation continue de ces derniers, va bénéficier d'une attention particulière. Cet établissement est confronté à d'énormes difficultés et nous sommes en train de mettre sur pied un groupe de travail interministériel pour le relever. Parallèlement, le MINFOPRA va s'atteler à mettre en œuvre la Lettre de Mission assignée par le Premier mi- nistre, chef du gouvernement qui nous prescrit, pour l'exercice 2019 de: poursuivre le traitement des 4.109 dossiers disciplinaires de personnels de l'Etat dont 3.619 ont été suspendus de solde pour diverses raisons, notamment pour cause d'absence irrégulière; poursuivre la mise à jour du fichier des personnels de l'Etat, en relation avec le MINFI; soumettre aux services du Premier ministre, au plus tard à la fin du premier semestre 2019, un plan de rationalisation des concours administratifs, au regard de l'augmentation sans cesse croissante de la masse salariale; accélérer la dématérialisation des procédures, ainsi que l'introduction des normes de rendement au sein de l'administration publique; accélérer le processus de modernisation de la gestion des agents de l'Etat. Camer.be. Pour cette dernière directive, je dois dire que nous faisons de la finalisation du projet SIGIPES 2 qui est relatif à la mise en œuvre de la nouvelle application de la gestion des ressources humaines de l’Etat et de la solde, le chantier phare du MINFOPRA. Faut-il le rappeler, le principal défi du département ministériel dont j'ai la charge, est de satisfaire au mieux les usagers pour lesquels il existe et de faire de l'administration publique Camerounaise, une force de progrès, comme le demande le président de la République, Son Excellence Paul BIYA.

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