« Allô, bonsoir Chef, je suis Jean Bella. Je vous appelle pour vous dire qu'à l'instant même, il y a des bandits qui forcent l´entrée de chez moi. »

« Et vous c´est qui ? »

« Moi ? Je suis le propriétaire de la maison »

« Et les bandits, combien sont-ils ? »

« Je n´en sais rien »

« Et comment sais-tu que ce sont les bandits si tu ne les vois pas ? »

« Chef, ils forcent ma porte, ils sont entrain de scier la clé. Pardon, faites quelque chose. »

« D´accord, mais nous n´avons pas de carburant. »

« S´il vous plaît Chef ! Ma famille et moi, nous allons mourir si vous n´intervenez pas. »

« Qui vous a dit qu´ils viennent pour vous tuer ? Nous n´avons pas d´essence. Venez à la station nous donner de quoi mettre l´essence. »

Voici une conversation on ne peut plus kafkaïenne entre une victime du vol et la police. Constat amer : De tels appels de détresse vont crescendo dans toutes les villes camerounaises, laissant les forces de l´ordre indifférentes. Vous êtes victime d´une agression et les forces de maintien de l´ordre et de la sécurité vous demanderont de venir au poste pour fournir de quoi mettre le carburant. « Venir à crédit ? » Il est hors de question.

Jean Bella (nom changé) sera agressé, tabassé, torturé, sa maison fouillée de fond en comble et dépouillée. A l´issue de cette agression, il sera obligé de se rendre au commissariat. On lui demande 5 milles FCFA pour le carburant. N´ayant plus un seul rond, il appelle son frère ainé qui vient immédiatement payer la somme exigée. A la grande surprise des deux frères, les policiers exigent plutôt d´être conduits par le frère ainé qui est venu en voiture. Après l´état des lieux, Jean Bella attendra sans doute longtemps et peut-être il n´aura jamais la chance de traduire en justice ceux qui ont porté préjudice à l´avenir de sa famille.

Face à ces manquements graves, ne sommes-nous pas en droit de nous poser de la question de savoir à quoi sert notre police si elle ne daigne même pas bouger lorsque les citoyens sont en danger ?