Dans la Société sucrière du Cameroun, la gent féminine bénéficie de la considération et de l’attention, non seulement pour ses compétences égales à celles des hommes, mais aussi pour le respect dû au fait qu’elle vit pour donner la vie.

La Sosucam produit des biens à l‘état naturel et à l’état transformé. Il n’y existe pas de métiers réservés aux femmes. Elles sont dans toutes les étapes de la production du sucre. L’on les voit dans des champs, à l’usine, à la certification en passant par le laboratoire. Pas pour jouer les figurantes, mais pour jouer les rôles principaux. Il est 8h30 à l’usine de la Sosucam de Mbandjock, département de la Haute Sanaga, région du centre-Cameroun, le 27 mars 2019. Le soleil se lève timidement. L’usine vibre au rythme des machines. Des camions font des va-et-vient pour transporter les tiges de canne à sucre des parcelles jusqu’à l’usine. Chacun à son poste de travail, veut donner le meilleur de soi pour atteindre les objectifs de production de l’entreprise. Celui qui foule le sol des usines de Mbandjock -Nkoteng (couvrant une superficie sous cannes de 25 000 hectares) pour la première fois, n’a aucune idée de ceux qui y travaillent. Ce sont des hommes ou des femmes ? L’on n’en a pas la moindre idée. « La parité genre est une réalité à la Sosucam », juste une phrase de Jean Claude Nkodo, spécialiste maison de l’irrigation par aspersion, ensuite, ne dit rien d’autre. Elles sont comme des mascottes de l’entreprise. Leurs collègues, les hommes, les protègent comme la prunelle de leurs yeux. L’on a l’impression qu’elles sont indispensables. Que si elles ne sont pas à leurs postes de travail, la production va s’arrêter. Jean Claude siffle la fin du suspens. Il nous invite enfin à la découverte des femmes. Il faut les voir en action pour accepter.

Filles-garçons !

Elles ne sont pas des « filles-garçons ». Elles possèdent tout dont une femme peut posséder. A quelques encablures de l’usine, un tracteur est en train de labourer une parcelle sur laquelle, de jeunes cannes vont être plantés. La machine agricole cultive le sol au rythme de battement de cœur. A la surprise de tous, c’est une femme qui est à la manette. Elle s’appelle Marie Jeanne Missongle, la trentaine sonnée et originaire de la région du littoral du Cameroun. Vêtue de son équipement de protection individuelle, elle allie dextérité et efficacité. Marie Jeanne dit qu’elle est « fière » de son job. « Après le labour que je fais, on aura le pulvi, le sillonage et la planting », explique-t-elle. Dans l’atelier de coupe mécanique, deux autres femmes conduisent les camions qui reçoivent les tiges récoltées par un tracteur à remorque basculante. Elles ne peuvent pas répondre à nos questions, car elles n’ont pas une seule minute de répit, lancent juste des signes de la main. Elles sont au volant des camions, la portière en vitre est fermée. La concentration est maximale. Elles conduisent leurs engins équipés de bac, à la vitesse de la coupe. Elles savent qu’elles n’ont pas droit d’erreur, du moins pendant le travail. D’autres femmes sont dans des parcelles de coupe à la main.

Au labo, Joseph Toulou Lin, directeur qualité dans la société, nous présente l’« amazone » du laboratoire. Nadine Abou’ou, est chef de division quantité et sécuritaire alimentaire. Elle reçoit à l’extérieur. « Mon labo n’est pas permis à tout le monde », lance-t-elle avec humour. « Nous devons rassurer nos consommateurs sur la sécurité sanitaire des produits » ajoute-t-elle. Dans l’entreprise, le contrôle des produits est systématique. Que dire de celle dont les journalistes appellent confraternellement« dame de fer », Barbara Melem ? Elle est la responsable de la communication, « le porte-parole ». A la Sosucam, chacun est à son couloir, « elle est dans tous les couloirs pour assurer la Com », conclut un homme de médias.