YVES MICHEL FOTSO, AUTRE PRISONNIER POLITIQUE DE PAUL BIYA, VICTIME DE LA MESQUINERIE D’UN RÉGIME
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CAMEROUN :: YVES MICHEL FOTSO, AUTRE PRISONNIER POLITIQUE DE PAUL BIYA, VICTIME DE LA MESQUINERIE D’UN RÉGIME :: CAMEROON

S’il est effet un Camerounais qui aurait pu figurer sur la liste Forbes des milliardaires africains en Dollar, c’est bien Yves Michel Fotso, fort notamment du dynamisme et de la diversification du groupe familial dont il a assuré la présidence jusqu’à ses déboires judiciaires en 2008.

Monsieur Fotso est une victime des petites jalousies, mesquineries, et ingratitudes sur fond de tribalisme obsessionnel des dignitaires du régime qu’il a pourtant longuement entretenus dans tous les sens du terme. Une certaine élite Béti, dont l’ancien ministre des finances aujourd’hui fugitif Lazare Essimi Menye, n’a en réalité pas pu dissimuler derrière l’acharnement contre cet homme d’affaires et ses structures, la refus délibéré de voir émerger au Cameroun un groupe industriel de taille continentale voire mondiale, sous le contrôle de ressortissants de l’ouest et spécifiquement des Bamilékés.

Mission de démantèlement du groupe Fotso presqu’accomplie! Puisque le Groupe Fotso ploie depuis sous des difficultés de tous ordres, dont le maintien en détention arbitraire de Yves Michel dans l’enceinte du Secrétariat d’État à la Défense (SED) de Yaoundé, n’est pas la moindre.

Pourtant Yves Michel Fotso est bel et bien un prisonnier politique emblématique du Cameroun

En effet à l’issue de sa 78e session tenue entre le 19 et 28 avril 2017, le Groupe de travail de l’Organisation des Nations Unies sur la détention arbitraire avait adopté l’avis N°40/2017 sur le cas de l’ancien directeur général de la Cameroon Airlines et homme d’affaire camerounais Yves Michel Fotso.

À notre étonnement en son point 57, le Groupe de travail concluait sa décision rendue publique le 28 juillet dernier en ces termes: «le Groupe de travail estime, sur la base du paragraphe 17b) de ses méthodes de travail, qu’il ne s’agit pas, en l’espèce, d’un cas de détention arbitraire».

En d’autres termes, les éléments soumis par M. Yves Michel Fotso au Groupe de travail ne suffisaient pas pour établir une détention arbitraire au regard de la Déclaration universelle des Droits de l’Homme et du Pacte international relatif aux droits civils et politiques.

Pourquoi l’Avis du Groupe de Travail de l’ONU sur la Détention arbitraire est contestable sur le cas de Monsieur Fotso?

1/ M. Yves Michel Fotso et ses avocats avaient visiblement saisi le Groupe de travail de l’Organisation des Nations Unies sur la détention arbitraire sur les bases d’un régime de défense dit technique. En optant pour une défense technique, M. Yves Michel Fotso et ses conseils avaient de facto crédibilisé le despotisme légal du régime de Yaoundé où la justice est un vrai mirage.

Cette manœuvre légale était peut-être motivée par l’état de nécessité dans lequel se trouvait et se trouve toujours M. Yves Michel Fotso face aux multiples abus, sévices corporelles et morales dont sont astreints les prisonniers politiques au Cameroun.

En effet les prisonniers politiques ont souvent recours aux expédients y compris juridiques pour essayer désespérément de sensibiliser l’opinion internationale quand toutes les voies de Justice sont bloquées dans des régimes dits de despotisme légal. Parer à la première urgence vitale comme ultime bouée de sauvetage juridique devient alors naturel pour un prisonnier politique confronté à un despotisme légal qui, comme au Cameroun, ne lui laisse pratiquement aucune chance d’être jugé de manière juste et équitable.

Pour cette raison tenant véritablement à un besoin de survie juridique, la décision du Groupe de Travail sur la Détention Arbitraire des Nations Unies concernant Yves Michel Fotso ne saurait faire jurisprudence. Car elle ne suffit pas à fonder ou à justifier un précédent juridique, s’apparentant davantage à un alibi inespéré voire à une béquille légale offerte à une dictature.

2/ M.Yves Michel Fotso continue de répondre aux critères retenus par notre organisation (http://cl2p.org/presentation/) pour le bénéfice du statut de prisonnier politique au Cameroun, à savoir le critère 3– selon lequel «Le justiciable fait face à une multiplication de procédures, dans une sorte de procès à tiroirs dont le seul but est de le maintenir en détention sans motif valable», et le critère 4– consistant en «La détention dans une prison spéciale, autre que celle de droit commun».

Rappelons, pour ce qui est de ce dernier critère, que M. Yves Michel Fotso est détenu au Secrétariat d’État à la défense à Yaoundé, un camp militaire où il est gardé et escorté par le Groupe polyvalent d’intervention de la gendarmerie nationale, corps d’élite de la gendarmerie.

S’agissant du premier critère cité, M.Fotso est sous le coup d’une condamnation à 25 ans de prison ainsi que d’une double condamnation à vie, toutes pour malversations financières, dans le cadre de l’achat controversé d’un avion présidentiel et de la gestion déformée de la Camair.

La nature politique de la détention de M.Yves Michel Fotso transparaît d’autant dans cet extrait de la communication du gouvernement camerounais du 10 mars 2016 par la voix de son porte-parole, M.Issa Tchiroma Bakary lorsqu’il dit: «je voudrais parler ici de la question relative aux procédures judiciaires visant certaines personnalités de premier plan, qu’il s’agisse de hauts commis de l’État ou de personnalités du monde des affaires, dans le cadre de la lutte menée par le chef de l’État contre la corruption et les atteintes à la fortune publique.».

Que dire d’autres si ce n’est que le procureur – en – chef de M.Yves Michel Fotso n’est autre que le chef de l’État camerounais, Paul Biya, à en croire les propos du porte-parole de son gouvernement.

3/ Il est établi que M. Yves Michel Fotso n’a jamais été poursuivi sur la base des faits clairs et précis au Cameroun, pouvant au moins lui garantir un procès équitable. Ce qui en dit long sur la partialité de l’avis N°40/2017 rendu par le Groupe de Travail sur la Détention Arbitraire de l’ONU à l’issue de sa 78e session tenue entre le 19 et 28 avril 2017.

Autant de raisons qui nous amènent à réclamer sa libération immédiate auprès de son geôlier Paul Biya.

Les Dessous de l’Affaire dite Yves Michel Fotso racontés par le journaliste camerounais en exil au Canada, Jean-Marc SOBOTH

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