Cameroun, Journée internationale de la femme : Ces femmes qui tabassent les hommes
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Cameroun, Journée Internationale De La Femme : Ces Femmes Qui Tabassent Les Hommes :: Cameroon

Jusqu’à récemment, il lui arrivait encore de lancer ses sous-vêtements à son époux ou de déchirer ses vêtements. Quand elle sent la colère l’envahir face à un conflit avec son époux, elle lui assène une gifle,

Biby (nom fictif) fait partie d’un groupe de sujet nécessaire pour femmes auteurs de violence conjugale, une réalité tellement associée aux hommes que beaucoup ignorent qu’elle peut se conjuguer au féminin. Elle s’est confiée à camer.be

Son regard est doux, sa silhouette manque de mine, très timide. À première vue, rien ne laisserait croire que cette femme de 40 ans est capable d’exploser de colère au point de s’en prendre physiquement à son époux. Et pourtant, c'est ce qu'elle fait, quand elle est en situation de désaccord avec son époux.

"Je ne suis pas violente. C'est mon époux qui a l'habitude de me pousser aux extrêmes"

Après avoir perdu son boulot de secrétaire dans une entreprise brassicole de la ville de Douala, Biby est devenue alcoolique et fume en moyenne 10 cigarettes par jour nous a t-elle confié

Biby n’a pas toujours été violente. Elle­­ a grandi dans le quartier New-Bell, élevée par des parents qui ne l’ont pas maltraitée. Mais leur réaction à ses émotions n’était pas toujours adéquate, se souvient-elle. «Aussitôt que je me fâchais, ma mère me donnait tout ce que je voulais.»

Son père, employé municipal, menaçait souvent de lui «donner une claque» lorsqu’elle était turbulente. La claque ne venait jamais.

À sa première peine d’amour, Biby est allée chercher du réconfort auprès de sa mère. «Elle m’a repoussée et m’a donné 10 000 frs Cfa pour que j’aille faire des courses pour le repas de mes enfants.» Biby a donc compris qu’il lui était interdit d’avoir de la peine et qu'elle était condamnée à  rester dans son foyer. Aucune autre émotion que la colère n’était la bienvenue.

Au début du secondaire, elle était plutôt réservée. Jusqu’au jour où cinq filles la tabassent dans la cour d’école. «Mon père m’a dit: “si tu reviens encore en pleurant, c’est moi qui t’en sacre une. Tu vas te défendre”. Je suis passée de celle qui se fait frapper à celle qui frappe.»

C’est à ce moment-là que les problèmes de gestion de l’agressivité ont commencé.

«Je suis une émotive extrême. Sauf que je le cache toujours derrière la colère. C’est comme si c’était la seule émotion que je connaissais. Et si tu m'embêtes, je panique, je rentre dans une crise d’anxiété. Et ça, c’est le plus gros déclencheur.»

Quand elle s’est retrouvée en couple avec un homme contrôlant et jaloux, tous les éléments étaient en place pour que s’installe la violence conjugale.

Biby est aujourd'hui femme de foyer, épouse mais, ne cesse de tabasser son époux quand elle est en colère.

Les comportements violents de Biby ont donc été moussés par son mari, en réponse à ses comportements agressifs à lui, une dynamique que le voisinage observe souvent dans l'incapacité de porter secours à son voisinage en cas de danger. "Entre l'écorce et l'arbre ne mets pas ton doigts, a-t-on coutume de dire au Cameroun"

Biby a également connu des épisodes violents envers son conjoint, avec qui elle vit depuis des années. «Je lançais de la vaisselle, je déchirais­­ son linge, je lui donnais des gifles sanglants.» Révèle­­-t-elle. Il a toutefois préféré ne pas se rendre à l’hôpital pour éviter que la police s’en mêle.

Or, son conjoint n’est pas du tout violent. «Au contraire, il va toujours essayer de me calmer. Il est tellement passif qu’il en est fatigant», plaisante-t-elle.

«Si on ne m’avait pas dénoncée à la police, je n’aurais jamais eu le courage de faire acte de violence à mon époux », avoue-t-elle, ajoutant qu’elle ne veut maintenant plus entretenir la violence dans son ménage «Je vais m’en sortir», dit-elle avec confiance, un sourire au coin des lèvres". Ce jour, 8 mars, c'est fini avec la violence, une femme violente est une menace pour une société. A toutes les femmes violentes, faites comme moi. Oubliez la haine, entretenez la paix, dans votre foyer" a-t-elle- conclue.

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