LA QUESTION TRIBALE ET LA POLITIQUE AU CAMEROUN : NOUVELLE EDITION REVUE ET ENRICHIE PAR L’ACTUALITE
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LA QUESTION TRIBALE ET LA POLITIQUE AU CAMEROUN : NOUVELLE EDITION REVUE ET ENRICHIE PAR L’ACTUALITE :: CAMEROON

La tribu contre les partis politiques. La politique « d’équilibre ethnique » (…) a abouti, en second lieu, à la fin de la formation de gouvernements sur la base de l’appartenance politique des personnalités concernées, et, par voie de conséquence, à l’avènement de gouvernements formés sur la base de l’appartenance ethnique. Les ministres ne représentaient plus les courants de pensée politiques, encore moins les formations politiques, comme cela avait été le cas de 1957 à 1961-62, environ, mais, plutôt, des groupes ethniques.

Un terme nouveau est ainsi apparu : « dosage ethnique ». Les gouvernements sont, du coup, devenus de sortes « d’assemblées ethniques », au sein desquelles toutes les ethnies du Cameroun étaient supposées être représentées. Pour tout dire, les gouvernements sont devenus, véritablement, des coalitions tribales.

Mais, la politique de « dosage ethnique » ne s’est pas limitée à la composition du gouvernement. Elle s’est étendue à toute l’administration publique et à toutes les sociétés d’Etat. Dans chaque ministère, on s’est mis à veiller sur la répartition tribale des postes de responsabilité. Si un Directeur est Y, le sous-directeur ne peut également être un Y. On s’attellera à détecter un Z quelconque, même le dernier des cancres, à nommer comme sous-directeur auprès de Y, ou même carrément Directeur d’un autre service.

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Les limites de l’équilibre ethnique.

En 2019, le Cameroun en est à sa 59ème année de politique « d’équilibre ethnique ». Cette politique, même si elle continue à recueillir de très nombreux défenseurs a par ce fait même démontré ses limites (...) cette politique était appelée à être appliquée de manière transitoire. Elle était appelée à « équilibrer » le pays, autrement dit, à corriger ce qui a été considéré comme une injustice coloniale.

Toutefois, aujourd’hui, elle a très largement dépassé ce stade. Elle est devenue l’une des règles d’or de la politique camerounaise, tant du côté des pouvoirs publics, que de la population. Les Camerounais ne conçoivent plus les nominations au sein de l’administration publique et des sociétés d’Etat sans celle-ci.

Elle a même atteint un stade supérieur encore, celui de la « rotation ethnique » au sommet de l’Etat. La population actuellement est acquise au fait que le Président de la République doit « roter » d’une région à l’autre à tour de rôle.

Quoi qu’il en soit, en dehors des élections, cette politique comporte d’emblée deux grandes faiblesses : 1/-elle nivelle par le bas ; 2/- elle ne peut tenir compte de tous les cas.

A – La planification de l’intelligence.

On ne le stigmatisera jamais assez, et les bénéficiaires de cette politique le savent fort bien, « l’équilibre régional » planifie l’intelligence, la nivelle par le bas. Les meilleurs en sont automatiquement victimes. Pour peu que cinq lumières proviennent d’une même région, deux, voire trois, parmi elles, seront éliminées, au profit de moins bons d’ailleurs. Par ailleurs, il n’a jamais été démontré que les « meilleurs » ne proviennent que d’une région donnée, tandis que les « nuls » d’une autre. (Un jour où je causais avec un copain originaire de Yagoua, il était tombé des nues lorsque je lui avais révélé que Vroumsia Tchinaye, un natif de cette ville, avait été l’un des premiers Camerounais docteurs ès sciences de toute l’histoire de notre pays. Il s’était alors exclamé devant moi : « mais je croyais que de chez nous il n’y avait eu que des gardiens de bœufs !!! »).

En termes de gain, toutes les régions en sont perdantes, et en même temps en sont gagnantes. En vérité, très peu de personnes actuellement au Cameroun, sont nommées sur la base de leurs compétences, c’est un mensonge pur et simple. La région, d’abord, la région avant tout, l’ethnie d’abord, l’ethnie avant tout. C’est au sein des ethnies que les nominations sont effectuées et rien d’autre. Peu importe la compétence des uns et des autres. Il y a des « compétents » partout actuellement, tout comme des incompétents, ils ne se retrouvent pas regroupés dans une ethnie, c’est une lubie, le Cameroun n’est plus en 1960, où les titulaires du CEPE se comptaient au bout des doigts.

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Chapitre VIII :

Retour de la démocratie en 1991 et la sortie du bois de la tribu.

A quoi pouvait-on s’attendre de la part d’un peuple au sein duquel le tribalisme s’est exacerbé pendant de longues années, une fois la terreur policière levée ? C’est ce qui s’est produit en 1991, après que Paul Biya eut procédé à la libéralisation de la vie politique nationale.

A – Le déchirement ethnique.

En 1991 a véritablement été, au Cameroun, l’année de la vérification des résultats de la politique « d’équilibre ethnique » menée depuis 1960. Le Cameroun n’a jamais connu un tel déchirement de toute son histoire. Les discours les plus haineux, sur les différents groupes ethniques du Cameroun, se sont mis à fuser de toutes parts. De nombreux auteurs de ceux-ci auraient bien honte, aujourd’hui, des propos qu’ils ont tenus tout au long de cette année-là, si ceux-ci leur étaient rappelés. Les prétendus intellectuels camerounais ont été abominables. Ils ont dit les choses les plus exécrables sur les groupes ethniques auxquels ils n’appartenaient pas. Le spectacle était on ne peut plus désolant. Les Camerounais étaient devenus méconnaissables. Dans plusieurs villes, on a assisté à des lynchages tribaux. Les natifs des différents groupes ethniques en étaient arrivés à se constituer en groupes d’auto-

défenses lorsqu’ils se retrouvaient dans des zones géographiques autres que celles des tribus auxquelles ils appartenaient. C’était lamentable.

(…) En 2018, à la faveur du scrutin présidentiel, le même haineux discours ethnique est réapparu (…)

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B – Une histoire commune.

La seconde conception de la nation, celle développée par les patriotes camerounais tout au long de la lutte pour le départ des envahisseurs européens, se base sur un passé commun, des expériences heureuses ou malheureuses communes, des espérances communes, un futur considéré comme commun, etc. Elle privilégie le sentiment d’appartenance à une communauté supérieure à celle de l’ethnie.

En vérité, c’est cette acception de la nation qui domine véritablement au Cameroun, malgré ce que s’efforcent de prouver de nombreux concitoyens obnubilés par le « retard » du groupe ethnique auquel ils appartiennent ou la « marginalisation » de ceux-ci. C’est pourquoi, tous les Camerounais vénèrent Um Nyobè, Moumié Félix, Ouandié Ernest aujourd’hui. C’est pourquoi, les critiques formulées à l’endroit du régime d’Ahmadou Ahidjo, tout comme les éloges, émanent de l’ensemble du Cameroun, et non d’une quelconque communauté uniquement. C’est pourquoi plusieurs Beti se retrouvent dans l’opposition, et critiquent violemment le régime de Paul Biya, au même titre que des membres d’autres communautés nationales. En un mot, les « retardsionnistes » et les

« marginalisationnistes », sans oublier les « hégémonistes » cachés, ont beau donner abondamment de la voix et recueillir des adeptes, leurs thèses ont véritablement du mal à triompher sur le plan national. Les autres y voient un péril, et les combattent de toutes leurs forces.

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Introduction

Chapitre I :

De la coexistence de peuples indépendants à la conscience nationale.

A – Les guerres précoloniales et le brassage des populations.

B – La ligne de démarcation de 1916 : frontière administrative et non des cœurs.

Chapitre II :

L’exploitation économique du Cameroun et le discours patriotique.

A – L’exploitation économique du Cameroun.

B – Réunification et indépendance.

Chapitre III :

Le discours d’investiture d’Ahmadou Ahidjo le 18 février 1958.

A – Jean Ramadier contre l’idéologie des patriotes camerounais.

B – « Unité camerounaise », « Nation camerounaise ».

Chapitre IV :

L’avènement du parti de « l’Union Camerounaise » au mois de mai 1958.

A – La naissance de l’Union Camerounaise.

B – L’idéologie de l’Union Camerounaise.

Chapitre V :

L’avènement de l’équilibre ethnique.

A – Le Nord contre le Sud.

B – La tribu contre les partis politiques.

Chapitre VI :

Le Nord contre le Nord.

A – La distinction entre les populations du Nord

B – La préférence religieuse.

Chapitre VII :

Les limites de l’équilibre ethnique.

A – La planification de l’intelligence.

B – Le sous-équilibre permanent.

Chapitre VIII :

Retour de la démocratie en 1991 et la sortie du bois de la tribu.

A – Le déchirement ethnique.

B – La naissance politique des Beti.

Chapitre IX :

Le laminage des partis politiques et le revers des mémorandum.

A –Les mémorandum comme intervention tribale directe et imprévisible.

B – Vers la formation de lobbies et de caucus comme aux Etats Unis ?

Chapitre X :

RDPC : parti national Adhésions tribales.

A – RDPC : parti national.

B - RDPC : adhésions tribales.

Chapitre XI :

Equilibre ethnique équilibre social.

A – L’équilibre ethnique au bénéfice des «élites».

B – L’équilibre social au bénéfice des masses populaires.

Chapitre XII :

Le retour de l’idéologie dans la politique camerounaise.

A – Le colon : diviseur en chef.

B – Partis conservateurs et brouillard idéologique aujourd’hui.

Chapitre XIII :

Deux conceptions de la nation au Cameroun.

A – Une unification des ethnies.

B – Une histoire commune.

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