Les transporteurs des hydrocarbures au Cameroun interpellent le Premier ministre…
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Les transporteurs des hydrocarbures au Cameroun interpellent le Premier ministre… :: CAMEROON

Le 24 janvier 2019, le Syndicat national des hydrocarbures du Cameroun (SNTHC) par la voix de son président Haman Abdoulaye a adressé une correspondance au Premier ministre chef du gouvernement. Dans celle-ci, ce syndicat expose sans ambages sa position par rapport à une prétendue grève des transporteurs routiers en gestation au Cameroun. Le STHC dans la même correspondance donne sa position sur ce qui est convenu d’appeler dorénavant l’affaire BGFT. Une correspondance qui apporte quelques éclaircis dans le secteur du transport routier au Cameroun. Lisez.

« Point n’est besoin de se produire en spectacle pour défendre les intérêts que nous ne portons pas à cœur juste pour préserver les intérêts personnels… »

Excellence,

Tout en vous adressant nos félicitations pour la haute marque de confiance dont le Chef de l’Etat a fait preuve à l’endroit de votre humble personne, nous aimerions attirer votre attention sur les véritables problèmes qui minent notre secteur d’activité au regard des agissements faits ces derniers jours par des associations et individus se réclamant de notre secteur d’activités.

Tout en collant à leur préavis de grève à vous adresser certaines de nos revendications légitimes, ces personnes n’ont pour ambition que de préserver certains de leurs avantages illégalement acquis et qu’ils n’aimeraient pas perdre. La raison véritable de ce préavis de grève ne réside pas dans le chapelet de revendications énumérées par ces derniers mais plutôt dans la prétendue ingérence de l’administration dans la gestion du BGFT. Aussi, comment peut-on comprendre au lendemain de l’annonce par certains acteurs de la vie politique, des marches à partir du 23 janvier 2019 en vue de déstabiliser le pays, qu’une association qui se dit responsable décide de donner du grain à moudre à ces politiciens un jour plus tard, s’ils ne sont pas de connivence.

La revalorisation du prix des transports.

Nos revendications sont connus des pouvoirs publics et point n’est besoin de se produire en spectacle pour défendre les intérêts que nous ne portons pas à cœur juste pour préserver les intérêts personnels, égoïstes et déguisés de certains. Nous avons en son temps exposés aux pouvoirs publics nos doléances à savoir la lutte contre les tracasseries policières, la suppression de la taxe à l’essieu, la suppression des transports pour compte propre et la revalorisation du prix des transports. Concernant ce dernier point, nous sommes conscient que dans notre pays, le prix du transport est arrimé au prix du produit à la pompe et vu la conjoncture sociale actuelle, une augmentation du prixdu carburant à la pompe pourrait engendrer des troubles sociaux. Mais nous restons convaincus qu’il ne peut avoir une évolution des prix au niveau de la pompe que si le climat socio-économique s’améliore. Ce qui engendrerait par ricochet la revalorisation du prix du transport des hydrocarbures.

L’élaboration du contrat type

Les griefs que certains vous ont exposés n’ont aucun fondement et constituent un voile pour vous empêcher de voir la réalité. L’élaboration du contrat type dans le secteur des transports des produits pétroliers. Il convient de relever que dans le cadre d’un contrat, nous avons trois grands volets à savoir les volets administratif, financier et technique. Le volet financier intervenant toujours à la fin du processus contractuel dans la plupart des cas est dans notre secteur d’activité le premier élément contractuel, car le prix étant fixé par l’Etat et connu d’avance. Le volet administratif ne souffrant d’aucune ambiguïté car étant la condition de base pour l’exercice de l’activité de transport dans notre secteur, et requiert la possession par tout transporteur sérieux de tous ses documents administratifs. Le volet technique concerne le matériel roulant, le personnel en charge et la sécurité qui va avec c’est-à-dire celle des personnes et des biens. Le secteur du transport des produits pétroliers est un secteur avant gardiste dans le domaine des transports. Nous avons réussi à faire de la sécurité la matière première de notre activité. Avec l’aide de certains partenaires, nous continuons à développer la culture sécurité au sein de nos entreprises pour rendre nos routes plus sures.

Les niveaux d’exigence de sécurité sont élevés d’un marqueteur à un autre et toujours est-il qu’ils sont là. Allons-nous contraindre certains à diminuer leur niveau de sécurité sous prétexte d’un contrat type et faire de nos routes des mouroirs ? Nous croyons que non.

Aussi il est important de relever que le niveau de sécurité atteint dans le secteur du transport pétrolier est dix fois plus élevé que dans d’autres secteurs de transport de marchandises. La question qu’on pourra se poser à la fin est celle de savoir quel intérêt ont-ils à avoir un contrat type dans le secteur des transports des produits pétroliers et pas dans le secteur du transport des marchandises diverses dont ils ont la charge ?

-L’ingérence des administrations dans la gestion du BGFT

Tout d’abord il faut rappeler que le BGFT n’est pas un syndicat. Il est bien distinct du SNTRC qui en est effectivement un et dont son monolithisme et la gestion opaque de ce dernier (BGFT) a amené à confondre les deux organes. Le BGFT est l’émanation de l’administration à travers la Décision ministérielle n° 001550/MTPT/DT du 20 mars 1991 portant désignation de l’organe de contrôle de la répartition conventionnelle des cargaisons (Bureau Commun) entre transporteurs camerounais et ceux de certains pays voisins notamment le TCHAD et la RCA qui en a constitué la base de création.

Suite aux malversations financières constatées par la tutelle dans la gestion du Bureau commun et la fuite des gestionnaires suivi d’un avis de recherche pour détournement de deniers publics, la Décision n° 001107/MINT/DT du 26 août 1993 portant organisation et création du Bureau de Gestion du Fret Terrestre a été prise par le Ministre des Transports pour créer le BGFT. Cette décision a été modifiée par la Décision n° 00483/MINT/DTT du 04 avril 1997.

Toutes ces décisions montrent à suffisance que le BGFT est un organe public qui remplit les missions de services publics telles que :

-La collecte et l’affichage des offres et demandes de transport, puis le contrôle du mouvement terrestre et du suivi de la répartition intermodale et intramodale des marchandises ;

-Le respect des quotas de fret avec les pays limitrophes du Cameroun ;

-L’émission et la délivrance des documents obligatoires de transport (lettre de voiture internationale et lettre de voiture intérieure) ;

-D’apposer les visas obligatoires sur les documents de transports ;

-D’assister le Ministère des Transports pour la mise en œuvre des textes et instructions en vigueur se rapportant à la coordination rail route et au transport terrestre des marchandises ;

-De procéder périodiquement à l’étude des coûts d’exploitation des véhicules ;

-De fixer un tarif minimum obligatoire et de publier périodiquement le barème indicatif des tarifs de transport de marchandises établis en accord avec les parties concernées par le BGFT ;

-D’assister les pouvoirs publics dans le cadre des négociations des commissions mixtes ;

-De faciliter éventuellement, la collecte des taxes et impôts afférents au transport pour le compte de l’Etat et des collectivités locales.

A la suite de ce qui précède, nous allons finir par une doléance à savoir l’accélération de la restructuration du BGFT, facteur indispensable pour le développement du secteur des transports dans notre pays car cette structure est de nos jours obsolète eu égard aux nombreux problèmes de dysfonctionnement que cette structure rencontre à savoir : Avec la création d’autres syndicats des transporteurs dont les membres contribuent au BGFT, le SNTRC continue de représenter seul les autres transporteurs au comité de gestion.

-Le défaut d’affichage de l’offre et la demande du fret fait ressortir le manque de transparence dans le processus d’information y relatif.

-L’injustice au niveau de la répartition du fret consiste à ne satisfaire que des amis acquis à la cause des principaux dirigeants du BGFT.

-Les prélèvements financiers aux titres de lettres de voitures, vignettes, quittances, contributions syndicales, sont retenus au niveau du BGFT et ne font l’objet d’aucun compte rendu selon la règlementation en vigueur

-.Les parts des cotisations syndicales prélevées sur les camions appartenant aux membres des syndicats autres que le SNTRC ne leur sont pas reversées.

-Le comité de gestion ne se réunit pas et aucun compte rendu attendu de cet organe n’est disponible.

Les fonds provenant des contributions des transporteurs au BGFT sont gérés de manière opaque, ce qui amène les acteurs du secteur à conclure qu’il y a détournement des fonds publics.

-L’attitude des pouvoirs publics qui n’arrivent pas depuis des décennies à trouver une solution à l’occasion des nombreuses dénonciations des acteurs du secteur, pousse à penser qu’un réseau de corruption a fait son nid dans les services concernés.

-La suspension des dirigeants du SNTRC et la désignation d’un administrateur provisoire à la tête du Syndicat National des Transporteurs Routiers du Cameroun (SNTRC) par décision de justice devenue définitive, enlèvent toute qualité aux représentants de ce syndicats au sein du comité de gestion du BGFT.

Voilà de manière sommaire la situation dans le secteur des transports des produits pétroliers dont nous avons voulu vous faire part.

Haman Abdoulaye, le Syndicat national des hydrocarbures du Cameroun (SNTHC)

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