Stade Paul Biya à Olembe: l’autre scandale de la CAN 2019
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Des centaines de jeunes licenciés avec plusieurs mois d’arriérés de salaires, sous le regard indifférent de l’entreprise italienne conductrice des travaux.

Un silence assourdissant sur le site de construction du stade Paul Biya à Olembe à Yaoundé. Les mouvements d’humeur qui ont paralysé, il y a quelques jours les travaux sur ce chantier, un des plus importants dans le cadre de la CAN que le Cameroun devait accueillir en 2019, ont certes cédé la place à un calme apparent. Mais derrière cette ambiance, se cachent les pleurs des centaines d’ouvriers mécontents. Licenciés après plusieurs mois d’arriérés de salaires, ils ont le sentiment d’avoir été victimes d’une arnaque et ne savent plus à quel saint se vouer.

C’est le cas de Gabin, recruté le 8 septembre 2018 et mis à la disposition de Panzeri, le sous-traitant de Piccini qui supervise l’essentiel des travaux sur le site. Au bout de quatre mois d’activités, il revendique déjà deux mois d’arriérés de salaire, après son licenciement. L’ouvrier témoigne qu’il ne percevait souvent qu’une partie de son salaire ; des paiements qui intervenaient parfois avec beaucoup de retards. Tous ces griefs ont poussé les employés à se révolter, le mardi 15 janvier 2019.

Entre autres revendications, le règlement des arriérés de salaires pouvant aller à 5 mois pour certains, les primes de risque, l’affiliation à la CNPS …

Tout commence quelques jours plus tôt par de simples revendications et appels au dialogue. « Nous avons interpellé certains de nos employeurs de Videcom et Ecotek directement, ainsi que ceux de Piccini. Nous avons demandé ce dialogue-là qui n’a jamais eu lieu », raconte Blaise Bonny, porte-parole de ces ex-employés. Sans aucune suite, ces derniers décident de suspendre le travail. Même la rencontre avec des responsables du chantier ne permet pas de répondre aux préoccupations des grévistes, notamment sur la disponibilité de leurs salaires. Le responsable de Panzeri va se retirer, rejetant la responsabilité sur les autres, le DGA de Piccini lui, avance payer les factures tous les trois mois, et le directeur de Videcom quant à lui, affirme n’avoir pas reçu l’argent. Un jeu de « ping-pong » des responsables qui pousse les employés mécontents à durcir le ton en érigeant des barricades sur une voie d’accès au site.

Cette poignée sera rejointe plus tard mercredi dernier par des employés d’autres entreprises de sous-traitance. Entre autres revendications, le règlement des arriérés de salaires pouvant aller à 5 mois pour certains, les primes de risque, l’affiliation à la CNPS … La masse des grévistes qui s’étoffe davantage met la pression aux responsables du chantier. C’est finalement à partir de jeudi dernier dans la nuit que les salaires commencent à tomber, « après concertations entre le gouverneur, le DGA de Piccini, et une banque de la place », révèle le Porte-parole des ouvriers licenciés.

Mais Piccini va décider de se séparer d’une bonne partie des ouvriers, sans toutefois veiller à régler leurs arriérés de salaires. Joint au téléphone, le responsable de Bati Pont, un des sous-traitants, confie que Piccini n’a pas réglé ses factures depuis septembre. Face à cette situation, l’entreprise a pris la décision d’arrêter. Mais, soutient-il, tous les ouvriers seront payés. D’après ce dernier, Piccini leur a confié au cours d’un entretien qu’il y a des réclamations avec l’Etat. Le coordonnateur de Cacess, sous-traitant chargé du nettoyage, estime quant à lui qu’il n’a pas besoin de signer des contrats pour cette activité qui est temporaire.

Flou dans la sous-traitance et les paiements

Entre la société Panzeri, qui supervise l’essentiel des travaux, et quelques autres sous-traitants de Piccini, il semble difficile de distinguer les tâches précises de chacun, notamment pour ce qui concerne la paie. Sur le chantier d’Olembe, les entreprises sous-traitantes se succèdent au rythme des saisons, emportant avec elles les arriérés de salaires de nombreux ouvriers qui pourtant font couler leur sueur pour faire avancer les travaux. Pas moins de 12 y officient encore (ou y ont déjà) depuis le lancement du chantier, parfois pour les mêmes tâches.

Rien que pour la plomberie, l’électricité et la soudure, on compte Ecotec, BC et CC, et Videcom. Geo Mesure, Bati Pont, Natanael Métal, Cacess et Gecc se partagent les tâches liées à la ferraille, au nettoyage et à la soudure. Chacune d’elles a déjà englouti entre deux et cinq mois d’arriérés de salaires de plus de deux cent employés. Ceux qui sont payés ne perçoivent parfois qu’une partie de leur dû.

Les ouvriers déplorent aussi l’absence des bulletins de paie ; une situation qui favorise la surfacturation par les sous-traitants. « On a souvent observé des écarts entre les montants perçus par les ouvriers et ceux déclarés au niveau de Piccini », témoigne Blaise Bonny, porte-parole des ouvriers licenciés. Malgré de nombreux mouvements d’humeur, ces derniers n’ont pas pu recouvrer ce qui leur revient de droit. Panzeri qui supervise les travaux demande aux ouvriers de se référer aux sous-traitants qui les recrutent, alors que pour les sous-traitants, c’est Piccini qui ne paie pas ses factures.

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