Saccage de l’ambassade du Cameroun à Paris : La France au box des accusés
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Saccage de l’ambassade du Cameroun à Paris : La France au box des accusés :: CAMEROON

Il est reproché aux autorités françaises de n’avoir pas renforcé le dispositif sécuritaire, malgré l’alerte, quatre jours plus tôt, des responsables diplomatiques camerounais.

Depuis le 26 janvier dernier, les prestations consulaires au sein du consulat général du Cameroun à Paris sont suspendues. Cette décision du chargé d’affaires de l’ambassade du Cameroun en France, Antoine Ahmadou, fait suite aux actes de vandalisme perpétrés le même jour dans les locaux de la représentation diplomatique et consulaire par des ressortissants camerounais vivant en Europe. L'info claire et nette. Les auteurs de ce saccage, qui ont dit agir au nom de la « Brigade anti-sadinards », ont laissé entendre qu’ils obéissaient au mot d’ordre des « marches blanches » initiées le même jour dans plusieurs villes du Cameroun par le Mouvement pour la renaissance du Cameroun (Mrc), qui entend par des « manifestations pacifiques », dénoncer notamment « la victoire volée » de Maurice Kamto à l’élection présidentielle du 07 octobre 2018.

Hier lundi, l’ambassade a dressé un bilan provisoire des dégâts, qui fait état de dizaines de milliers de passeports disparus, de centaines de dossiers en instance et registres d’état civil détruits, de cachets des services du consulat général et de la chancellerie emportés, une importante somme d’argent retirée des caisses dans les services du percepteur, etc. Diplomate camerounais à la retraite, Etienne Ntsama a estimé sur les antennes du Poste national de la Crtv, hier, que ces dégâts ont d’autant été sous-évalués que, « les bureaux d’une ambassade contiennent des notes confidentielles » qui peuvent également avoir été empotées ou détruites. Pour lui donc, il y a cet aspect purement diplomatique qui n’a pas été pris en compte.

Sur place au Cameroun, nombreux sont ceux qui se demandent comment ces manifestations d’une rare violence ont pu se dérouler pendant des heures en plein Paris, quand ils ne soupçonnent pas simplement la France de connivence avec les casseurs. Ils pensent que les forces françaises du maintien de l’ordre n’ont rien fait, du moins ont réagi sur le tard, pour empêcher la mise à sac de l’ambassade. Plus grave, aucun cas d’arrestation signalé officiellement après ces événements, pas même un communiqué des officiels français en lien avec ceux-ci. Deuxième conseillère de l’ambassade de France à Yaoundé, Elena Landes, jointe au téléphone, a jugé ces insinuations totalement « fausses et infondées ». « Ce serait d’ailleurs impensable vis-à-vis de l’ambassade du Cameroun comme de n’importe quelle ambassade étrangère en France, que notre police protège en application d’accords internationaux », a-t-elle ajouté.

Obligation spéciale

En temps normal, a poursuivi notre source, quatre à cinq agents de police français assurent la protection de cette représentation diplomatique. La diplomate assure que la police française, déjà limitée dans ses moyens d’action comme cela s’observe avec l’encadrement des manifestations des « Gilets jaunes », a fait son travail, mais n’a pas pu empêcher les manifestants (entre 50 et 60), d’entrer dans les locaux de l’ambassade. Il est à noter que c’est une intervention musclée des forces du maintien de l’ordre de l’Hexagone, après consentement des responsables diplomatiques camerounais, qui a permis de déloger les assaillants. Sans plus. camer.be. Par correspondance datée du 22 janvier, l’ambassade du Cameroun prévenait pourtant le Quai d’Orsay (ministère de l’Europe et des Affaires étrangères) de ce que, la « Brigade anti-sardinards » menaçait, à travers les réseaux sociaux, de manifester ce 26 janvier devant ses locaux, de même qu’ils promettaient de prendre en otage le personnel de la mission diplomatique.

Elle disait par ailleurs prendre « très au sérieux ces menaces » et sollicitait, comme en pareille circonstance, le concours du ministère afin d’en informer les autorités françaises compétentes. En clair, l’ambassade souhaitait un renforcement du dispositif sécuritaire autour de ses installations. Ce qui, de toute évidence, n’a pas été fait, au mépris de l’article 22 (2) de la Convention de Vienne (Autriche) du 18 avril 1961 sur les relations diplomatiques. Celui-ci dispose : « L’État accréditaire a l’obligation spéciale de prendre toutes mesures appropriées afin d’empêcher que les locaux de la mission ne soient envahis ou endommagés, la paix de la mission troublée ou sa dignité amoindrie ». Dans un communiqué signé hier, le secrétaire général du Comité central du Rdpc, Jean Nkueté, a condamné les actes de vandalisme perpétrés contre l’ambassade du Cameroun et appelé la France et d’autres pays occidentaux au respect de la Convention de Vienne et précisément à la protection des représentations diplomatiques camerounaises.

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