Cameroun: Pourquoi les listes électorales ne font pas courir
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Cameroun: Pourquoi Les Listes Électorales Ne Font Pas Courir :: Cameroon

D’année en année, les campagnes d’inscriptions menées depuis 2010 par Elections Cameroon suscitent peu d’engouement chez les 14 millions de personnes en âge de voter.

Fichier électoral. Plus de la moitié des électeurs potentiels à convaincre. De 4 millions en 1992 à 6,5 millions en 2018, les chiffres montrent que le nombre d’inscrits sur les listes électorales est en déphasage avec celui des Camerounais en âge de voter.

Elections Cameroon (Elecam) a relancé, depuis le 02 janvier dernier, la révision annuelle des listes électorales qui se poursuivra jusqu’à la convocation du corps électoral en vue des législatives et municipales prévues cette année. Objectif de l’organisme chargé de l’organisation, de la gestion et de la supervision du processus électoral et référendaire au Cameroun en cette année éminemment électorale, franchir la barre de 10 millions d’inscrits sur son fichier, sur les quelques 14 millions de Camerounais en âge de voter.

Au 1er octobre 2018, les listes électorales révisées comptait un peu plus de 6,5 millions de personnes. La région du Centre occupe le haut du pavé avec le plus grand nombres d’inscrits, soit 1 150 821 personnes, juste devant l’Extrême-Nord 1 125 890. Viennent ensuite le Littoral (929 536), l’Ouest (729 309), le Nord (669 314), le Nord-Ouest (606 544), l’Adamaoua (430 686), le Sud-Ouest (371 758), l’Est (320 368) et enfin le Sud (264 327). A priori, ces chiffres sont en recul par rapport à 2011 où, à la veille de l’élection présidentielle, le fichier électoral affichait plus de 7,2 millions d’inscrits.

C’est d’ailleurs le plus gros taux d’inscriptions atteint par le Cameroun depuis la toute première présidentielle multipartite de 1992, à laquelle 4.019.562 personnes étaient appelées à prendre part. Mais à la vérité, c’est les cas d’inscriptions multiples qui gonflaient les effectifs, outre le fait que des personnes mortes depuis plusieurs années pour certaines continuaient de figurer sur le fichier des électeurs.

Huit ans plus tard, si les cas de doublons n’ont pas totalement été extirpés de la base de données d’Elecam, les listes électorales camerounaises reflètent à peu près la réalité aujourd’hui. En 1996, 4.152.265 électeurs étaient régulièrement inscrits, contre 4.220.163 en 1997. Sept ans plus tard, en 2004, le fichier s’établissait à 4.701.953 électeurs, avant de franchir la barre de 5 millions à la veille du double scrutin législatif et municipal de 2007.

Poids démographique

Dans son mémoire de master II en science politique intitulé: « L'abstentionnisme électoral au Cameroun a l'ère du retour au multipartisme », soutenu à l’université de Yaoundé II en 2012, Augustin Tala Wakeu note pour le déplorer, que « la progression du nombre des inscrits depuis 1992 ne correspond pas au rythme de l'augmentation de la population et traduit bien le fait que les Camerounais ne voient pas d'enjeu dans les inscriptions, préférant alors s'abstenir.

En effet, de 1992 à 2007, le nombre des inscrits sur les listes électorales oscille entre 4 millions [1/3 de la population, Ndlr] et 5 millions [plus de 1/3, Ndlr] alors que la population totale estimée en 1992 à environ 12 millions, atteint (…) la barre de 19 millions en 2007. Ce qui montre que l'augmentation du nombre de la population n'est pas matérialisée par une forte augmentation du nombre des inscrits sur les listes électorales ».

Depuis 2009, le Cameroun n’a pas fait de recensement général de la population. Mais, selon l’Institut national de la statistique (Ins), la population camerounaise s’accroit à un rythme annuel moyen de 2,6%. C’est sensiblement la même évolution en Côte d’Ivoire, pays qui, comme le Cameroun, avait une population de 19 millions d’habitants en 2009.

Le dernier pointage là-bas, qui date de 2014, fait état de 24,29 millions d’habitants.

Si l’on convient que c’est sensiblement le poids démographique du Cameroun aujourd’hui, en se basant sur les chiffres de 2018 (6,5 millions d’électeurs pour 14 millions de personnes en âge de voter), seul un quart des Camerounais sont inscrits sur les listes électorales.

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