La charge de gérer les « affaires réservées » du ministre attire du monde, y compris ceux qui géraient des positions de pouvoir enviable.

La semaine dernière, le Premier Ministre a procédé à la nomination des chefs de secrétariat particuliers de certains ministres de son premier gouvernement. Dans la cuvée, Monsieur Ntcheuzing Hilaire devient le secrétaire particulier (Sp) de Madame Célestine Ketcha Courtes, la nouvelle Ministre de l’Habitat et du Développement urbain. A Bangangté, leur village, la nouvelle n’a presque pas surpris, tant on connaissait les connexions entre les deux.

Spontanément, l’intéressé a été arrosé par une pluie de félicitations, de la part des siens. Dans les fora d’enseignants, il en a été de même pour ses collègues qui ont presque tous parlé de « brillante promotion ». Ses compétences professionnelles ou ses qualités humaines ne font pas de doute. Jusque-là proviseur du Lycée technique de Mbouda, l’un des plus prisés de la République en raison de ses équipements et ses grands effectifs, il abandonne le poste au milieu de l’année scolaire pour aller servir la nouvelle ministre, dans des conditions de confort qui suscitent des interrogations.

Dans la réalité, l’intéressé connaît une régression administrative car il passe de sous-directeur à chef de service, ce qui est bien rare dans la fonction publique camerounaise. Il laisse une centaine de collaborateurs placés sous ses ordres pour commander une ou deux secrétaires. Pour autant, tout le monde s’accorde sur le fait qu’il a progressé. C’est que le poste de Sp au Cameroun est une nébuleuse. Il attire, bien qu’il soit réservé aux cadres de catégorie B. Là où certains mettaient hier des officiers de police ou des adjudants de gendarmerie, les professeurs d’université arrivent désormais en courant. Les missions au village les week-ends ont leurs non-dits.