Cameroun - Hydroélectricité: La "malédiction" Biya - Episode 2
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Cameroun - Hydroélectricité: La "Malédiction" Biya - Episode 2 :: Cameroon

Comment faire comprendre au kamerounais lamba qu´il n´existe aucune société, ni aucune machine qui fabrique la bonne mentalité dans laquelle l´on mettrait les kamerounais afin que sa mentalité change et afin que le Kamerun se développe enfin ? Cela n´existe nulle part !
Suffit-il que chaque citoyen mette ses ordures dans les bacs à ordures HYSACAM pour que la ville de Douala soit propre? Les bacs à ordures passeront des semaines sans être vidés parce que l´Etat ou la commune n´a toujours pas payé ses factures en souffrance depuis des lustres á HYSACAM.

Suffit-il seulement de remettre 1000 milliards de dollars à un citoyen pour voir le Kamerun se développer? C´est tout simplement impossible! Ni au Kamerun, ni ailleurs au monde, aucun homme d´affaires ou industriel n´a développé á lui tout seul un pays.

En clair, « il n´y a pas de développement sans volonté politique », disait le président chinois Xi Jinping. Si ce Kamerun reste un pays très pauvre et très endetté depuis l´arrivée au pouvoir du Président Paul Biya en 1982, c´est tout simplement parce qu´il n´existe pas en cet homme une réelle volonté de développer le Kamerun. 19 milliards FCFA et 60 tracteurs consacrés au « développement de l´agriculture au Kamerun » se sont volatilisés sans que personne ne lève le petit doigt.

Une vraie malédiction

Afin qu´une société étrangère de renommée internationale s´installe dans un pays africain comme Volkswagen l´a fait au Rwanda, il a eu besoin, entre autre, d´une assurance énergétique. Et c´est bien de cela qu´il s´agit dans cette deuxième épisode de la « malédiction Paul Biya ».

Il convient de rappeler qu´au moment de sa démission du pouvoir le 4 novembre 1982, Ahmadou Ahidjo, premier président du Kamerun, avait laissé 3 barrages en activité au peuple kamerunais : le barrage d´Edéa, inauguré le 5 février 1954, avec une capacité de 276,4 MW ; le barrage de Lagdo construit entre 1977 et 1982 avec une capacité de 75MW et la centrale hydroélectrique de Song Loulou, ouverte en 1976, a une capacité de 388 MW. Soit une capacité totale de 738.4 MW, qui malheureusement n´a jamais changé 36 ans après. D´ailleurs, le Kamerun reste le 13e parc hydroélectrique africain, avec 2,7 % du total africain, loin derrière ceux de l'Égypte (2 800 MW) et de la République démocratique du Congo (2 472 MW) – classement 2014.

La seule entreprise ALUCAM a besoin de 40% de la production du barrage d´Edéa. Toutes les entreprises utilisent 30%. Il reste pour la population 30% de la production d´électricité, soit 221MW. Ce qui est bien insuffisant pour une population de 22 millions d´habitants. Le Kamerun disposerait donc de 10 Watt par habitant ! (1MW = 1000KW). Or en France par exemple, le partage d´électricité démontre que la consommation annuelle des sites résidentiels s'est établie à 158,6 TWh en 2016, et 281,9 TWh pour les sites professionnels.

1.118 milliards FCFA presque pour rien

A défaut d´entretenir les barrages existant, le pouvoir de Yaoundé s´est tout simplement lancé vers une course intéressée et effrénée faite d´emprunts colossaux á tour de bras, en vue de construire des barrages, qui près de 7 ans après, n´ont produit aucun Watt d´électricité au Kamerun :

Le barrage de Song-loulou : plus important barrage du Kamerun en terme de production, depuis 2011, il avait seulement besoin de 11 milliards pour sa réhabilitation. Mais cela n´a jamais été la priorité de qui que ce soit jusqu’à ce que la principale turbine du barrage lâche il y a quatre mois. Le barrage qui était déjà à 40 % de ses capacités, produit à peine de quoi alimenter la ville de Kribi.

Sa gestion chaotique successivement a été assurée hier par la SONEL, le lendemain par AES-Sonel, aujourd´hui par Eneo qui l´a progressivement transférée, à partir d'août 2015, à Electricity Development Corporation, qui s´est engagée au passage à financer une première tranche de travaux d'urgence, pour un montant de 11 milliards de F CFA (16,77 millions d’euros), travaux dont pas le moindre coup de pioche n´a été donné jusqu´ici. Bientôt 04 ans que cela dure.

Le Barrage de Lom Pangar: 97 milliards FCFA (195.7 million USD)ont été lourdement consentis pour seulement 30 MW, mais les travaux de construction débutés en 2012 tardent á s´achever.

Le barrage hydroélectrique de Memve'ele: 365 milliards de FCFA (730 million USD) pour 211 MW sont déjà engloutis, mais sa construction débutée elle aussi en 2012 tarde à voir le bout du tunnel.

Le barrage de Nachtigal: débutée en 2018, sa construction prévoit un gouffre financier de 656 milliards FCFA (1,3 milliard USD) pour 420 MW.

Le Barrage de Mekin: prévu en 2011 pour produire 15 MW pour un montant de 25 Milliards de FCFA, il n’est pas encore terminé en 2018, mais a déjà englouti plus de 90 milliards de dépenses, pour une capacité de production de 10 MW seulement. Où sont passés les autres 5 MW et pourquoi le coût a-t-il sextuplé? D´ailleurs, plusieurs experts dont Christian Penda Ekoka ont dénoncé ce projet dès son entame, au motif qu´il coûtait très cher par rapport à la moyenne des prix en Afrique et en fonction des difficultés de l’environnement.

L´autre curiosité dans la construction de ce barrage est que le président du comité de pilotage et PCA d’Hydromekin, entreprise créée pour gérer ce projet, est en même temps l’actuel ministre des finances. Un vrai délit d´initié qui crève l´œil, mais dont personne ne s´en plaint.

Pire encore, depuis 2008 le Kamerun a besoin de 10 milliards pour l’entretien des lignes de transports qui devaient faire économiser plus de 30 MW d’énergie, cela n’a jamais été la priorité du régime Biya.

Au final, malgré une facture astronomique de près d´1.118 milliards FCFA (2,23 milliards USD), même en 2019, les ménages et l´économie kamerunaise ne seront toujours pas sortis de l´obscurité totale. Au contraire, Coupures d´électricité, délestages intempestifs seront toujours leur lot quotidien. Depuis 05 jours, une bonne partie de la ville de Douala est plongée dans le noir, comme bien d´autres villes du Kamerun. C´est la « Force de l´expérience », la malédiction Biya.

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