Cameroun : si jeunes et déjà alcooliques !
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Cameroun : si jeunes et déjà alcooliques ! :: CAMEROON

Douala. Lieu dit Ange Raphaël. Il est 19h30 ce samedi. Le son bruyant des baffles raisonne déjà dans les oreilles, autour, des bars qui font le plein. Soudain, un bar attire l’attention parmi tant d’autres. Il est situé en bordure de route et des lumières tamisées, multicolores, éclairent l’intérieur. De nombreuses tables bien rangées et pleines de bouteilles de bière, précieux liquide pour ses consommateurs. Il y en a pour tous les gouts. Comme on dit dans le jargon camerounais : « ici on consomme ».

« Dépêche-toi, après avoir servi les clients du bout, il y en a qui viennent d’entrer et ils veulent une douzaine de bière sur leur table, ensuite tu iras servir le monsieur assied la bas », ordonne le barman a l’une des servantes. Elles sont au nombre de 7, jupes noires, chemisettes blanches, serrées et laissant rebondir leurs poitrines relevées à bon escient. Si nombreuses, mais elles n’arrivent pas à servir tout le monde. La demande est élevée. Au fond de la salle, sur une table, de jeunes garçons et filles, environ 20 ans, dansent et bavardent sans se gêner. Ils ont de nombreuses bouteilles de bières sur leurs tables. Certaines sont déjà vides et d’autres encore pleines. Tout à coup, la servante débarrasse et ajoute d’autres bières pleines : « je bois pour m’épanouir et je peux consommer 4 a 6 bières, ca dépend de mes moyens », déclare l’un des jeunes. S’épanouir en buvant autant de bières ? L’alcool est pourtant responsable de nombreux accidents de la route et de nombreuses maladies telles que la cirrhose du foie et le diabète.

Le prix homologué d’une bière est de 500 Fcfa. Mais ici les prix varient en fonction du jour. Les jours simples : 700 francs Cfa pour une bière, les weekends et les jours de fête, 1000 francs Cfa pour la même bière. N’empêche, les activités prospèrent ici, dans ce secteur qui jouxte l’Université de Douala. Le bar est toujours plein et la clientèle est majoritairement jeune si bien que l’on se demande ce que font ces jeunes pour boire autant et pourquoi boivent-ils ? « Moi je fais une petite activité en journée et le soir pour me détendre je sors prendre quelques bières », dit Mathieu un jeune homme de 24 ans rencontré dans le bar, comme s il n’existait pas d autres façons de se détendre.

« Pour moi la bière est bonne, mais lorsque j’exagère, il m’arrive de faire des choses vilaines comme par exemple bagarrer, insulter des gens », déclare Ghislain 22 ans. Ceci nous renvoie aux effets néfastes de la consommation abusive d’alcool en milieu jeune qui se soldent souvent par des bagarres sanglantes, qui ont été parfois mortelles. On trouve certains jeunes qui affirment qu’ils consomment parfois de l’alcool pour affronter les peurs, bref, qui disent trouver du courage lorsqu’ils consomment de l’alcool. D’autres disent ne pouvoir parler en publique que lorsqu’ils ont bu. Pour Franklin, 20 ans, il lui arrive de ne plus se souvenir de rien le lendemain d’une soirée de bière : « il y a des jours ou lorsque je bois, le matin je ne me souviens de rien, on me dit juste que j’ai fait du désordre ».

De l’intérieur de ce bar, si bien nommé « Le dragon noir », on aperçoit les lumières scintillantes du « Facebook », un autre bar faisant justement face au « Dragon noir ». Dans ce bar qui cache en arrière plan une auberge, de jeunes filles consommant de l’alcool et la cigarette : « je bois avec mes copines tous les jours comme ca, on s’amuse ». Une autre fille dit qu’elle boit pour oublier une déception amoureuse. Car, il n’y a pas très longtemps, elle aurait été trompé par son petit ami.

Le Cameroun, pour une population de 20 millions d’habitants, compte trois grandes sociétés brassicoles. La Société anonyme des brasseries du Cameroun (Sabc) détenue à majorité par le français Pierre Castel, ferait plus de six milliards de francs cfa de bénéfice par an. Guinness Cameroun, détenue à majorité par le britannique Diageo, arrive en deuxième position, devant l’Union des brasseries du Cameroun (Ucb), propriété privée du richissime homme d’affaires bamiléké Kadji Deffosso. Et comme si cela ne suffisait pas dans ce pays où la bière passe pour être une denrée de première nécessité, le Cameroun importe de manière officielle et en contrebande aussi, de l’alcool sous forme de bière, de liqueur et de vin. La consommation abusive d’alcool ne concerne pas uniquement que les jeunes. Douala est à l’image du reste du pays, qu’on soit en ville ou au village. Toutes les générations en sont affectées. Si pour d’aucuns la consommation d’alcool donne du courage, il faudrait surtout noter qu’elle détruit la santé, les ménages, et la société.

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