Cameroun,Crise anglophone : La fête de noël a un goût amer à Wum
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Cameroun,Crise anglophone : La fête de noël a un goût amer à Wum :: CAMEROON

La journée de ville morte prévue dans les régions du nord-ouest et du sud-ouest Cameroun ont largement paralysées la ville de Wum dans le Nord-Ouest ce mardi 25 décembre 2018.

Depuis vendredi dernier, les leaders de la contestation anglophone ont appelé les habitants à rester chez eux, les commerçants à garder leurs boutiques fermées et surtout ils ont demandé à la population de boycotter les fêtes de noël et de nouvel an. Reportage.

Un épais brouillard enveloppe Wum en cette matinée du 25 décembre 2018. Il ne peut cependant dissiper la peur qui hante les esprits de tout visiteur.

L’entrée de la ville a été désertée de ses habitants, laissée aux seuls militaires et policiers, qui en contrôlent les entrées et les sorties.

Quelques épaves de véhicules , des douilles de gros calibre sur la chaussée impraticable, poussiéreuse et des maisons laissés à l’abandon indiquent la situation de guerre qui bat son plein dans les régions du nord-ouest et du sud-ouest Cameroun

A Wum dans la région du Nord-Ouest et chef-lieu du département du Menchum, plusieurs chapelles sont fermées comme nous avons pu le constater ce matin. Plusieurs chrétiens ayant choisi de rester à la maison

Les rues de Wum et plus particulièrement Foncha Avenue,Wum Maingate habituellement bruyantes en cette période de fin d'année étaient désertes ce matin. Les petits marchés qui accueillent les vendeurs de bétail, de légumes et poissons étaient fermés. Très peu de motos-taxis étaient visibles.

Pour les habitants de WUM, cette mobilisation est une manière de protester contre le gouvernement de la "Riporblik", gouvernement de la république du Cameroun, qui refuse à accéder à leurs doléances

« C’est un signal que nous avons envoyé aux autorités depuis plusieurs années. Nous envisagerons d’autres actions plus fortes et dévastatrices dès2019 », prévient Acha Sylvester, activiste bien connu de la ville de Wum.

Que ce soit à Bu, Buei Chei, Magha, Zongofu Zongokwo, dans presque tout le département de la Menchum, on assiste au même scénario.

La plupart des zones de grande affluence sont toujours désertées. Les parents gardent les enfants à la maison, soit par soutien au mouvement de contestation anglophone, soit par peur.

Selon Emmanuel Adah,homme d'Eglise au village Zongokwo, certaines populations voient dans cette fête de la nativité un moyen de distraire le peuple au moment où plusieurs d'entre elles ont prise le chemin de l'exil. « Nous ne pouvons pas fêter à fond alors que nous ne sommes pas en paix» ajoute t-il.

Toujours à Wum, ils sont plusieurs dizaines à vivre cachés dans les montagnes. Mais ici, c'est le drapeau bleu et blanc de l'Ambazonie, et celui des ADF, qui flottent au vent.

Les ADF, pour "Ambazonia Defense Forces", c'est le principal groupe armé indépendantiste, au Cameroun anglophone.

Ces hommes n'étaient, pour beaucoup, que de simples agriculteurs ou éleveurs de bétail. Ils nous ont expliqué avoir rejoint la rébellion, après avoir subi les violences de l'armée camerounaise - l'armée de la "Riporblik" ( La république, Ndlr), comme ils la surnomment.

Dans ce no mans land des montagnes de Wum, la fête de noël se fêtera quand le"peuple sera libre et indépendant" nous confie un jeune membre des ADF

A Wum,la population locale attribue aux militaires camerounais la responsabilité des actions qui ont conduit à la destruction, le pillage, l’incendie des propriétés privées et, dans une large mesure, des villages.

De nombreuses organisations non gouvernementales ont souvent accusé l’armée camerounaise de toutes sortes d’actes de violation des droits de l’Homme dans le cadre de la lutte contre les groupes armés acquis à la cause de la sécession. Face à cela, le gouvernement est resté constant en rejetant en bloc toutes les allégations.

En ce 25 décembre, la fête de noël a un goût amer à Wum.

Selon certains témoignages, à Wum, c'est depuis l'année dernière que les fêtes de noël et de nouvel an ne se fêtent plus dans cette localité. La quasi totalité de la population étant appauvrie par la crise sociale ambiante.

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