PAUL BIYA: RESPONSABLE DIRECT ET PRINCIPAL BENEFICIAIRE DE L'INDUSTRIE POLITICO-CRIMINELLE
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La prolifération au Cameroun des scandales à caractère financier dont le point culminant est ce qu'il convient d'appeler désormais, la CANGATE (Coupe d'Afrique des Nations), tant a-t-elle grevé de plus de 1600 milliards le service de la dette d’un pays aux finances déjà exsangues, pose avec relevance, la question occultée de la RESPONSABILITE JURIDIQUE ET POLITIQUE au Cameroun.

Une aristocratie d'experts de toutes sortes se relaye sur divers supports communicationnels pour développer, non sans habileté, la responsabilité pénale et civile de tel ou tel commis de l'État. Dans une démarche qui se veut méthodique et irréprochable, comme pour se protéger du glaive de ces bébés tyrans, qui se vengeraient d'une dénonciation calomnieuse, des hommes de media, des juristes et autres lanceurs d'alerte s'appuient très souvent sur une abondante documentation dont la pertinence ne saurait être aisément remise en question.

Cette entreprise consistant à jeter à un peuple famélique des seconds couteaux, supposés responsables de tous les péchés d'Israël, contribue savamment à protéger le vrai responsable, en l’occurrence un Président de la République à la légitimité démocratique contestable et contestée, en la personne de Paul BIYA. En effet, tout donne à voir que ce stratagème serait même organisé par ce dernier, pour susciter des contre-feux visant à détourner les regards de sa propre responsabilité. Et pour qu’il en soit ainsi, des officines de communication sont depuis lors mises à contribution, le tout visant à porter en première intention la thèse qu'il souhaite voir prospérer. Cette dernière est étayée par des éléments de preuves savamment fournis et distillés au sein d’une opinion publique avide de faits divers pour noyer ses difficultés quotidiennes devenues résistantes à la bière et aux églises des miracles.

Dans cette démarche, les différents clans antagonistes sont fréquemment mis en concurrence, à la fois pour donner du volume à la crise et désigner des responsables, visant par cela à jeter un voile, sur les responsabilités juridique et politique de Paul BIYA, C'est ainsi qu'on a vu s'écharper, l'ancien ministre, Edgar Alain MEBE NGO et le ministre des finances, Louis Paul MOTAZE, ou qu'on voit s'opposer ce dernier au Secrétaire Général de la Présidence de la République, Ferdinand NGOH NGOH. Le peuple, occupé à déverser ses frustrations sur le menu fretin qui lui a été jeté en pâture, oublie le grand manitou de l'affaire. Des mois durant, aidé par une presse à la fois naïve et/ou complice, l'opinion rumine sa revanche qui prendra la forme d'une éviction du poste, voire d'un emprisonnement, qu'il attend sans le savoir, de celui qui est en réalité le vrai responsable et bénéficiaire de cette escroquerie d'État, à savoir Paul BIYA.

Ce raisonnement peut paraître pour certains relativement sophistiqué. En raffinant davantage l'analyse, il convient de mettre en exergue une réalité politique qui apparaît aujourd'hui plus qu'évidente:

LE POUVOIR POUR LE POUVOIR COMME PROJET POLITIQUE ET MOURIR AU POUVOIR COMME SEULE AMBITION POLITIQUE

Il y a quelques semaines, je résumais ainsi l'idée et la pratique politique chez Paul BIYA: le mensonge comme méthode de communication, la paresse et l'inaction comme philosophie politique, la tricherie comme art de gouverner, la corruption comme clef du succès, le népotisme comme méthode de management politique, la violence et la brutalité comme argument, le pouvoir pour le pouvoir comme objectif, le néant comme bilan.

Cette formulation quoique lapidaire, ne manque pas de pertinence. Elle est aujourd'hui encore plus vraie qu'hier, car à 86 ans, si Paul Biya montre qu’il n'a plus les muscles pour aller à la bagarre, c'est-à-dire pour construire le Cameroun, il démontre qu’on peut, avec ce qui reste du cerveau à cet âge-là, faire preuve d’une lucidité même résiduelle pour manipuler, corrompre, réduire au silence toutes les voix dissonantes et écraser les ambitions « démesurées »...

Et pour cause, le financement de tous les réseaux de propagande, l'irrigation et l'engraissement de toutes les entités qui contribuent à maintenir au pouvoir le tyran, proviennent essentiellement sinon exclusivement des détournements de fonds opérés par ces seconds couteaux, qui pour séduire leur créateur, Paul BIYA, doivent par leur capacité d'action et donc financière, contribuer à la gigantesque entreprise de survie du pouvoir. Il n'est donc pas surprenant d'entendre des commis en disgrâce, accusés de détournement de plusieurs dizaines de milliards de francs CFA, dire qu'ils ont utilisé cet argent pour le parti RDPC, pour aider aux œuvres caritatives de la première Dame...On a aucune raison de le nier dès lors que cela sort de la bouche même des auteurs des détournements de la fortune publique, mais il importe de rester lucide quant aux motivations premières de ces criminels au cols blancs, selon une formule consacrée.

L'appétit vorace de Paul BIYA, qui a la haute main sur le pétrole qu'il boit jusqu'à l'indigestion, l'amène aussi à avoir un regard très intéressé sur les dividendes de la corruption et des détournements. Les confidences d'un ex-banquier en disgrâce, en l’occurrence, Robert MESSI MESSI, ex-Directeur de la Société Camerounaise de Banque, militent en faveur de cet argumentaire.

IL EST INTELLECTUELLEMENT NAIF DE CROIRE QUE BIYA NE NOMME QUE DES VOLEURS, MAIS POUR RESTER AU GOUVERNEMENT IL FAUT DEVENIR VOLEUR

Ce mode de gouvernement qui brille par sa gabegie, nourrit donc le système politique et lui permet de survivre à la démocratie. Paul BIYA en est non seulement le concepteur, mais plus encore, il l'entretient, il le planifie... Il est faux de croire qu'il ne nomme que des voleurs et corrompus et donc qu'il se trompe systématiquement dans son casting. En réalité, si on veut exister dans le système Biya, si on veut y grandir et le servir, il faut acquérir et développer les outils dudit système, à savoir la gabegie, la corruption, le népotisme, le vol... Bref, il faut faire partie de la bourgeoisie d'État, avoir sur son compte bancaire si ce n’est dans les valises, de l'argent public ; sinon on n'est pas politiquement intéressant, l'argent ici est synonyme d'épaisseur politique. Par conséquent, à partir du moment où le seul projet, c'est le pouvoir pour le pouvoir, tout ce qui contribuerait à maintenir le Prince au pouvoir est apprécié par ce dernier. Dès lors peut-on y voir un personnage sans éthique, sans morale ou sans limite ? Tout donne en tout cas à le penser... Ceux qui sont passés sous les fourches caudines de la justice sont généralement ceux qui ne se sont pas montrés assez collectifs quant à l'idéal de survie politique recherché, ou simplement ont affiché quelques velléités d'un destin personnel. En réalité, ces condamnations participent essentiellement de deux objectifs : soit de la communication politique, car il ne faut pas que prévale de manière trop audible, l'idée d'une d'impunité généralisée autour de cette entreprise criminelle , soit du châtiment personnel du tyran . La finalité est la même, entretenir l'illusion d'une certaine justice et assurer la stabilité de ce chaudron.

Désigner les fusibles comme coupables, au lieu de rechercher le vrai coupable qui est BIYA, comme le font la presse, une certaine opinion et même des politiques procède sinon d'une forme de lâcheté, du moins de la paresse intellectuelle. Ce dernier, sauf à imaginer qu'il ne gouverne pas le Cameroun depuis des lustres, ce qui est évidemment faux, est au courant de tout, c'est le minimum, il a pour cela des services de renseignements...On ne peut pas à la fois décrier son pouvoir tentaculaire et son absence de pouvoir. Il le fait dans son style, très particulier selon la seule finalité qui est la sienne, être Président ad vitam aeternam .

Dès lors, fonder le moindre argumentaire sur la méconnaissance des dossiers par Paul BIYA, participe simplement d'une forme de complicité intellectuelle. Certes, le détournement et la corruption sont des entreprises criminelles complexes qui se conjuguent avec une vraie ingénierie, dont les piliers sont la discrétion et l'intelligence criminelle. Ceci est aux antipodes de la culture de la prévarication en vigueur au Cameroun. On ne devrait même plus parler de corruption et détournement mais plutôt de braquage et prédation d'État, tant les détournements brillent par leur ampleur, leur montant gigantesque, leur grossièreté, leur indécence, sans aucun rapport avec la pauvreté endémique au locale. Et ça, Paul BIYA le sait, il l'organise il en est le principal bénéficiaire.

En somme, le pouvoir pour Paul BIYA se résume en de noces interminables qui durent depuis 36 années, pendant lesquelles, des sommes faramineuses ont été dépensées pour les plaisirs du pouvoir dans des palaces majestueux et pour le pouvoir. On baigne en plein État de police où un despote n'a jamais considéré que le pouvoir, c'est avant tout, un devoir et une responsabilité. Au final, sa plus grande réussite, est d'avoir bâti un système unique et inique, qui fera école en sciences politiques, dans lequel, la privatisation de la fortune publique, qui ressemble davantage par son caractère ostentatoire, à une pornographie de l'enrichissement par le pouvoir et pour le pouvoir, est devenu un principe de gouvernement.

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