Cameroun, Conditions de détention: Prisonniers dans un camp de gendarmerie
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Au Cameroun, des personnes condamnées par la justice purgent leurs peines dans des cellules du Secrétariat d’Etat à la Défense et pas dans les prisons comme le recommande la loi. Leurs conditions de détention frisent l’inacceptable.

Des cellules situées dans le sous-sol du camp de gendarmerie du Secrétariat d’Etat à Défense (Sed) à Yaoundé font dorénavant office de prison. Des personnes condamnées par la justice pour détournement de deniers publics y sont incarcérées depuis bientôt quinze ans pour les plus anciens. C’est le cas du président du Comité de pilotage et de suivi des travaux de construction des axes routiers Ayos Bertoua et Yaoundé Kribi (Copisurp), Michel Thierry Atangana, et de l’ancien Secrétaire général de la Présidence de la République, Titus Edzoa. Ils y ont été rejoints au début de l’année 2006 par Emmanuel Gérard Ondo Ndong, Giles Roger Belinga et Joseph Edou. En violation flagrante du code de procédure pénale qui stipule en son article 551 que "Toute personne détenue en vertu d’un mandat de justice est incarcérée dans une prison". "La prison ayant par ailleurs, en droit, une connotation bien précise qu’on ne peut pas confondre avec une garnison militaire", fait remarquer Maître Pierre Eteme Eteme, avocat à Yaoundé

Enfermés treize heures par jour

Des organisations de défense des droits de l’homme dénoncent les difficiles conditions de détention de ces détenus. A en croire Michel Thierry Atangana, lui et Titus Edzoa étaient enfermés dans leurs cellules pendant treize heures chaque jour, soit de 20h du soir à 09h du matin, à la différence des autres détenus qui ne sont isolés que de 22 heures à 06 heures du matin. "Il a fallu finalement le passage des missions initiées par les patrons successifs du Comité international de la Croix Rouge (Cicr), Jakob Kellenberger et M. Yves Daccord, pour que nos conditions de détention s’améliorent", a précisé, à la sortie de la salle d’audience de la Cour d’appel du Centre, Michel Thierry Atangana.

Avant ce passage des autorités du Cicr, les détenus avaient multiplié sans succès des requêtes et des pétitions pour que l’aération de leurs cellules soit améliorée. Les responsables du Sed sollicités, se sont à chaque fois abrités derrière le fait qu’il "s’agit de détenus d’un genre particulier" avant de céder finalement. Seulement, les ouvertures même améliorées ne respectent pas toujours les règles minima pour le traitement des détenus adoptés par les Nations Unies. Selon celles-ci, les fenêtres des cellules des détenus doivent être suffisamment grandes et aérées, pour que le détenu puisse lire et travailler à la lumière naturelle sans altérer sa vue.

Pas le droit au soleil, à la nourriture ou à la santé

Les détenus de cette "prison spéciale" se rencontrent difficilement et ne peuvent échanger entre eux. Même hors de leurs cellules, ils sont surveillés comme du lait sur le feu par des gendarmes. "L’aménagement horaire par les responsables de la Gendarmerie nationale est élaboré de manière à éviter tout contact", avait dénoncé Titus Edzoa en avril 2011, au cours d’une déposition devant le tribunal.

L’ancien ministre de la Santé Titus Edzoa, les ex-directeurs de la société immobilière du Cameroun (SIC) Gilles Roger Bélinga, du Fonds d’équipement intercommunale (Feicom), Emmanuel Gérard Ondo Ndong, du Crédit foncier du Cameroun (Cfc) Joseph Edou et Michel Thierry Atangana, président du Copisurp, tous incarcérés ici se contentent une fois dehors d’une petite superficie où ils peuvent s’exposer au soleil. Ils n’ont droit à aucune ration alimentaire et sont nourris par leurs familles. Aucune infirmerie n’a été aménagée. Malades, les détenus du SED sont pris en charge par leurs familles respectives. Seul Titus Edzoa avait spécialement bénéficié en 2004 d’une évacuation à l’Hôpital général de Yaoundé payée par les pouvoirs publics. Ils sont toujours conduits au tribunal dans des véhicules de la gendarmerie et escortés chacun par une vingtaine d’éléments du Groupement polyvalent de la gendarmerie. "Même privée de sa liberté, la personne humaine conserve sa dignité d’homme et devrait comme le martèle notre Constitution, être traitée en toute circonstance avec humanité", fulmine Simon Pierre Eteme Eteme.

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