Cameroun: Michel Biem Tong "La prison est une école d’humilité"
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Cameroun: Michel Biem Tong "La Prison Est Une École D’humilité" :: Cameroon

Bénéficiaire de l’arrêt des poursuites décidé par le chef de l’Etat, au même titre que 288 autres détenus, le journaliste et activiste s’exprime sur sa détention et son avenir.

Comment vivez-vous les premiers jours de votre retour à la liberté ?

Je suis un homme heureux et comblé de recouvrer la liberté. C'est avec plaisir que j'ai recommencé à emprunter le taxi et à parcourir certaines parties de la ville de Yaoundé que je ne voyais qu'à partir du car du Secrétariat d’Etat à la Défense (Sed) ou du camion de la prison de Kondengui. C'est aussi un moment de retrouvailles entre mes voisins du quartier, mes amis, certains membres de ma famille et moi. Certains de mes voisins pensaient que j'étais porté disparu ou alors que j'avais voyagé (rires !), d'autres qui ont appris ma détention par les médias et les réseaux sociaux me regardaient d'un oeil compatissant. Bref, j'ai repris goût à la vie. J'ai pu me rendre par exemple à « Yafe » ce lundi en matinée. Dans les jours qui viennent, je serai auprès de ma famille pour passer les fêtes de fin d'année.
La prison n'est pas un endroit où il fait bon vivre. Je préfère donc parler non pas d'expérience, mais plutôt d'un moment non seulement de remise en question mais aussi d'élévation spirituelle. On peut paraître innocent aux yeux des hommes mais parfois la prison est une résultante de la colère divine. La prison m'a permis de raffermir ma foi en Dieu. Je suis chrétien catholique mais il m'arrivait de prier avec les protestants et les pentecôtistes en prison.

Qu'est-ce qui vous a le plus marqué en prison ?

C'est la vanité de l'être humain. Sorti de prison, je suis désormais convaincu que dans un pénitencier, il n'y a ni bourgeois ni prolétaire, ni riche ni pauvre. C'est vrai qu'il existe des quartiers pour défavorisés mais aussi des quartiers que je qualifierais de chics. Mais tout ce beau monde se rencontre sur une seule cour. Tout ce beau monde se bouscule en un seul lieu pour louer Dieu le dimanche. La prison est une école d’humilité ou on a toujours besoin d'un plus petit que soi.

Etes-vous prêt à poursuivre le combat ?

Seul l'avenir nous dira. Pour le moment, ce qui me préoccupe c'est de respirer un grand coup, de retrouver ma famille et passer les fêtes de fin d'année avec elle. Après, on verra.

Etes-vous tenté par l'exil ?

Laissez-moi le temps de réfléchir s'il vous plaît. Pour le moment, ce n'est pas une priorité pour moi. Je respire d'abord l'air de la liberté. J'avoue que je ne suis préoccupé par rien d'autre que ça.

On vous présente à la fois comme journaliste et activiste. N’existe-t-il pas une frontière entre ces deux statuts ?

Évidemment. Tout dépend de la posture que l'on adopte et de la plateforme que l'on utilise. J'ai effectivement joué les deux rôles mais chacun à son moment. A travers mon journal en ligne www.hurinews.com  tout comme sur ma chaîne YouTube HURINEWS TV, je remplissais ma mission de journaliste : informer, éduquer, dénoncer. J'écrivais des articles que je publiais sur ma page Facebook. Mais activiste, je l'étais parfois. C'est pourquoi on me considérait comme un influenceur web. C'est vrai qu'il m'était reproché de prendre le parti de X ou Y. Mais Desmond Tutu, le célèbre prélat sud-africain disait que la neutralité face à une injustice est une connivence avec l'oppresseur. Ce fut du moins mon leitmotiv avant mon arrestation. Quel sera celui après ma libération ? Je préfère m'arrêter là pour l'instant (rires).

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