Cameroun: L’art de « décembrer »
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L’une des qualités supérieures de l’esprit humain ou des sociétés rationnelles, ce n’est pas de spéculer sur des sujets de haut voltage littéraire ou scientifique, ou de faire toutes sortes de démonstrations auxquelles nous a habitué notre civilisation-bouillon, mélange incongru du possible et de l’impossible, de soumission, d’outrecuidance et d’autres ingrédients innommables.

Notre qualité supérieure devrait être notre capacité (permettez le barbarisme)…à «décembrer», c’est-àdire à savoir boucler ce qu’on a commencé, à mener à son terme annuel ou saisonnier un vécu ou un ensemble d’activités que nous avons annoncé.

Ce que j’observe est que l’humanité a perdu le sens du calibre, elle s’éloigne considérablement de cette capacité toute naturelle que le temps, par exemple, a de se placer à un point de départ J(janvier) pour un point d’arrivée D(décembre), et d’être le long d’une période bien déterminée le lieu d’une succession et d’une combinaison de saisons, d’une mutation de soleils et de lunes, dans un ordre que peuvent perturber parfois des cataclysmes, mais qui ne demeure pas moins un ordre rigoureusement logique avec lui-même et avec l’ensemble de la création.

Du fait sans doute de son caractère «ondoyant et divers» selon la maxime pascalienne bien connue, l’homme a du mal, malgré les efforts qu’il veut faire croire dans ce sens, à calibrer son énergie et son activité dans le moule naturel qui constitue un modèle indépassable. Par des jongleries scientifiques et intuitives de toutes sortes, il réussit toujours à «sortir des rangs» que sont les différents régimes naturels de l’existence pour faire cavalier seul ou contre l’ordre des choses. Sa posture devient de ce fait instable, illisible, indéchiffrable car embarrassant l’esprit ordinaire qui ne sait plus s’il est en retard ou en avance sur la création.

Pour revenir à cette incapacité de l’homme actuel à « décembrer », c’est-à-dire à parvenir à un point clausulaire précis des milles actions qu’il engage grandeur nature, on peut s’interroger sur sa réelle capacité à continuer à s’assumer comme un humain, si l’énergie investie en amont ne trouve pas en un aval incontournable le lieu de sa sortie ou son accomplissement final, afin que le cycle recommence.

On fait tout pour passer de janvier à décembre, quitte à avaler les autres patrons temporels, à les survoler, pourvu que la vitesse elle se réalise, au détriment de la vie et de ses lois.

Le Cameroun, malgré toutes sortes de slogans et de programmes, souffre de ces choses qui signalent en grande pompe leur « janvier » et quand arrive le temps des achèvements et des comptes, on réalise que l’arbre n’a pas tenu la promesse des fleurs.

Le retrait de la CAN 2019 à notre pays, la grogne à n’en plus finir de la rue au Togo, «Le printemps arabe», «Les Gilets jaunes» en France, la mise à feu et la casse de Paris et de tout l’Hexagone constituent autant de «janviers» allumés tambour battant ici et là et qui ne sont jamais parvenus à leur «décembre légitime», du fait d’une démagogie aveugle, d’une mentalité ravagée par des corruptions diverses et d’un monde souvent préfabriqué dans des discours politiques et qui devient de moins en moins contrôlable et pour la marche duquel la facture à payer est hors de prix. Le monde meurt de ne plus savoir accomplir ou dégager les énergies suscitées par toutes sortes de promesses. Il meurt inexorablement d’avoir perdu «l’art de décembrer» et de n’avoir sauvé que l’aspect folklorique de la fin de l’année.

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