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© la-croix.com : Lucie Sarr
- 29 Nov 2018 12:21:00
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Au Cameroun, Le Combat Du Cardinal Tumi Pour La Résolution De La Crise Anglophone :: Cameroon
À 88 ans, le cardinal Christian Tumi, archevêque émérite de Douala a dû interrompre sa retraite paisible pour tenter de trouver une solution à la crise sécessionniste qui ébranle, depuis 2 ans, l’extrême Ouest du Cameroun dont il est originaire.
Depuis quelque temps, le cardinal Christian Tumi, 88 ans, est revenu sur le devant de la scène camerounaise.
Il était pourtant discret depuis sa démission, en 2009, à l’âge de 78 ans, du siège épiscopal de Douala qu’il occupait depuis 1991.
Originaire de Kikaikelaki, dans la région du Nord-Ouest, l’archevêque émérite de Douala est très touché par la crise sécessionniste qui ébranle le Nord-Ouest et le Sud-Ouest anglophones de son pays depuis maintenant deux ans. La crise qui avait commencé par des grèves d’enseignants et avocats anglophones, s’est enlisée dans des affrontements meurtriers entre partisans d’une sécession des régions anglophones et armée régulière, faisant de nombreux morts.
Contre la sécession et pour le dialogue
En 2017, déjà le cardinal Tumi s’était, dans un livre d’entretien intitulé « Cardinal Christian Tumi : libres propos d’un visionnaire : livre-interview » (1), opposé à la sécession. « C’est difficile d’admettre la sécession », avait-il déclaré, estimant que c’est le manque de dialogue qui nourrit la crise. « Il faut qu’on les écoute et qu’on cherche à savoir ce qu’ils veulent, avait-il soutenu en parlant des séparatistes. Il faut privilégier le dialogue. Quand on dialogue, on résout beaucoup de problèmes. Ce qui fait problème, c’est qu’on n’a pas créé un forum de dialogue. »
Un an plus tard il joint l’acte à la parole en unissant ses forces avec celles de leaders religieux anglophones pour créer un cadre de dialogue entre toutes les parties prenantes du conflit. Le 25 juillet 2018, avec le pasteur Babila George Fochang, de l’Église presbytérienne du Cameroun (EPC), l’imam Tukur Mohammed Adamu, de la mosquée centrale de Bamenda, et le chef imam Alhadji Mohammed Aboubakar, de la mosquée centrale de Buea, il lance l’idée d’une conférence générale anglophone, une idée plébiscitée par de nombreux Camerounais – et encouragé par un rapport de l’International Crisis Group – mais qui se heurte à l’hostilité de l’État camerounais. Celui-ci a, par deux fois, été à l’origine du report de la manifestation. Il avait d’abord invoqué l’élection présidentielle, arguant que la conférence, prévue pour la fin août pourrait perturber l’organisation du scrutin du 7 octobre. Il a, par la suite, refusé d’accorder l’autorisation pour une nouvelle rencontre les 21 et 22 novembre.
La conférence aura bien lieu
« Je crois que les politiciens n’ont pas pu résoudre le problème », soutient toujours le cardinal Tumi qui est convaincu qu’il est temps que les leaders chrétiens et musulmans abordent la question d’« un point de vue spirituel ». À ses yeux, il est incompréhensible que le problème n’ait jamais été discuté « même à l’Assemblée nationale » « alors qu’en Angleterre, on est en train de discuter de cette affaire ». Pour autant, l’archevêque émérite de Douala qui déplore le « manque de dialogue entre le gouvernement et l’Église », compte bien organiser cette conférence très attendue. « Nous sommes en train de la préparer, a-t-il expliqué à la radio internationale allemande Deutsche Welle, dans un entretien diffusé le 26 novembre. Cette fois, nous allons envoyer un questionnaire à tous les anglophones du pays. Qu’ils nous répondent par écrit. Le moment venu nous ferons une mise en commun. »
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