Cameroun - Pr. Milla Assouté: «  un pays fracturé et débordé par la discorde nationale »
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Cameroun - Pr. Milla Assouté: « Un Pays Fracturé Et Débordé Par La Discorde Nationale » :: Cameroon

L'actualité politique au Cameroun présente des signes d'un pays fracturé et débordé par la discorde nationale. La présidentielle du 7 octobre 2018 qui n'en est une que sur le principe, vu la puissance hégémonique du Rdpc, le parti au pouvoir, a davantage ouvert les lignes de fracture entre les classes sociales, non sans creuser un peu plus au moins sur les réseaux sociaux la méfiance entre les groupes ethniques.

C´est que, cette élection que personne ne pouvait gagner était pour moi sans suspense. Tant qu´il n'y a pas de reformes électorale et politique, il est insurmontable de battre le Rdpc avec le système en vigueur. On peut donc crier à la triche, la fraude, et tuti quantu, ceux qui y sont allés sans exiger les réformes savaient que le corpus juridique et administratif de l'élection est verrouillé et n'offre aucune égalité légale de participation. Tous ces cris d'orfraie sur la fraude sont donc assez surprenants. Certains ont cru que les raccourcis étaient la solution pour accéder au pouvoir sans davantage de rivalité face à un pouvoir trentenaire. Or c´était mal jugé le niveau tentaculaire et la force financière des membres du Rdpc et son élite politico étatique et entrepreneuriale...

La campagne a livré le tribalisme refoulé des groupes, la mobilisation parfois sur un fondement religieux ou identitaire dans des affrontements soutenus par la circulation des faux, de l'invective, la calomnie, le mensonge ; bref des puanteurs qui rivalisent d'adresse non éthique pour substituer à ce qui est présenté comme le mal national.
Or à la copie, les hommes d´intelligence préfèrent toujours l’original.

Il n'est donc pas surprenant que l'on débouche sur l'échec sans surprise d´une opposition qui s'est trompée de combat et se trompe d´adversaire.
L'exacerbation du tribalisme est fortement utilisée par les uns et les autres. Il n'est pourtant pas possible chez nous d'accéder au pouvoir avec pour électorat un groupe ethnique. Il n'est pas possible non plus de garder le pouvoir sur un fondement ethnique.

Ce qu’il faut interroger, c´est l'avenir d´un pays en guerre contre lui-même et où deux régions n'ont pas pu exercer leur droit de vote. Comment les candidats à une telle élection comptent diriger des gens qui ne sont pas partie prenante de leur choix...

Prétendre même avoir gagné une telle élection n'est pas différent de la tricherie et des victoires cosmétiques du pouvoir.
Dresser les fractions sociales les unes contre les autres, les ethnies les unes contre les autres pour le pouvoir n'est pas autre chose que préparer la guerre civile avec un risque génocidaire.

Au delà donc d'un verdict qui n'est et n'a toujours été qu’ un secret de polichinelle, sauf pour ceux qui sont submergés par les fantasmes d´un pouvoir inaccessible en État, á moins de parler d'un autre mode de dévolution de son exercice, le Cameroun a besoin de changement de son mode opératoire de dévolution démocratique du pouvoir, du changement éthique de ceux qui aspirent à le diriger et de changement social pour l'ensemble de notre communauté humaine.

Si ce changement ne vient pas par la voie démocratique consensuelle, il accouchera d'un changement par la rupture constitutionnelle.
Maintenant que ce n'est plus un secret que M. Biya a été proclamé successeur à lui même par le conseil constitutionnel, la question qui se pose est de savoir, pour combien de temps, et pour quelles perspectives de court terme et de moyen termes.

Pour ma part la, politique commence maintenant, l'alternance aussi est à mettre en perspective.
Et c´est urgent.

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