Cameroun: Le phénomène Cabral Libii : L’audace d’espérer
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Cameroun: Le Phénomène Cabral Libii : L’audace D’espérer :: Cameroon

Il s’appelle Cabral Libii Li Ngué… Ses prétentions à la magistrature suprême ont d’abord suscité doute et rigolade. Son jeune âge n’était absent des considérations qui alimentaient une telle attitude. Sa démarche a parfois fait l’objet de protestations par ses références à une expérience française. Il y avait pourtant dans l’offre politique dont il était l’annonciateur quelque chose de singulier. Le candidat libii entrait en politique par une invitation des populations à s’inscrire massivement dans les listes électorales- C’était l’initiative 11 millions d’inscrits-Son audience augurait déjà le déplacement des lignes. L’initiative 11 Millions d’inscrits n’a pas été vu d’un bon œil ni par le pouvoir (qui a dispersé plus d’une fois des regroupements des jeunes voulant s’inscrire dans les listes électorales) ni par l’opposition. Elle a été une source de crispation entre Cabral et le SDF, Cabral et le MRC. L’ambition d’inscrire massivement les camerounais dans les listes électorales n’a pas atteint ses objectifs mais a permis au candidat du parti Univers d’occuper l’espace, de bâtir par cette entreprise un vaste réseau de soutiens qui sera utile pour lever les fonds aussi au bien au Cameroun qu’à l’étranger.

Sorti de l’opération 11 Millions d’inscrits, le Candidat Cabral Libii devait affronter le 2e acte de son périple électoral : la levée de fonds. Il s’est tourné vers le public et principalement ses militants et sympathisants pour des opérations de fundraising. L’initiative fut qualifiée de mendicité par la médisance facile. C’était oublier que Macron et Barak Obama ont utilisé des procédés similaires pour financer leur campagne. L’exercice avait pourtant quelque chose d’éminemment démocratique. Le principe de la caution a été institué pour éviter la ruée des candidats farfelus. En même temps n’est-il pas conforme à l’idéal démocratique d’égalité que l’accès à la compétition politique ne soit pas réservé aux personnes fortunées ? Nous sommes là devant deux paramètres contradictoires. Un candidat aux ressources limitées qui parvient à mobiliser une caution de 30 millions arrive par cet exploit à les concilier.

La campagne de fundraising devait relever deux défis :La constitution d’ une caution et la mobilisation d’un fond de guerre pour la campagne. Aux dernières estimations ce dernier aurait déjà dépassé 80 Millions de francs CFA. On peut louer la dynamique de mobilisation financière même si l’objectif visé de 200 millions est encore loin d’être atteints. Le fundraising est aussi d’une certaine manière un thermomètre de la popularité. On donne de l’argent pour un candidat parce qu’on le considère comme crédible. L’origine des fonds mobilisés mérite l’examen. La contribution de la diaspora est une part importante du pactole avec des montants très inégaux d’un pays à un autre. Certains pays se sont dégagés très tôt comme étant de grands contributeurs, c’est le cas de la France. Le profil des candidats qui ont participé à la collecte populaire fut très hétéroclite. On y trouvait des étudiants camerounais à l’étranger, des travailleurs modestes qui participent tous les jours au dynamisme des pays développés, des médecins talentueux (fleurons de l’occident occidental), des jurisconsultes, des hommes d’affaires. La contribution du monde médical belgo-camerounais a pu susciter sur la toile des réactions mitigées. Certaines personnes attendaient une participation plus importante au regard de son niveau de revenu. Nous aurons une lecture moins sévère. Toute contribution mérite d’être louée car l’essentiel se joue aussi dans les symboles. La rencontre de liège devant le monde médical fut d’abord un succès en termes d’affluence. C’était la première fois qu’on réunissait en Belgique autant de médecins pour une communication politique.

Le moment occidental du vaste périple de Cabral Libii a permis de capter quelque chose comme un signe avant coureur de la ferveur populaire qui attendait le candidat au pays natal. De Genève au new-jersey en passant Bruxelles et paris le candidat Libii fut accueilli par des foules enthousiastes qui lui donnaient du président. A Bruxelles la salle louée pour le recevoir s’est révélée trop petite pour offrir une place à tout le monde. Un phénomène similaire a été observé à paris mais dans une salle plus grande et plus confortable. L’inventivité du multimédia, le génie de l’imagerie, une communication offensive et novatrice font partie des marqueurs forts de la campagne de Cabral Libii. Tout cet armada de savoirs-faires technologiques et communicationnels a souvent été associé à la recherche du spectaculaire. Nous pensons à ces parachutistes qui ont déambulé dans le ciel américain avec un drapeau invitant à voter Cabral Libii. On peut aussi louer la très bonne qualité des clips de sa publicité électorale. La campagne du candidat Libii est vraisemblablement, la plus moderne du Cameroun Contemporain.

Les mauvaises langues ont raillé la tournée occidentale au motif qu’elle ne visait pas la bonne cible. Les commentaires sont allés bon train sur la faible participation électorale de la diaspora. Il existe dans la classe médiatico-politique camerounaise une vague atmosphère de haine à l’égard des compatriotes qui vivent à l’étranger. Une haine qui camoufle très mal le copinage de nos commentateurs politiques avec la satrapie de Yaoundé. Au delà de ses racines politiques cette haine est d’abord alimentée par des ressorts personnels comme la jalousie et l’amertume de son moi propre devant les contrariétés du quotidien. L’intellectuel de la petite semaine admet difficilement qu’un camerounais vendeur à la sauvette dans une autre vie , devenu vigile en France, revienne au bercail avec des voitures et appareils électroménagers, que la jeune fille médiocrement scolarisée qui a pu voyager grâce à un excellent mariage bâtisse au pays un duplex … si c’est un compatriote médecin, pilote d’avion, fonctionnaire international ou homme d’affaires, les calomniateurs feront profil bas mais ne manqueront pas s’ils le peuvent d’empêcher à ses projets de prospérer. Le moindre intérêt pour ce qu’il convenu d’appeler aujourd’hui la diaspora est presque toujours assez mal vécu au pays. Le ministre Laurent Esso et son collègue des relations extérieures lejeune Mbella Mbella en ont déjà fait l’expérience. Venus en occident pour parler à la diaspora, soupçonnée avec raison de financer la dissidence anglophone, leur voyage est devenu très vite l’objet d’une controverse indescriptible.

La présence de Cabral Libbii en occident a été l’occasion de réactiver ce que nous appelons dans ce texte, une <<vague atmosphère de haine>>. Que fait-il là-bas ? Pourquoi leur rend-il visite ? semblait-on entendre ici et là.

Controverses sur l’homme et son Parcours

Un esprit aigri et jaloux, Moussa Njoya , personnage lamentable ( comme on en trouve beaucoup dans le marigot de la prostitution) journaliste par intermittence, pute du système en CDI, indicateur selon des sources fiables ,fut

tenté un instant d’ouvrir sur les diplômes de Cabral des débats stériles. Le faisait-il pour des privilèges obtenus ou espérés ? Un jour les archives déclassées parleront.

L’origine des fonds mobilisés par le candidat Libii a été un véritable puits à fantasmes. On y voyait parfois Jean Kuete parfois Christopher Fomunyoh, parfois une nébuleuse d’officines proches des gouvernements étrangers.

Le début de la campagne proprement dite :

Le rallye camerounais a commencé à Edéa et s’est poursuivi à Douala. Les rassemblements organisés dans les deux villes ont été l’occasion d’une véritable démonstration de force. Leur succès en termes d’affluence rappelait les meetings de fru Ndi en 1992. Les terrains où s’agglutinaient les militants à Edéa comme à Douala se sont révélés chaque fois trop étroits pour accueillir l’immense foule venue acclamer son champion.. Une pause après le meeting de Douala a ouvert la porte à un torrent de rumeurs sur la fatigue du candidat. Il n’est pas totalement impossible qu’il ait une part de vérité dans toute cette histoire. Une campagne politique est loin d’être une épreuve facile. Préparer des discours (lorsqu’on n’utilise pas des nègres comme en occident), faire en moyenne deux meetings chaque jour, passer des heures à faire de longs trajets en voiture, en avion ou en train, dormir très peu, peut se révéler épuisant.

Le projet de société de Cabral Libii :

Le projet du candidat Cabral Libii contient des éléments qu’on peut trouver raisonnables, réalistes et réalisables et d’autres qui relèvent à nos yeux de facilité et de la démagogie. Il y a aussi en l’homme des attitudes dont on peut discuter la justesse politique.

Dans le cadre de la réforme institutionnelle le programme soumis à l’information du citoyen annonce l’instauration d’un régime présidentiel avec un vice-président. La primature sera supprimée. Il sera institué par ailleurs un parlement mono-cameral. Le sénat sera supprimé et remplacé par une chambre consultative des anciens et des patriarches. Cette réforme permettra de faire des économies de 12 milliards à réinvestir dans des secteurs productifs.

Le règne de Cabral Libii permettra l’accès à un régionalisme à la camerounaise. Il sera donné aux régions la possibilité de créer des lycées, de recruter des

enseignants. La dotation générale de la décentralisation sera ramenée de 3% à 10% comme c’est le cas au Rwanda

Le candidat du parti Univers entend combattre la sous-administration en permettant à l’Etat d’accroître sa présence là où le citoyen a besoin de lui.

Le libération des énergies est un axe fort de son programme. C’est par ce canevas qu’il entend faciliter l’accès à la propriété. L’acquisition au titre foncier sera plus facile qu’elle ne l’est aujourd’hui. Ce sera le cas lorsqu’on est héritier de ses terres. La libération des énergies passe aussi par une plus grande implication de la diaspora dans le développement en rendant possible l’accès à la pluri-nationalité. Le candidat promet en outre de recapitaliser l’épargne de cette diaspora par le lancement d’un emprunt obligataire.

Cabral libii se montre très préoccupé par le destin de l’autorité traditionnelle qu’il entend soustraire de son statut d’auxiliaire de l’administration par une révision de la loi de 67. Le chef traditionnel doit cesser d’être un faire valoir de l’administration et la chefferie traditionnelle doit redevenir le sanctuaire nos traditions.

Sur le plan social la mesure phare sera la mise sur pieds d’une assurance maladie universelle. Le volet économique ouvre largement les vannes à l’investissement autochtone en privilégiant l’accès des nationaux à la commande publique. Le candidat prévoit d’augmenter le smic et sa fixation sera faite en fonction des branches d’activité. Les start-ups seront accompagnées et soutenues pour qu’elles deviennent un véritable pôle de croissance. Le régime de Cabral Libii va subventionner l’achat des énergies vertes en privilégiant l’éolien et le Biomasse dans les zones difficilement raccordable au réseau national.

Un chapelet de mesures est égrené concernant la distribution de l’eau, la construction des chemins de fer, la construction d’une usine de pavé dans chaque commune, l’aménagement des zones urbaines, la construction de 50 000 logements sociaux chaque année…Le volet infrastructurel est dense.

Son action à l’international sera orientée vers la mise sur pieds d’une diplomatie plus protectrice et plus offensive par une présence accrue du Cameroun dans les foires internationales.

Des réserves justifiées :

On a pu remarquer chez le candidat Libii une tendance trop marquée à parler de Dieu. L’arrivée aux affaires d’un homme d’Etat qui affiche ses croyances de manière aussi ostentatoire ne pourrait-elle pas causer de lourds dommages à la laïcité ? Un chef d’état a le droit d’être croyant, mais ça doit rester une affaire personnelle et privée.

Certaines de ses promesses nous semblent relever soit de la démagogie soit de la facilité intellectuelle. C’est le cas lorsqu’il déclare vouloir booster la natalité en octroyant des allocations pour des femmes célibataires avec enfants. Est-il conscient des travers d’une telle mesure ? Elle pourrait ouvrir les portes à une industrie de la natalité, puisque faire des enfants ça rapporte. On voit déjà les effets pervers des politiques de ce genre en occident notamment dans les couches immigrées de la société. Mais les nations occidentales sont riches. Un pays pauvre ne peut pas s’offrir le luxe de ce type de politique.

Booster la natalité n’est pas à l’état actuel des choses une priorité pour nos sociétés. Le candidat Libii connaît-il le nombre d’enfants qui ne sont pas scolarisés dans le Cameroun d’aujourd’hui ? Les chiffres sont stratosphériques. C’est l’un des effets pervers d’une natalité incontrôlée. Il y a des choses beaucoup plus urgentes dans un pays pauvre. Par exemple recenser (après enquête sociale) tous les enfants qui se retrouvent très tôt et en très bas âge orphelins de père et de mère, et leur offrir un soutien matériel approprié.

Nous croyons au potentiel du candidat Libii. Nous osons croire qu’il peut encore rectifier ces aspects discutables de sa démarche politique et de son discours et accroître par ce travail de correction, la masse des Camerounais prêts à le rejoindre.

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