FCFA : toujours franc des colonies françaises d’Afrique!
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FCFA : toujours franc des colonies françaises d’Afrique! :: AFRICA

C’est l’une des certitudes sorties de la réunion semestrielle des ministres des Finances de la zone franc à Yaoundé. Ce d’autant plus que les discussions sur le sort du franc CFA (Colonies Françaises d’Afrique), n’était même pas à l’ordre du jour de la réunion des experts le vendredi 8 avril 2016 encore moins le lendemain, lorsque les ministres, qu’assistaient les présidents de l’UEMOA et de la CEMAC, ainsi que les gouverneurs des banques centrales que sont : la Banque des Etats de l’Afrique centrale, la Banque des Etats de l’Afrique de l’Ouest, la Banque de France et la Banque des Comores, banques centrales qui gèrent le franc CFA.

Comme un sujet tabou, l’éventuelle dissolution du franc CFA a été évitée par ces argentiers de la zone franc. Pourtant, il y a encore quelques temps, de nombreuses voix s’élevaient pour demander la mort du Franc CFA et la dépendance vis-à-vis de la France. Au premier rang de ceux qui voulaient alors la dissolution de la zone franc, il y’avait le président Idris Deby Itno du Tchad. A la rencontre de Yaoundé, on s’est contenté de parler macroéconomie. Des problématiques du genre comment mettre en oeuvre des politiques publiques ambitieuses pour sortir de la crise actuelle des cours des matières premières, surtout des hydrocarbures qui plombent la croissance dans les pays de la CEMAC par exemple.

On s’est entendu qu’il faudra poursuivre les réformes structurelles et les programmes de diversification des économies afin d’améliorer la résilience globale de la zone franc face aux chocs exogènes. L’autre point d’entente a été la nécessité de mener à bien les projets intégrateurs afin de booster les échanges commerciaux dans les différentes unions économiques et monétaires de cette zone, forte de 15 Etats, plus la France. On s’est gargarisé des performances économiques dans les trois zones d’ancrage du franc CFA. L’Union économique et monétaire ouest africaine s’est révélée être l’exemple à suivre avec son taux de croissance projeté en 2016 à 7,2% du PIB.

La Communauté économique et monétaire des Etats de l’Afrique centrale est à la traine avec une croissance revue de 1 ,6% tandis que les Iles Comores espèrent une croissance de plus de 2% en 2016. On n’a pas fait cas de la France, pourtant parrain de la zone franc. La France, qui depuis plus de cinq ans a du mal à faire un point de  croissance. Comme pour dire que les élèves ne jugent pas le maître. Et pourtant, on devrait se servir des erreurs du maître pour ne pas tomber dans les mêmes travers. Les institutions internationales que sont la Banque mondiale et le Fonds monétaire international, représentées à la rencontre de Yaoundé ont plaidé pour l’élargissement de l’assiette fiscale dans les pays de la zone franc afin de mobiliser plus de ressources propres, tout en proposant leur aide. Comme pour rappeler que la zone franc va encore rester dans l’assistanat pendant un certain temps.

Lorsque les hommes et les femmes des médias ont posé des questions sur la monnaie, les ministres africains ont fait chorus autour de ce que : «le franc Cfa se porte bien» et qu’il n’y a aucune raison d’en sortir. La seule réserve est venue de sa parité avec l’Euro. Quelques-uns comme le ministre gabonais des Finances et des comptes publics, Christian Magnagna, pensent qu’on devrait revoir cette parité à la baisse, vu la situation de crise de certaines économies de la zone. Pour certains experts, il faut arrimer le franc CFA à d’autres monnaies comme le dollar, le Yen ou le Yuan. Les monnaies des pays avec lesquels la zone franc commerce abondamment en ce moment.

Quant au ministre français des Finances et des comptes publics, Michel Sapin, il a redit ce qu’on savait déjà, que la décision de sortir du franc CFA relève de la souveraineté des Etats de la zone, et que la France respectera cette décision, tout en rappelant que pour battre monnaie, il faut avoir une discipline monétaire, budgétaire et une gouvernance parée à toutes épreuves. Histoire de dire implicitement que les pays qui utilisent le Franc des colonies françaises d’Afrique, ne sont pas encore prêts à franchir le pas. Seulement, à défaut de battre monnaie, nos dirigeants ne peuvent-ils pas, tout au moins, penser à changer l’acronyme CFA ?

A-t-on idée de continuer à utiliser une monnaie appelée francs des colonies françaises d’Afrique, cinq décennies après les indépendances? C’est une question de dignité et il faut qu’on rende la dignité au peuple. Sauf à dire que nos Etats restent et demeurent des colonies françaises d’Afrique. Vu comme cela, parler d’émancipation monétaire est donc utopique. Ce que pour ma part, je dénonce avec fermeté!

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