Charles Ewanje Epee, musicien : « Je me sens enfin chez nous »
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Pourquoi ce retour musical au pays ?
J’aurais voulu effectivement rentrer au Cameroun depuis très longtemps. Mais en réalité, j’ai déjà essayé, puisque dès que j’ai eu le premier prix au Carrefour mondial de la guitare en 82, je suis venu présenter ce prix aux instances culturelles camerounaises en 83 et à l’époque, c’était François Sengat-Kuo qui était ministre de la Culture. Il m’a tout simplement dit de rentrer en France et de lui envoyer mon diplôme, qu’il allait transmettre. Je suis donc reparti avec mon petit diplôme et je l’ai mis dans une valise. Et j’ai essayé plusieurs fois aussi de me faire produire en spectacle, ce n’est pas évident. Et cette dame (Henriette Epee, ndlr) a pris d’énormes risques commerciaux. Je suis heureux. Je me sens enfin chez vous, chez nous.

Estimez-vous n’avoir pas eu assez d’attention du Cameroun ?
J’ai envoyé beaucoup de demandes. J’ai même envoyé une demande au Centre culturel français de l’époque pour entamer des cours de guitare sur place sous forme de masterclass. On m’a répondu qu’il n’y a pas de structure pour me recevoir. En 84, les Allemands m’ont proposé de financer mon projet le plus cher : monter une école de musique au Cameroun. Les Français s’y sont associés.

Mais ils m’ont dit de demander d’abord une autorisation de principe au ministère de la Culture du Cameroun, en leur signalant qu’ils n’auront pas un centime à débourser. J’étais ravi. J’ai fait la demande. Je n’ai pas eu de réponse. Au bout de trois ans, je suis allé au ministère. A l’époque, c’est Francis Kingue qui dirigeait l’orchestre national. Je suis allé lui dire bonjour, il était absent. Celui qui était dans son bureau m’a demandé qui j’étais. Je lui ai expliqué pour mon courrier. C’est lui qui l’avait reçu. Il m’a répondu qu’il ne savait même pas ce qu’il avait fait de cette lettre. Vous écrivez une lettre adressée au ministre de la Culture, ça finit dans le tiroir d’un quidam.

En termes de droit d’auteur, que sont devenus vos droits ?
Je suis artiste à part entière depuis plus de 35 ans et les droits d’auteur ne datent que de 33 ans. Je fais partie de la société des droits d’auteur depuis la première structure, avec la Socadra. On a eu après la Socinada, la Cmc, la Socam... J’ai toujours pris ma carte. Je n’ai pas touché un centime depuis 33 ans, pas un seul. Et c’est moi qui ai composé la musique des Lions en 90. En plus des chansons pour certains artistes.

J’ai des droits. Je suis consterné par le problème au même titre que les autres artistes et peut-être un peu plus parce qu’à chaque fois que je me suis présenté pour toucher mes droits d’auteur, on me montrait tout à fait ostensiblement sur l’ordinateur que j’ai de l’argent, mais je ne suis pas arrivé au moment de la distribution et quelque temps après, l’argent disparaissait.

© Cameroon Tribune : Rita DIBA

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