CONCOURS DE L’IRIC : VOICI COMMENT S’EST PASSÉ LE TIRAGE AU SORT DE LA LISTE DES ADMIS
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En République Cacaoyère, les concours d’entrée dans les grandes écoles publiques, c’est une question de chance. Et cette fois-ci, c’est l’innocente main de Jacques La Créature qui a tiré au sort. Les candidats recalés sont priés d’attendre le prochain tirage au sort de la grande « Mangeoire », le nom de notre loto national.

On le dit, on le redit, et on ne s’en lasse pas ! La République Cacaoyère, c’est comme une boîte de chocolat, on ne sait pas sur quoi on va tomber…dedans. Et c’est ça qui fait le nanan de la République Cacaoyère du Cameroun ; comme les autres Républiques Cacaoyères africaines, au Cameroun, on vit dans un chaos sophistiqué, normalisé. Bon, ne prenez pas la mouche, je vous explique. En République Charcutière de France, chez nos ancêtres les colons Gaulois, quand un ministre a piqué dans les caisses de l’Etat, même si on le soupçonne seulement, il démissionne avant. L’entrée aux grandes écoles publiques se fait sur la base du mérite, de la compétence. C’est un modèle républicain que nous avons copié aussi chez nous, mais comme tout le monde le sait, la copie n’est jamais l’original.

En République Cacaoyère, on peut rembourser l’agent piqué dans les caisses de l’Etat tout en restant ministre ; pour entrer dans une grande école publique, il vaut mieux ne pas trop compter sur son quotient intellectuel, il faut d’avantage compter sur son quotient tribal, son quotient relationnel, son quotient sexuel, et même son quotient financier. On peut ici gagner de l’argent en jouant à Zuma à longueur de journée, ou en lisant le journal en se roulant les pouces…Normalement, un tel pays à l’ère de la compétitivité, de la productivité, de la bataille des intelligences mondialisées ne peut pas tenir longtemps sans sombrer dans le chaos…Ha ! ça, c’est le raisonnement d’un citoyen de République Charcutière qui a été nourri à la mamelle républicaine…

Ici, chez nous, on a depuis longtemps sombré dans le chaos, mais on a fait mieux, on a normalisé ce chaos, et on tient la route ! C’est ça la marque de fabrique d’une République Cacaoyère : malgré le chaos, tenir debout, et à défaut de marcher en avant, marcher sur place. Oui, marcher sur place c’est d’une certaine façon, marcher. Le jour se lève, on marche sur place, on se couche, et le lendemain, la vie recommence. Dans le concert des nations, c’est comme aux Jeux Olympiques : l’important n’est pas de marcher pour avancer, l’important est seulement de marcher… même sur place.

Un chaos normalisé

La preuve que le chaos n’est jamais loin en Républiques Cacaoyères, c’est que même les résultats d’un concours d’une grande école sont toujours l’occasion d’un petit chaos : une liste, des candidats qui ont « réussi » qui dansent (oui, nous on aime danser, même pour une bière, on danse, a fortiori lorsqu’il y a l’espoir d’aller traire le lait de la vache à lait de la fonction publique), et hop ! une autre liste, avec des noms qui ont disparu. Un petit chaos qui a laissé K.O quelques destins de diplomates « cravate et trois pièces » sur le carreau. C’est ce qui s’est passé entre le 27 et le 28 février 2015 au Cameroun. Une liste de 15 admis a été donnée par le jury du concours d’entrée à l’école de formation des diplomates du pays (IRIC), et publiée, elle a été retirée pour une nouvelle liste du ministre de l’enseignement supérieur,  le fameux Jacques La Créature (heu, il a revendiqué ce nom, donc on le lui donne). Il faut dire que la liste de quinze personnes, était autant convoitée que la liste des gagnants d’un super loto. La comparaison n’est pas fortuite, d’autant qu’en République Cacaoyère, pour un concours de 30 places ou de 15 places comme à l’Institut des Relations Internationales du Cameroun (IRIC), il est courant d’enregistrer 5 000 candidats.

Ils ne se font pas d’illusion, parce qu’ils savent bien qu’avec une telle ruée, difficile de faire une sélection objective dans un environnement où l’accès aux fonctions publiques (réputées les plus stables), est une forme de garantie de jouissance des avantages de la mangeoire (le gâteau national). On est là en plein dans la compréhension du chaos normalisé de notre République Cacaoyère du Cameroun : un concours, ce n’est pas l’occasion de sélection des compétences pour faire marcher en avant le pays des buveurs de vin de palme et des cultivatrice de cacao, c’est juste un prétexte pour stabiliser cette cocotte-minute en distribuant quelques tickets de loto à une marée de prétendants à la mangeoire (cagnotte), et pour mettre tout le monde d’accord, sous le prétexte de « l’équilibre régional » (chaque grande famille tribale doit avoir sa part du gâteau), on en profite pour récompenser les roitelets administratifs, politiques, et tutti-quanti, originaires de chaque grande famille, en lui donnant la combinaison gagnante du loto pour les siens. Et la « cocotte minute », ce « chaos » se stabilise, et notre belle République Cacaoyère, à défaut d’avancer, continue quand même à marcher sur place. On vous l’a dit, c’est comme au JO, l’important n’est pas de gagner, l’important est de marcher (participer).

La Mangeoire nationale

Il y a des jaloux, des aigris, qui n’ont jamais gagné au loto national de la République Cacaoyère qui s’appelle « la Mangeoire » à travers des concours d’entrée dans de grandes écoles ;  ils aboieront partout encore en criant au scandale, à la promotion des « fils à Papa ».  Bon, ça, c’est pas bien grave, on sait comment les calmer, il suffit de les inviter à la fête qu’organiseront les admis, installer un robinet de vin de palme, et ils ravaleront vite leur venin contre notre « Chaos social normalisé ».

Ils sont géniaux nos grands fonctionnaires, ils ont compris que face à une demande exponentielle en tickets d’accès à la « mangeoire » nationale, le seul moyen de faire des gagnants, c’est de tirer au sort. Oui, mon frère, entrer dans une grande école publique en République Cacaoyère, c’est pas une question de mérite, c’est une question de chance. Si tu n’as pas le ticket gagnant, ben tu attends la prochaine fois, et si tu ne gagnes jamais, tu croise les doigts qu’un de tes frères gagne.
On va terminer en faisant parler Jacques La Créature, celui qui a visiblement réalisé en dernier ressort le tirage au sort des gagnants du loto de l’entrée à l’IRIC cette année (encore ?).  

Oui, de son innocente main, il a tiré au sort les heureux gagnants, Son Excellence Jacques, on vous écoute : « Vous savez, sous l’impulsion de sa Majestueuse Excellence Monsieur le Président, nous impulsons l’émergence universitaires dans le cadre des Grande Réalisations, dussé-je dire (il est comme ça Jacques, il aime les conjugaisons compliquée), de l’Emergence en 2035. Nous tirons donc au sort les meilleurs jeunes Camerounaises et Camerounais de toutes les régions du pays, sous le seul triptyque de la Connaissance-Reconnaissance-Appartenance… » Ha ! Jacques, on a compris, comme on dit chez nous en République Cacaoyère du Cameroun, votre main (qui a fait le tirage au sort), votre main « avait les yeux » !


*Un regard impertinent sur l'actualité socio-politique et culturelle du Cameroun et de l'Afrique. Histoires de Républiques Cacaoyères et de République Charcutière.
Pour lire/écouter ces chroniques, comme leur auteur, François Bimogo, il faut adorer les Républiques Cacaoyères.
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