Vincent-Sosthène FOUDA, Le procès Laurent Gbagbo – Côte d’Ivoire l’Afrique face à son destin, Paris, L’Harmattan, 2015, 100P
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Vincent-Sosthène FOUDA, Le procès Laurent Gbagbo – Côte d’Ivoire l’Afrique face à son destin, Paris, L’Harmattan, 2015, 100P :: AFRICA

« Après l’observation et les différentes pressions que nous avons qualifiées en leur temps d’agressions de forces étrangères contre le peuple souverain de Côte d’Ivoire, voici le moment de nous tourner vers nos homologues afin de présenter les faits historiques, sociaux et politiques pour une sortie de crise dans le respect de la légitimité que confère tout peuple souverain dans son expression du choix de ses dirigeants. Le document que vous avez entre les mains vise donc à vous éclairer sur la situation ivoirienne, mais surtout à mieux comprendre la volonté des peuples de Côte d’Ivoire. » C’est par ces deux phrases que s’ouvre l’avant-propos de l’opuscule que Vincent-Sosthène FOUDA socio-politologue consacre à Laurent Gbagbo et à l’ouverture de son procès à la Haye pour crime contre l’humanité.

1 Il pose avec clarté intelligence et précision les enjeux du procès de l’ancien président ivoirien. Ouvrage d’une apparente technicité, parce qu’il puisse dans l’histoire, dans l’anthropologie, dans les relations internationales et dans la philosophie les questions qu’il soulève. Il ne les effleure pas de doigts gantés bien au contraire, sous la plume de Vincent-Sosthène FOUDA, Laurent Gbagbo écrit à ses pairs d’Afrique et d’Amérique du Sud.

Le lecteur sera surpris de découvrir que cet ouvrage a une longue histoire et n’est pas véritablement « écrit » de la main de Vincent-Sosthène FOUDA comme il ne l’est pas de celle de Laurent Gbagbo mais il nait de la rencontre entre les deux hommes mus par leur formation réciproque et par leur passion commune pour l’Afrique. De Linas-Marcoussis au palais présidentiel d’Abidjan, l’universitaire écoute et prend des notes, il interroge et consulte afin de fournir au président ivoirien la matière dont il a besoin pour présenter la Côte d’Ivoire à ses homologues même si dès les premières lignes du livre, il sait qu’il a perdu le pouvoir. Qu’importe ! « Cette prise des armes du 19 septembre 2002 ne devrait cependant pas occulter la longue période d’instabilité institutionnelle que traverse le pays depuis le décès du président Félix Houphouët-Boigny. Une stabilité précaire qu’il convient aujourd’hui de relativiser, car un régime de parti unique et une gestion ferme de la mosaïque ethnique ivoirienne n'avaient toutefois pas permis au Président Félix Houphouët-Boigny d'éviter, durant un règne de plus de 30 ans, complots, soulèvements tribaux et contestations estudiantines. » (p. 16). Laurent Gbagbo présente donc une Côte d’Ivoire loin des clichés de touristes ou des géo-stratèges de la France Afrique, stable et unie autour du premier président Félix Houphouët-Boigny considéré pendant tout son règne comme « le sage d’Afrique ». Bien au contraire on voit bien avant sa disparation, un cycle d’instabilité s’installer progressivement et juste après sa mort, le premier ministre Alassane Dramane Ouattara et le président de l’Assemblée nationale Henri Konan Bédié (successeur constitutionnel) vont se battre pour le contrôle de la présidence de la république.

2 Nous sommes donc étonné et surpris par les origines de la crise qui vont de la contestation de l’ordre constitutionnel, la mise sur pied d’une rébellion, le soutien de la France d’abord sournoisement avec le couple Chirac-Jospin, Chirac-Dominique de Villepin et enfin plus ouvertement avec l’hyper président Nicolas Sarkozy qui n’hésite pas à affirmer sur le perron de l’Elysée alors qu’il reçoit « son ami Alassane Dramane Ouattara » qu’il est intelligent et il ne voit pas comment il ne sera pas président de la Côte d’Ivoire, jusqu’au soutien inespéré du Président américain Barack Obama influencé ou induit en erreur par Suzanne Rice représentante de l’administration américaine aux Nations Unies.

La Côte d’Ivoire aspire à demeurer une terre d’espérance ainsi que le proclame les mots de son hymne national ; la Côte d’Ivoire terre d’hospitalité africaine, souhaite conduire son destin avec ses filles et ses fils. Voilà pourquoi nous tendons la main à tous les artisans de paix afin de nous aider à construire notre grandeur parce que nous sommes tous rassemblés autant que nous

sommes pour bâtir la grandeur de notre pays, de notre continent. Ce sont les mots du président Gbagbo avant la prison de la Haye, sont-ils les mêmes aujourd’hui ? Le livre tente à poser les jalons du futur de la Cote d’Ivoire post Gbagbo et post-Ouattara, véritable base pour une réconciliation des hommes et des institutions d’un pays. On gagnerait à le lire et à le présenter avec les finalistes de National Politic’s book Award 2014. Il y a longtemps que les conceptions acquises du jeu politique en Côte d’Ivoire n’ont été aussi bousculées Vincent-Sosthène Fouda invite à un espace politique moins bavard et plus actif afin qu’il puisse trouver à nouveau force de proposition et s’éloigner définitivement d’une médiocrité décourageante.

© Correspondance : Virginie Robert attachée de presse L’Harmattan Virginie.robert@harmattan.fr http://www.editions-harmattan.fr Tél. 01 40 46 79 26

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