Le CL2P sur les droits économiques et l'optimisme cruel
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L’article de Matteo Maillard paru dans Le Monde du 6/8/2018 et intitulé «Un rapport de pointe sur les études internationales et libérales sur l’Afrique» est un autre exemple des recherches coûteuses et convaincantes qui finiront probablement à la poubelle, comme beaucoup auparavant.

Cet article a cependant le mérite de démontrer l’arrogance épistémologique, le triomphalisme, et de l’orgueil de l’élite cosmopolite mondiale et de la nécessité d’une rupture épistémologique radicale pour capturer de nouvelles formes de réseaux et d’institutions indépendantes d’apprentissage social et d’innovation qui sont entrain d’émerger au continent africain. Ce genre de connaissance est urgent surtout à un moment où les institutions de Bretton Woods et les politiques mondiales néolibérales ne sont plus crédibles, après avoir mené à la privatisation des États et à la montée des machines de guerre transformant la politique en nécropolitique. Pour aggraver cette réalité, la montée de l’isolationnisme et du populiste néo-fasciste d’extrême droite, avec leurs politiques illibérales, ont transformé de nombreux pays en forteresse et légaliser la fermeture des frontières. En conséquence, compliquer l’hégémonie des politiques néolibérales au détriment des politiques alternatives de base.

Ainsi, la tâche la plus importante est la condition de viabilité du changement social sur un continent encore dominé par des kleptocraties capitalistes d’État.

Les organisations de droits de l’homme, telles que le CL2P, comprennent que l’économie est également un processus subjectif, d’où l’importance de comprendre comment le sujet Africain est formaté. Ceci est important pour saisir le système de (création du) désir qui soutient l’architecture de l’économie mondiale, et qui est très racialisée. Comment ces hiérarchies raciales posent la question des Africains comme sujets désirables à une époque où l’économie mondiale est dominée par l’expression des formes de « blanchite ». Ce qui explique le travail d’érudits, tels qu’Abdul Maliq Simone, sur des pays africains, tels que le Cameroun, où l’élite idiote est redevable à de grandes institutions financières et à des intérêts particuliers, comme la Francafrique, et la vanité de cette élite imbécile qui a orienté toute l’économie nationale vers l’Europe où elle s’est en partie éduquée et continue à éduquer ses enfants, en y ayant accès aux infrastructures de santé, aux biens de consommation à profusion, et en imitant le mode de vie des riches et des célébrités européennes. Le résultat de cette vision délirante de la réalité est le manque de soin pour le bien-être des Camerounais ordinaires, qui vient s’ajouter ici au traumatisme colonial récurent de l’Élite locale aliénée qui ne voit pas ses propres terres comme des espaces de (possible) décolonisation et de libération.
Cette connaissance met l’accent sur la création de valeurs. Car après toutes les privatisations et les déréglementations, on nous dit de nous prendre en main. Ainsi, la seule barrière entre nous et le succès est notre propre mentalité et vous êtes traité avec mépris lorsque vous refusez d’agir comme un sociopathe ou un psychopathe pour réussir. De là découle l’idée que le discours dominant sur la pauvreté est erronée.

En effet le problème n’est pas que les pauvres aient de mauvaises mœurs – qu’ils sont paresseux, impulsifs et irresponsables et qu’ils n’ont aucune valeur familiale comme le laisse entendre la pensée néo-libérale à la mode- ou qu’ils n’ont pas les compétences et les références académiques nécessaires pour s’adapter à notre économie brillante du XXIe siècle. Le vraie raison est que la pauvreté est rentable. Ceci est démontré dans les travaux de Thomas Piketty et de ses collègues qui viennent de révéler que les 0,1% les plus riches du monde ont capturé autant de la richesse créée mondialement depuis les années 1980 que la moitié de la population adulte mondiale.

Par conséquent, alors que l’égalité des chances est puissante parce qu’elle fait appel à notre sentiment d’espoir, d’opportunité, et de possibilités – tout en créant les conditions nécessaires pour qu’elle se détériore: ce que le théoricien de la culture Lauren Berlant appelle « optimisme cruel ». Ces dernières années, toute une industrie de la mobilité sociale a été créée pour favoriser ces espoirs tout en travaillant contre eux sur le plan matériel.

L’universitaire Lauren Berlant a dans ce sens écrit un livre intitulé «Cruel Optimisme». Sa théorie est que l’optimisme cruel réside dans le fait qu’un fantasme sur la bonne vie empêche votre épanouissement dans la réalité. Cette sagesse doit résonner avec les gens ordinaires et la nécessité de s’attaquer à la possibilité réelle, plutôt qu’à la vie imaginaire. Ainsi, l’idée que le rêve capitaliste libéral vous empêche parfois de trouver un vrai bonheur ou un ajustement dans votre vie ou de reconnaître votre réalité.

D’où la prise de conscience que les droits de l’Homme et les droits économiques vont de paire et la nécessité de modifier les politiques pour garantir des droits fondamentaux tels que l’alphabétisation, les soins de santé, et les salaires décents.

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