SOIF DU POUVOIR : Quand Joseph Kabila parle à  Paul Biya
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En décidant de passer la main lors de la prochaine présidentielle à un de ses proches, le président de la République démocratique du Congo a évité l’escalade qui se préparait et a sagement lâché le pouvoir. Au contraire du Cameroun où l’homme du Renouveau, au pouvoir depuis 1982, est toujours en course pour un énième mandat le 07 octobre prochain.

La soif immodérée du pouvoir l’avait presque aveuglé. Mais sentant son sort scellé par un peuple qu’il a oppressé sans retenue, l’actuel président de la Rdc Joseph Kabila vient de lâcher prise. Pour une fois, il a choisi la voie de la sagesse. Il ne sera pas candidat lors du rendez-vous de décembre prochain. Conscient que les voyants sont au rouge et que le châtiment qui l’attend au bout du chemin sera des plus impitoyables, le fils du feu Laurent Désiré Kabila a opté pour un départ sans bain de sang. En effet, la colère des populations, la haine qu’il a lui-même attirée contre lui doublée des contestations multiformes venant de toutes parts, ont finalement eu raison de lui. Les acteurs politiques, la société civile et même l’Eglise ont prié pour sa fin de règne. Et comme une révélation qu’il reçoit en songe, l’homme à la barbiche blanche a cédé à la pression pour que Emmanuel Ramazani, candidat de la majorité et admis de tous, représente son bord.

Violences

Quoi qu’ayant servi dans son administration en qualité d’ancien ministre de l'intérieur et secrétaire permanent du Parti du peuple pour la reconstruction et la démocratie (Pprd, principale formation politique de la coalition au pouvoir). Un dauphin que personne n’a vu venir mais qui est le choix de toutes les forces réunies autour de Kabila pour mettre un terme aux violences qui ont lieu au pays depuis que le mandat du président sortant fait l’objet de multiples renvois par des arguments fallacieux. Le choix de la raison et l’audace de mettre son peuple à l’abri du carnage ont sûrement animé celui qui, dans certains milieux était assimilé à un dictateur vient ainsi d’ouvrir les portes de l’histoire dans un pays où le départ de ses prédécesseurs a toujours fait l’objet de coup d’Etat et des tueries aux élans de règlement de compte.

Son homologue au Cameroun reste en course pour tenter de conserver le pouvoir qu’il tient d’une main de fer depuis le départ d’Ahidjo le 06 novembre 1982. Il n’a pas l’intention de partir parce que Paul Biya aime le pouvoir et l’argument usité pour son maintien au forceps est « l’appel du peuple » confisqué par une certaine élite et rafistolé en l’absence de ce peuple muselé. L'information claire et nette. L’homme du Renouveau et son appareil ont du mal à s’imaginer hors du pouvoir au regard des privilèges et autres avantages liés à la fonction, d’où leur gymnastique ubuesque et les entourloupes qu’ils développent inlassablement pour demeurer à la mangeoire.

Le non respect des clauses contractuelles avec les acteurs politiques du changement à partir des années de braise, la violation constante de la constitution au sujet de la décentralisation et d’autres dispositions, la manipulation de l’opposition, l’interpellation et le broyage systématique de ses potentiels challengers sous la bannière l’assainissement des moeurs publiques au travers de l’opération Epervier, sont quelques clichés suffisamment éloquents.

Crise anglophone

Que dire de la crise anglophone ? Tableau sombre d’une guerre qui risque de plonger le Cameroun dans le chaos ! L’alerte donne froid au dos et sonne comme si le pays de Ruben Um Nyobe était sous une poudrière, pour ne pas dire sur un volcan. Mais ce cliché quoiqu’alarmiste, colle parfaitement à l’actualité qui se vit dans les régions du Nord-ouest et du Sud-Ouest. La crise qui y a débuté en octobre 2016, s’est transformée en conflit entre les forces de sécurité et des séparatistes de mieux en mieux armés qui luttent au nom de la minorité anglophone marginalisée. L’élan séparatiste va crescendo parmi les anglophones tandis que le régime de Paul Biya fait peu de cas des griefs historiques de la communauté.

La violence s’est répandue : plus de 100 civils et au moins 43 membres des forces de sécurité seraient morts au cours des sept derniers mois, ainsi qu’un nombre inconnu de militants armés. Des indices laissent penser que les séparatistes contrôlent des portions de territoire ; 34 000 personnes ont trouvé refuge au Nigéria dans des conditions précaires et environ 40 000 sont déplacées dans la région anglophone du Sud-Ouest.

Pire, de nombreux militants semblent considérer qu’ils ont intérêt à se battre pour être en position de force en cas de négociations avec le pouvoir de Yaoundé. L’Union africaine et les puissances occidentales ont appelé au dialogue. Le gouvernement reconnait la nécessité d’engager des pourparlers, mais rejette des propositions du cardinal Christian Tumi, pour un retour à la Paix. Traité de tous les noms d’oiseaux, lavé dans tous les marigots et marres sans que cela soulève la moindre vague d’indignation au sein de l’Eglise et du sérail, l’homélie de la sortie de crise est brocardé des politiciens qui se découvrent l’art oratoire funeste sur le tard. C’est dans cette atmosphère lourde que Paul Biya attend sereinement de se faire élire au soir du 07 octobre prochain. La messe est dite !

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