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© Cameroon Tribune : Propos Recueillis Par MESSI BALA
- 31 Jul 2018 09:00:53
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CAMEROUN :: James Mouangué Kobila : «Il s'agit d'auteurs d'actes de barbarie » :: CAMEROON
Est-ce concevable dans un Etat de droit que des individus ayant tué, assassiné, brûlé ou commis divers actes répréhensibles soient libérés sans être passés en jugement ?
L’humanité est en lutte contre l’impunité – dans tous les domaines – depuis la dernière décennie du siècle dernier qui a vu la mise en place de plusieurs juridictions internationales pénales ad hoc et de la Cour pénale internationale, l’avènement de juridictions pénales internationalisées et l’avènement de la compétence universelle qui, selon les dictionnaires de droit, confère aux juridictions étatiques la faculté de « juger des faits commis à l’étranger et ne présentant aucun lien de rattachement avec l’Etat » auxquelles ces juridictions appartiennent. Bien avant ce mouvement planétaire contre l’impunité, certains Etats avaient pris les devants, à l’instar des Etats-Unis d’Amérique, avec l’adoption de lois extraterritoriales comme le Foreign Corrupt Practices Act qui leur permettent de réprimer des crimes et délits commis par des étrangers à l’étranger.
Notre génération a surtout été témoin de la pression qui a été exercée sur le Sénégal pour juger l’ancien président tchadien, Hissène Habré. Cette pression a même emprunté les sentiers d’une action judiciaire de la Belgique contre le Sénégal devant la Cour internationale de Justice de La Haye, tranchée le 20 juillet 2012. La société civile internationale pousse des cris d’orfraie chaque fois que le juge… oui, le juge international par excellence qu’est la Cour internationale de justice a tranché dans le sens de l’application des immunités qui empêchèrent l’arrestation et les poursuites contre l’ancien ministre congolais (Kinshasa) des Affaires étrangères, Dombassi ou la saisie des biens de l’Etat Allemand en Italie en raison des crimes nazis. Et L’Union africaine (UA) a ouvert la voie à l’attribution de compétences à la Cour africaine des droits de l’Homme et des peuples pour juger des crimes internationaux (génocide, crime contre l’humanité et crimes de guerre).
Cet engagement a été concrétisé par l’adoption, en juin 2014, du Protocole de Malabo, qui vise à étendre la compétence de la Cour africaine de justice et des droits de l’homme aux crimes internationaux. Mais avant cela, en 2009, l’UA avait déjà pris la décision de renforcer la répression nationale des « crimes graves de préoccupation internationale ». Or, les crimes que vous mentionnez, perpétrés dans le Nord-Ouest et dans le Sud-Ouest par les sécessionnistes avec une violence parfois inouïe, rentrent dans cette catégorie.
Pensons aux images traumatisantes et malheureusement récurrentes de soldats et policiers égorgés vifs à la manière de Boko Haram ou de l’Etat islamique. Il est donc très difficile d’envisager la remise en liberté de ceux des auteurs de tels actes de barbarie et d’autres violations graves des droits de l’homme qui ont été appréhendés par les forces de sécurité, surtout lorsque que les mêmes actes continuent de se produire sur les différents terrains d’opération.
La proposition de la «conférence générale anglophone» prend-elle en considération les torts causés aux familles des victimes de ces différents actes terroristes ?
Le projet qu’il porte ne fait aucun cas des torts causés aux familles des victimes des terroristes qu’il se garde d’ailleurs de qualifier comme tels. Il est pourtant historiquement établi que les victimes exigent toujours que justice soit rendue. Le Cardinal Tumi ne fait pas non plus cas des mesures d’apaisement qui ont été prises par le gouvernement lorsqu’il a relâché des dizaines d’activistes de ces deux régions ni de l’aggravation de la situation qui s’est ensuivie.
Professeur, dans le contexte actuel, les sécessionnistes n’ont-ils pas à suivre l’exemple des repentis de la secte Boko Haram qui sont désormais réintégrés pour certains dans la société ?
Avant de se repentir, il me semble que nos frères du Nord-Ouest et du Sud-Ouest qui pensent que la solution à leurs problèmes se trouve dans la création d’un nouvel Etat auraient dû s’inspirer des indépendantistes catalans en Espagne qui réclament l’indépendance de leur région, mais qui n’ont jamais interdit aux enfants d’aller à l’école, qui n’ont jamais tué ni brûlé et qui n’ont jamais pensé qu’ils accéderont à une meilleure prospérité en brûlant les entreprises, les industries et les commerces, bref, en persécutant les investisseurs.
Cela dit, je soutiens fermement le point de vue d’après lequel les sécessionnistes ayant été les premiers à pren- dre les armes contre l’Etat en attaquant des commissariats et des brigades de gendarmerie et en brûlant les édifices publics et d’innombrables biens privés, meubles et immeubles pendant les manifestations de septembre et d’octobre 2017, si le cardinal Tumi et ses partenaires veulent construire la paix, qu’ils commencent par leur demander de déposer les armes et de mettre fin à toute forme de violence sur les populations.
Etant entendu qu’en aucun cas, les sécessionnistes ne sauraient être mis sur le même plan que les forces de sécurité régulières de l’Etat qui bénéficient, partout dans le monde, du monopole de la contrainte légitime pour protéger l’intégrité territoriale, l’ordre public et pour assurer la protection des hommes et des biens.
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