Sur le suicide électoral et politique des vingt partis dits de l'opposition au Cameroun
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Sur le suicide électoral et politique des vingt partis dits de l'opposition au Cameroun :: CAMEROON

Le 20 juillet 2018, une vingtaine de partis politiques sont allés boire le « Kool-Aid » que le régime de Biya leur a servi au cours des trente-six (36) dernières années et veulent prolonger plus que jamais sa longévité obscène à vie le 7 octobre 2018.

Cet acte de suicide électoral et politique est particulièrement inquiétant et vertigineux puisqu'il est mené par Me Jean de Dieu Momo, président du PADDEC, voulu défenseur des «Bepanda Seven», un groupe de jeunes garçons disparus probablement par l'escadron de la mort du régime dépêché à Douala en 2008 pendant une période tumultueuse de contestation où M. Biya a légalisé sa présidence à vie. Voilà comment on en est arrivé à des élections périodiques régulièrement ignorées par un segment important de la population camerounaise, sinon l'écrasante majorité de l'électorat. À cela s'ajoute le fait que le bassin de candidats qualifiés pour une fonction élective devient extrêmement superficiel, notamment, dans un contexte où des hommes politiques compétents et crédibles ont été systématiquement emprisonnés sous le couvert de lutte contre la corruption, comme le CL2P n'a pas cessé de le dénoncer preuves à l'appui.

À cet effet, Me Jean De Dieu Momo qui vient de rallier avec tambours et trompettes la candidature présidentielle du despote Paul Biya (86 ans, 36 ans de pouvoir absolu) incarne à merveille ces "Hommes politiques" camerounais (appartenant au régime en place ou à son opposition de façade) qui, à quelques exceptions près aujourd'hui, ne doivent absolument pas être approchés et considérés notamment hors des frontières du Cameroun, comme des femmes et des hommes de convictions qui seraient fréquentables car engagés en politique pour défendre les idées dans un but d'intérêt général.

En s'affichant à leurs côtés vous courez davantage le risque, ou d'être "piégé" comme l'a été récemment Mme Ségolène Royal en y laissant un peu de votre respectabilité; ou tristement d'y laisser votre vie en échange de quelques billets de banque ou de promesses de nominations voire d'autres minables honneurs et titres dont raffolent ces personnages sulfureux issus du sérail du Cameroun.

Ils peuvent de la sorte comme Me Momo, avoir pendant des années fait le tour des chancelleries occidentales et des institutions multilatérales - aidés pour ce faire par des ONG et les meilleurs groupes de pression - pour dénoncer les atrocités perpétrées par la dictature trentenaire de Paul BIYA. Puis dans un brutal retournement de veste - dont ils ont seuls le secret - entonner le vieux refrain du complot si cher au régime de Yaoundé, pour occulter les crimes contre l'Humanité qu'ils condamnaient quelques jours avant, ou défendre sans la moindre gêne la pérennisation de la présidence à vie qu'ils voulaient avec raison éviter au Cameroun.

Voilà pourquoi la méfiance doit hélas être de mise, chaque-fois que l'on EST confronté à un acteur public Camerounais.

Ce qui est le plus inquiétant chez les partisans de Biya, c'est qu'au lieu de souligner les grandes « réalisations » qu'ils disent faire pour le pays et de les célébrer, ils font une chose vraiment étrange : ils font une petite danse joyeuse quand le régime fait quelque chose de détestable, puis ils célèbrent la misère, notamment pour ce qu'elle se répande au sein de l'opposition légitime, la poussant à une extrême fragilité et précarité sociale, avec le risque d'achat des consciences. C'est pourquoi ils ne se soucient pas ni ne s'inquiètent de ce que fait Biya tant que cela rend quelqu'un d'autre misérable. Ça s’appelle faire une politique de sociopathes et de psychopathes. En effet, la politique au Cameroun a toujours été égoïste et cruelle. C'est le papa de la nation "toujours chaud gars" qui prétend qu'il sait tout. Tout cela est enchevêtré dans le dogme religieux, voire carrément sectaire et enrobé de mysticisme.

De plus, cet acte de suicide politique est une autre preuve que de nombreux Camerounais ne comprennent pas les enjeux des élections politiques. En effet les élections politiques sont le seul moment où les gens ordinaires peuvent exprimer leur pouvoir de rationalité et d'auto-gouvernance afin de donner une onction publique à une forme de gouvernement.

Les élections sont des processus sacrés car elles mobilisent le grand public pour créer de nouvelles réalités et un nouveau monde qui est le genre de Cameroun que nous voulons pour nos enfants. Ainsi, les élections ne sont pas le produit de processus égoïstes, la préservation des privilèges, la déférence envers l'autorité, et le dédain des masses. Au contraire, c'est l'occasion de réorganiser les institutions sociales pour acccéder au type de réalité que nous voulons. Ainsi, nous ne votons pas pour une personne, une famille, un clan, une tribu, une ethnie, un groupe d'intérêts particuliers. Nous votons pour le genre de Cameroun que nous voulons, qui commence par prendre au sérieux nos responsabilités envers les autres et nous-mêmes. Par conséquent, les élections ne sont par nature pas fétichistes et aliénantes, mais une période où toutes les possibilités sont envisageables, tous les espoirs d'un Cameroun meilleur permis..

Justement, les élections sont des processus collaboratifs, ce qui signifie que le vote est inconditionnel. Cette non-conditionnalité signifie une capacité de liberté, une capacité à exercer un jugement qui signifie avoir une mémoire pour comprendre les forces historiques du changement en jeu et les possibilités de concevoir l'avenir avec des principes utopiques. Cela signifie être un sujet historique et travailler ensemble pour un avenir collectif qui commence par changer notre réalité politique fondamentale.

Cela implique de tendre la main aux forces qui transcendent les considérations personnelles. Aussi personne, absolument personne, ne doit avoir un mandat perpétuel en jouant en permanence sur les peurs des peuples au détriment de leurs espoirs.

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